Tijuana célèbre les 100 ans de la salade César
Tijuana, à la frontière du Mexique et des Etats-Unis, célèbre les 100 ans d’un plat local qui a fait le tour du monde: la salade César, inventée dans un restaurant de la ville mexicaine d’après la plupart des historiens.
A la carte des bistrots de Paris comme des terrasses face aux plages de Miami, la salade César (ou Caesar) a été conçue dans l’urgence par un chef italien, César Cardini, qui avait ouvert un restaurant à Tijuana dans les années 1920.
D’après des historiens locaux, l’acte de naissance date du 4 juillet 1924 quand de nombreux Américains ont traversé la frontière pour célébrer le jour de l’Indépendance avec de l’alcool, impossible à trouver au nord du rio Grande avec la Prohibition en vigueur depuis 1920. Face à l’affluence de clients, en manque d’ingrédients, le chef italien a jeté dans un récipient en bois tout ce qui lui restait sous la main.
Un siècle plus tard, le restaurant Caesar’s de Tijuana, l’un des plus emblématiques de la ville, continue de préparer la salade en présence des clients de la même manière qu’il y a 100 ans. Les ingrédients sont invariables: laitue, huile d’olive, ail, moutarde, des poivrons frais, de la sauce anglaise, du citron frais et un oeuf dur. Le tout est jeté dans un récipient en bois de chêne, puis recouvert d’une couche de parmesan, raconte Efraín Montoya, actuel « maître saladier » au restaurant qui se trouve sur l’avenue de la Révolution.
En un siècle, la salade de César Cardini a intégré de nouveaux ingrédients comme les anchois, mais la base reste la même, affirme Claudio Poblete, auteur d’un livre présenté vendredi dans le cadre des festivités du centenaire. La salade est universelle parce qu’elle est préparée à partir d’éléments essentiels dans l’alimentation humaine, comme l’huile d’olive, le fromage et la laitue, affirme-t-il.
En plus du livre, une sculpture de deux mètres de haut à la mémoire de César Cardini a été dévoilée à l’entrée de l’hôtel-restaurant Caesar’s.
Tijuana est le poste-frontalier le plus fréquenté au monde. Dans des centres d’accueil, des milliers de migrants attendent un hypothétique titre de séjour aux Etats-Unis, après un voyage de tous les dangers (extorsion, chaleur, accident).
Immortalisée par une chanson de Manu Chao (« Bienvenue à Tijuana, tequila, sexe, marijuana »), la cité de près de deux millions d’habitants est l’une des villes les plus dangereuses du Mexique avec 1.400 homicides en 2023, contre 1.010 dans toute la France pour presque 68 millions d’habitants.
A des centaines de kilomètres, une autre ville-frontalière, Ciudad Juarez, revendique la naissance de la margarita, célèbre cocktail à base de tequila, dans un bar à quelques mètres du pont reliant les deux pays.