Se débarrasser du smartphone? «Nous avons besoin d’une profonde correction culturelle, et vite»
Selon le célèbre psychologue Jonathan Haidt, l’utilisation excessive des smartphones nuit gravement au bien-être mental et au développement des jeunes. Son cri d’alarme est-il justifié? Voici la réponse de plusieurs experts. «Tout ce qui demande du temps et de la profondeur est en danger de mort.»
Hausse des taux de suicide, augmentation des troubles dépressifs et anxieux, progression rapide des cas d’automutilation: le cerveau des jeunes semble s’assombrir à un rythme accéléré dans le monde entier. Et presque partout, les années autour de 2012 semblent être le point de basculement. Ce n’est pas une coïncidence, affirme le célèbre psychologue social américain Jonathan Haidt. Dans The Anxious Generation : How the Great Rewiring of Childhood Is Causing an Epidemic of Mental Illness, son dernier livre publié en mars (non encore traduit), il désigne la prolifération du smartphone comme le principal coupable.
«Mon point de vue, écrit-il, est que l’environnement numérique qui a pris forme il y a une douzaine d’années rend les jeunes malades et bloque leur développement jusqu’à l’âge adulte.»
Jonathan Haidt
«Une fois que les jeunes ont eu tout l’internet dans leur poche et qu’ils ont pu y accéder jour et nuit, cela a changé leurs expériences quotidiennes et leurs parcours de développement dans tous les domaines. L’amitié, les rencontres, la sexualité, l’exercice, le sommeil, l’école, la politique, l’identité, tout y est passé». Jonathan Haidt a résumé ses thèses dans un article publié dans le média américain The Atlantic. «Mon point de vue, écrit-il, est que l’environnement numérique qui a pris forme il y a une douzaine d’années rend les jeunes malades et bloque leur développement jusqu’à l’âge adulte. Nous avons besoin d’une profonde correction culturelle, et nous en avons besoin maintenant.»
L’article de Haidt est aussi impressionnant que dérangeant. Il étaye ses affirmations par des recherches scientifiques écrasantes et ne laisse que peu de place au doute. Son argumentaire est si convaincant qu’il donne envie d’interdire immédiatement l’accès au monde numérique à tous les enfants.
Mais est-ce vraiment nécessaire? Les conséquences de l’utilisation du smartphone sont-elles vraiment si dévastatrices?
Pour répondre à ces questions, nous nous sommes adressés à un certain nombre d’experts belges. Leurs commentaires permettent de conclure immédiatement qu’au moins une partie de l’analyse de Haidt ne peut être contestée. Au cours de la décennie précédente, dans de très nombreux pays, le bien-être mental des jeunes a soudainement commencé à décliner à une vitesse stupéfiante. La Belgique ne fait pas exception.
«Bien sûr, il y a encore beaucoup d’élèves qui semblent heureux, déclare Frederik Van den Broeck, professeur d’histoire à l’école Sint-Bavo de Gand. Mais je peux citer au moins huit élèves souffrant de graves problèmes mentaux. Bien sûr, lorsque j’ai commencé à enseigner il y a 20 ans, on était parfois confronté à ces situations, mais jamais à ce point. Il est vraiment effrayant de voir combien d’élèves – surtout des filles – sont aujourd’hui confrontés à des troubles alimentaires, à la peur de l’échec ou à des sentiments sombres.»
«Ce n’est pas une coïncidence si tant de jeunes sont aujourd’hui sur la liste d’attente d’un psychologue ou d’un psychiatre.»
Elke Geraerts, docteure en psychologie
«Nous sommes confrontés à un problème de taille, déclare Elke Geraerts, docteure en psychologie. Ce n’est pas une coïncidence si tant de jeunes sont aujourd’hui sur la liste d’attente d’un psychologue ou d’un psychiatre.» Mais ces problèmes sont-ils, comme l’affirme catégoriquement Jonathan Haidt, une conséquence du smartphone et de son omniprésence dans la vie des adolescents? «C’est aussi ce que je me suis demandé lorsque j’ai lu cet article, déclare Elke Geraerts. Pour prouver cette relation de cause à effet, il faudrait réaliser une expérience en laboratoire avec deux groupes d’adolescents, ce qui est évidemment impossible pour des raisons éthiques. Je suis encline à penser que d’autres facteurs entrent en jeu. Mais le smartphone pourrait bien être le plus important. Je ne peux pas imaginer qu’il n’ait pas d’impact, quand je vois à quel point les jeunes sont parfois accros.»
Boîte en peluche
Que les conséquences d’une utilisation excessive des smartphones soient plus importantes chez les jeunes que chez les adultes ne semble pas illogique à Elke Geraerts. «Le jeune cerveau est encore en plein développement jusqu’à l’âge de 25 ans environ. Ceux qui ont grandi sans smartphone ont développé plus fortement un certain nombre de voies neurologiques. Par exemple, un environnement sans smartphones est sans aucun doute plus propice au développement de la volonté, un facteur très important pour la santé mentale et la réussite future. Mais, comme je l’ai dit, d’autres facteurs peuvent également entrer en ligne de compte. Dans mon livre Mental Capital, je parle de la « boîte en peluche », une métaphore de l’environnement confortable et protégé dans lequel les jeunes grandissent désormais. En général, ils sont plus choyés aujourd’hui. C’est aussi la raison pour laquelle leur volonté est moins entraînée.»
Philippe Noens, pédagogue et maître de conférences en sciences de la famille (haute école d’Odisee), pense également que le smartphone n’est pas la seule explication de la baisse du bien-être mental chez les jeunes. «Bien-être diminuait déjà auparavant, mais à un rythme plus lent. Avant la généralisation du smartphone, cette tendance s’expliquerait principalement par la disparition des grands récits et l’individualisme croissant. Le fait que l’expression « bien-être mental » ait pris un sens plus large et que la stigmatisation qui l’entourait s’atténue lentement peut également jouer un rôle. C’est enfin un thème.»
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Une autre explication possible est l’ «hypothèse du stress scolaire», développée par le psychologue suédois Björn Högberg, explique Philippe Noens. «Selon cette hypothèse, les jeunes des pays dotés d’une économie de la connaissance sont plus stressés parce que l’importance des bons résultats scolaires y est plus grande. Des recherches menées dans 33 pays montrent qu’un niveau d’éducation plus élevé entraîne effectivement davantage de problèmes psychologiques chez les adolescents. Cela peut également expliquer pourquoi le bien-être mental des jeunes diminue en Europe et aux États-Unis, mais pas dans les pays moins prospères pour l’instant. Les problèmes mentaux sont aujourd’hui plus fréquents chez les jeunes femmes des pays riches. Les médias sociaux sont souvent cités comme coupables, et ils jouent certainement un rôle. Mais je ne sous-estimerais pas la pression des performances à l’école. Les filles et les jeunes femmes y réussissent généralement mieux, il n’est donc pas illogique qu’elles subissent également une plus grande pression de performance.»
Surmonter les angoisses
Le déclin du bien-être mental n’est qu’une partie de l’histoire de Jonathan Haidt. Il cite également des chiffres et des études qui montrent que les jeunes vivent plus longtemps avec leurs parents (c’est également le cas en Belgique), qu’ils sont moins susceptibles de nouer des relations et qu’ils sont généralement plus enclins à adopter un comportement peu porté sur la prise de risques. Selon Haidt, cette évolution est également due à l’omniprésence des smartphones et des tablettes. A cause desquels les enfants et les jeunes ont commencé à moins jouer physiquement. Or le jeu, selon lui, est crucial pour le développement. «Par le jeu, ils développent leurs compétences, surmontent leurs peurs, apprennent à évaluer les risques et à travailler ensemble pour faire face à des défis plus importants plus tard», écrit Jonathan Haidt. Les jeunes qui n’ont pas l’occasion de prendre des risques et d’explorer de manière indépendante deviendront, en moyenne, des adultes plus craintifs.
C’est là que Haidt touche un point essentiel, estime Elke Geraerts. «Dans notre cerveau, il existe ce que nous appelons un système de scouting, qui est particulièrement actif chez les enfants. Ils l’utilisent pour explorer, repérer, tâtonner – et ainsi construire leur image du monde. Ce système n’est guère sollicité par un enfant qui reste assis toute la journée devant un écran et se contente de pianoter. Les parents n’en sont pas assez conscients. Lorsque, après une conférence, des parents viennent me dire avec une certaine fierté que leur enfant pouvait swiper avant de savoir ramper, je me dis : « Vous auriez dû empêcher votre enfant de swiper pendant un certain temps. Il aurait alors pu ramper et commencer à explorer le monde plus tôt ».»
Plus de smartphone, moins d’aventure?
Grandir dans un environnement numérique rendrait donc les jeunes plus malheureux et moins aventureux. Mais selon Jonathan Haidt, d’autres conséquences sont encore plus dévastatrices. Une étude américaine montre que les jeunes passent aujourd’hui près d’une heure de moins avec leurs amis qu’avant 2010. Il ne fait aucun doute qu’ils compensent, du moins en partie, par des interactions virtuelles. Mais est-ce aussi utile ? Pas selon Jonathan Haidt. La communication virtuelle perd notamment la spontanéité des réactions et du langage corporel, avec tous les malentendus que cela implique. Mais surtout, selon l’Américain, la communication virtuelle est moins engageante. Les conversations ou les relations (amicales) virtuelles sont plus faciles à terminer et donc beaucoup plus jetables.
«Ce n’est qu’en dialoguant avec d’autres personnes que l’on se familiarise avec le monde et que l’on devient un être humain à part entière.»
«Je ne doute pas que les conversations et les relations non virtuelles aient généralement plus de valeur, reconnaît Philippe Noens. Je pense par exemple à une expérience menée par le philosophe néerlandais Hans Schnitzler. Chaque année, il demande à ses étudiants de se tenir à l’écart de l’environnement numérique pendant une semaine. En général, ils constatent alors une légère amélioration de leur sommeil et de leur concentration. Mais, à mon avis, ce qui est beaucoup plus important, c’est qu’ils déclarent également qu’ils sont plus susceptibles d’avoir de vraies conversations. En tant qu’éducateur, je pense qu’il s’agit là d’une observation particulièrement importante. Ce n’est qu’en dialoguant avec d’autres personnes que l’on se familiarise avec le monde et que l’on devient un être humain à part entière. Et ce dialogue n’est pas seulement soumis à des pressions dans l’environnement en ligne. Dans l’espace public aussi, nous rejetons constamment les gens. Peu d’enfants aujourd’hui feront encore l’expérience d’être aidés par un employé de guichet. Ils iront toujours au café, mais ils passeront leur commande par le biais d’un code QR.»
Ce dialogue humain se complique d’une autre manière. Selon Philippe Noens, une bonne conversation présuppose un monde plus ou moins partagé. «Mais contrairement à ce qui se passe à table, dans une salle de classe ou au sein d’un mouvement de jeunesse, le monde dans l’environnement numérique est différent pour chacun. En raison des algorithmes, ce que YouTube me présente est complètement différent de ce que YouTube présente à mon fils ou à mon voisin. Leurs sources d’information ne correspondent pas non plus aux miennes. Et oui, cela me semble problématique. Philippe Meirieu, un pédagogue français, parle dans ce contexte de nos environnements parentaux: les lieux où nous transmettons à nos enfants ce que signifie faire partie de l’humanité. Traditionnellement, ces environnements étaient la famille, la rue et l’école, où nous fixons des objectifs finaux et des objectifs de développement communs. Mais, selon M. Meirieu, avec la numérisation, un quatrième environnement est venu s’ajouter. Cet environnement parental en ligne diffère fondamentalement des autres environnements parce qu’il est pratiquement impossible d’y atteindre des normes, des idées ou des opinions communes. Cela conduit à la fragmentation. Et cela rend extrêmement difficile de partager ou de réaliser quoi que ce soit collectivement.»
Elke Geraerts livre une réflexion similaire. «Ceux qui sont constamment en ligne se noient dans un flot d’informations. Ils souffrent d’infobésité et n’ont plus de temps ni d’espace pour la profondeur et la réflexion. Plus encore, tous les processus qui nécessitent de la profondeur et du temps sont menacés de mort. Je parle de nouer des amitiés, de faire des recherches attentives et approfondies ou d’exercer son empathie en s’immergeant dans un roman ou un film. Il s’agit de regarder vers l’avenir, de s’inquiéter vraiment. Car ce sont précisément ces activités qui nous distinguent, nous les humains, des robots. Il s’agit de ce que j’appelle la différence entre l’intelligence artificielle et notre intelligence authentique.»
Interdiction du smartphone
Une question importante – certains diraient même la plus importante – n’a pas encore été abordée. Le smartphone a-t-il également un impact négatif sur les performances d’apprentissage ? Quiconque étudie les résultats de l’enquête PISA, qui compare les performances scolaires à l’échelle internationale au cours des deux dernières décennies, est enclin à le penser. Prenons par exemple les résultats en matière de lecture. Ceux-ci ont fait preuve d’une grande stabilité, tant en Belgique que dans les autres pays de l’OCDE. Mais à partir de 2015, ils ont commencé à chuter à un rythme de plus en plus rapide.
«La compréhension de la lecture est en effet de moins en moins bonne, déclare le professeur d’histoire Frederik Van den Broeck. Et je pense que c’est lié à la durée d’attention de plus en plus courte. Jonathan Haidt écrit dans son article que l’adolescent américain moyen doit traiter un peu plus de 200 messages par jour. J’ai l’impression que ce chiffre, comparé à celui de nos élèves, était encore assez bas.»
Comment réagir en tant qu’enseignant ? Frederik Van den Broeck se réfère à une carte blanche de Dominique Verbruggen, directeur de son école, paruz dans De Morgen. «Bien sûr, nous pensons nous aussi que les fonctions exécutives de nos jeunes ne se portent pas toujours très bien, écrit M. Verbruggen. En ce qui concerne la concentration, les choses se détériorent et le smartphone a certainement un impact négatif sur ce point.» Le directeur de l’école a néanmoins décidé de ne pas interdire complètement l’utilisation du smartphone. «L’interdiction ne s’applique que pendant les cours et le déjeuner. Je comprends cette décision », déclare Frederik Van den Broeck. Être raisonnable avec les médias numériques est l’une des compétences clés. On ne peut pas enseigner cela en interdisant les smartphones ou les ordinateurs portables. Mais dans la pratique, ces téléphones sont très difficiles à cadrer. Pendant les cours, il faut constamment vérifier si les élèves respectent l’interdiction. Certains élèves sont tellement attachés à leur smartphone qu’ils ne peuvent s’en passer pendant une heure. Pas plus tard que la semaine dernière, j’ai surpris un élève en plein travail sur l’iconoclasme. Cette élève est généralement très coopérative, et cette fois encore, il n’y avait pas grand-chose à critiquer dans son travail. Et pourtant, elle n’a pas pu s’empêcher de sortir son smartphone pendant un moment. « C’était un message très urgent », s’est-elle justifiée. Son regard montrait qu’elle le regrettait, mais qu’elle n’avait pas pu résister.»
«Le PDG de Netflix qualifie le sommeil de son plus grand concurrent. Cela en dit long sur la façon dont ces entreprises pensent.»
Philippe Noens, pédagogue
De telles histoires ne surprennent pas Elke Geraerts. «Les applis des réseaux sociaux sont conçues pour vous déconcentrer. Elles vous envoient constamment des notifications. Celles-ci vous donnent une dose de dopamine à chaque fois. Dès que cette dose se dissipe, vous en voulez une nouvelle. C’est ainsi que fonctionne la dépendance. Elle tue votre concentration et donc votre capacité de lecture.»
En outre, cette compétence est également mise à l’épreuve. Selon M. Noens, l’éducation se fait aujourd’hui en grande partie via un écran. «Je suis convaincu que cela a un impact sur la façon dont vous lisez. Le contenu de l’enseignement transmis par l’écran est conçu pour aller à l’essentiel le plus rapidement possible. Ce sont des présentations powerpoint plutôt que des textes. Cela demande une lecture différente, moins profonde. Cela doit avoir un effet d’entraînement sur la capacité à lire de manière exhaustive. Les recherches montrent que l’on se souvient moins bien de ce que l’on lit sur un écran. Cela me semble logique. Si vous lisez moins profondément, vous ne vous souviendrez pas aussi bien.»
Un droit à l’inaccessibilité?
«Nous avons besoin d’une profonde correction culturelle, et vite», écrit Haidt dans son article. Il formule immédiatement quelques propositions pour protéger les jeunes de l’influence néfaste de l’environnement numérique. Celles qui fonctionnent sans téléphone semblent toujours rapporter des améliorations, rendant les élèves plus attentifs en classe et plus interactifs.
Jonathan Haidt lance également un appel aux parents : ils devraient prendre conscience qu’ils exposent aujourd’hui leurs enfants à un âge bien trop précoce à «une expérience dont personne ne connaît le résultat». Elke Geraerts est tout à fait d’accord. «Je ne regretterais pas que nous passions à une culture où l’on vous regarde de travers si vous êtes occupé avec votre smartphone en présence de quelqu’un. Tout comme on vous regarde de travers si vous allumez une cigarette dans un espace public. Aujourd’hui, nous pensons qu’il est normal que les parents donnent leur smartphone à leur enfant dans un restaurant. C’est bizarre, parce qu’en fait, nous savons tous à quel point ces appareils créent une dépendance.»
Elke Geraerts n’exclut pas non plus que nous assistions aujourd’hui au début d’un changement d’attitude. Elle fait référence aux États-Unis, où les PDG de Meta, TikTok et Twitter ont récemment été interpellés par le Sénat au sujet des effets dévastateurs de leurs produits sur les enfants. Dans l’auditoire se trouvaient des parents d’enfants qui avaient été entraînés dans un trou noir par les médias sociaux et qui n’y avaient pas survécu. «Ce qui m’a particulièrement frappé, explique-t-elle, c’est que les démocrates et les républicains étaient animés du même zèle. Apparemment, dans cette Amérique si divisée, il existe un large consensus politique sur la nocivité et la nécessité d’une réglementation. Quant à savoir si cette pression politique aboutira à quelque chose, c’est une autre question. Au Sénat, le CEO de Meta Mark Zuckerberg a déclaré que son entreprise investissait déjà massivement dans la protection des enfants. Des paroles creuses, si vous voulez mon avis. Les algorithmes d’Instagram amènent encore les jeunes à voir des images d’automutilation. Si vous pouvez empêcher les images d’un téton de circuler, la même chose devrait être possible pour des images de ce genre.»
L’industrie s’autorégulera-t-elle ? «J’en doute, estime également Philippe Noens. J’ai lu que le PDG de Netflix considère le sommeil comme son plus grand concurrent. Cela en dit long sur la façon dont ces entreprises pensent. Elles sont constamment à la recherche de notre attention. Les adultes doivent déjà faire preuve d’une grande maîtrise de soi pour y résister, alors comment les enfants et les jeunes pourraient-ils y parvenir ? Les protéger me semble être l’une des tâches pédagogiques de ce siècle.»
Comment cette protection devrait-elle alors se présenter alors ? «Je plaiderais en faveur d’un droit à l’inaccessibilité, indique Philippe Noens. Un peu en-dessous du radar, vous voyez que les esprits commencent à mûrir à ce sujet. De plus en plus d’universités commencent à aménager des espaces où les signaux wifi ne passent plus. Vous pourriez étendre cela à d’autres lieux publics, comme les compartiments silencieux dans les trains. Le droit d’être laissé tranquille – d’être en mode hors ligne – devrait devenir une sorte de droit fondamental, comme l’assainissement, l’électricité ou l’eau potable.»
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