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Wegovy, le médicament anti-obésité autorisé en France: «Notre objectif est de l’introduire en Belgique également»

Mardi, le traitement anti-obésité Wegovy a fait son apparition sur le marché français. Mais les critères d’accès et surtout son prix exorbitant non remboursable laissent dubitatif. Pourra-t-on bientôt le voir sur le sol belge ?

Bonne nouvelle ? Ce 8 octobre, le Wegovy a fait sa première apparition dans les pharmacies françaises. Après l’Allemagne, la Suisse, ou encore l’Espagne, le médicament star anti-obésité, développé par le laboratoire danois Novo Nordisk, vient d’être commercialisé en France.

Ce traitement coupe-faim fait partie de la nouvelle génération des médicaments amaigrissants. Son principe actif est le sémaglutide. Il imite l’hormone intestinale GLP-1 qui stimule la sécrétion d’insuline et procure une sensation de satiété. Il s’agit de la même substance que son cousin, l’Ozempic, censé traiter le diabète mais dont l’utilisation a été largement détournée au profit des personnes en surpoids. Comme pour l’Ozempic, le Wegovy est administré sous forme de piqûre, avec un dosage progressif plus élevé.

Le médicament s’annonce prometteur puisque d’après l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), les patients perdraient plus de 12 % de masse corporelle au bout de 68 semaines. Les résultats d’un test clinique, publiés dans The New England of Journal Medicine fin 2023, montraient aussi une réduction de 20% de crises cardiaques, d’accidents vasculaires cérébraux ou de décès dus à une maladie cardiovasculaire.

Mais pas de hourra toutefois, l’utilisation du Wegovy reste très encadrée en France…
L’ANSM, qui suit les recommandations de la Haute autorité de la Santé, a fixé des règles strictes : le médicament peut être prescrit uniquement par un ou une endocrinologue ou nutritionniste, seulement pour des patients dont l’IMC (indice de masse corporelle) est supérieur à 35, c’est-à-dire en obésité sévère, et âgés de moins de 65 ans. Le traitement doit également intervenir en deuxième intention, c’est-à-dire pour les patients chez qui un premier traitement nutritionnel n’a pas fonctionné, en association à un régime alimentaire et une activité physique. Il ne sera pas non plus remboursé par la sécurité sociale.

«C’est vraiment surprenant qu’il y ait des critères aussi stricts pour permettre une prescription alors qu’il n’y a pas de remboursement», abonde le professeur Jean-Paul Thissen, endocrinologue aux cliniques Saint-Luc. D’autant plus qu’il y a un autre bémol de taille : le prix, fixé librement par Novo Nordisk. La firme l’estime entre 9 et 12 euros par jour, soit 270 à 360 euros par mois. En cela, «la majorité des gens vont donc préférer l’Ozempic», dont le prix ne s’élève qu’à une centaine d’euros, en déduit le praticien.

Quid de la Belgique?

Le Wegovy est autorisé depuis 2022 par l’Agence européenne du médicament et était déjà disponible dans quinze pays dont la Suisse, l’Allemagne, l’Angleterre ou encore les Etats-Unis. Quid en Belgique ? C’est la firme pharmaceutique qui décide de chaque pays où elle s’implante en faisant la demande aux autorités étatiques, indique Ann Eeckhout, porte-parole de l’AFMPS (Agence fédérale des médicaments et des produits de santé). Soit auprès du SPF Economie pour la Belgique, ainsi que de l’Inami concernant le remboursement. L’Institut national d’assurance maladie et invalidité informe «qu’aucune demande de remboursement n’a été introduite auprès de la Commission de remboursement des médicaments pour Wegovy.»

Du côté de Novo Nordisk, on balaie la question : «Notre objectif est d’introduire Wegovy en Belgique également, mais pour l’instant nous ne pouvons pas confirmer une date de disponibilité exacte», souffle la responsable de la communication de Novo Nordisk Belgique, Ekle De Blay.

Trépignation ? En Belgique, les patients obèses peuvent déjà bénéficier de l’Ozempic. Un arrêté royal pris en 2023 permet aux personnes dont l’IMC dépasse 35 d’avoir accès au médicament. 15 % des Belges sont en obésité (un IMC supérieur à 30), selon Sciensano

«Je pense que tous les médecins qui s’occupent d’excès de poids et tous les patients qui en souffrent attendent ce genre de molécule avec impatience», estime tout même le Professeur Thissen. «Les endocrinologues sont déjà débordés par les demandes pour Ozempic». Wegovy n’est pas le seul médicament de ce type dans les tuyaux. Il y a par exemple le Mounjaro, développé par le laboratoire Eli Lilly. D’après Testachats, la commercialisation de ce dernier est prévu pour 2025 par la firme.

Pascale Brughmans, qui vient de fonder Vox Obesity, une association pour faire entendre la voix des personnes obèses en Belgique, attend le Wegovy mais davantage le Mounjaro. En plus du GLP1, ce médicament imite aussi l’hormone GIP qui stimule la sécrétion d’insuline. «Avec ce double hormone, ça promet meilleure efficacité», appuie-t-elle. Chose pas encore prouvée. «On arrêtera de nous accuser de voler le traitement des diabétiques».

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