Vers un remboursement des soins psychologiques?
Le centre fédéral d’expertise des soins de santé (KCE) publie jeudi une étude sur un éventuel remboursement des soins psychologiques. Avec les résultats, le centre propose une prise en charge à « deux étages ». Le premier niveau serait généraliste et largement accessible tandis que le second interviendrait pour les soins spécialisés.
Le premier niveau, inspiré des projets pilotes de « psychologues de première ligne » menés en Flandre, serait ouvert à tous. Aucune prescription médicale ou critère ni de diagnostic, ni de gravité ne seraient requis. Le patient aura droit à un maximum de cinq séances avec des « psychologues spécifiquement formés à l’accueil et à la première prise en charge des problèmes psychiques les plus courants ». Le but serait d’évaluer le problème et donner un « petit coup de pouce professionnel qui pourrait sans doute suffire à retrouver plus d’énergie et de ressort ».
Le KCE indique que selon les chiffres de l’assurance maladie-invalidité Inami, en 2013, « entre un tiers et la moitié des nouvelles demandes d’indemnité invalidité » étaient dues à des troubles mentaux. Il s’agit d’une augmentation de près de 60% en 10 ans. La majorité des Belges passe par des moments de vie difficile qui se traduisent par de l’anxiété, du stress, des burn-out, etc. Ce genre de cas, s’il n’est pas pris en charge, peut s’installer dans la durée et être plus difficile à traiter.
Le second niveau interviendrait quand les cinq séances ne suffisent pas et qu’il existe un besoin de prise en charge plus spécifique ou de longue durée. Ici, une prescription médicale serait nécessaire. Le nombre de séances remboursées serait limité. Le KCE propose que ces soins soient délivrés à partir des services de santé mentale ou en collaboration avec ceux-ci.
Le centre fédéral s’est aussi penché sur le rôle des psychiatres dans cette prise en charge. La place et le mode de financement de leur profession ne seraient pas modifiés, mais les psychiatres « pourraient mieux y retrouver le rôle pour lequel ils ont essentiellement été formés, c’est-à-dire la prise en charge des pathologies mentales lourdes et/ou complexes ».
Cette réforme ne sera pas simple à mener, signale le centre fédéral. « Il faudra notamment former des intervenants en nombre suffisant, définir les critères de leurs formations spécifiques et accréditations, mettre en place les instances de régulation, etc. ». De plus, le financement d’un tel système est compliqué parce que la santé mentale dépend à la fois des niveaux fédéral et fédéré. Pour éviter l’apparition de deux systèmes parallèles, une concertation entre les différents niveaux de compétence sera nécessaire.
L’étude du KCE a analysé les systèmes existant à l’étranger et propose une adaptation à la réalité belge. Elle a été demandée par l’Inami, le SPF Santé Publique et une association professionnelle de psychologues.