Variole du singe
Yves Coppieters et Steven Van Gucht font le point sur la variole du singe en Belgique.

Variole du singe en Belgique: « On ne va pas l’attraper au café ou à l’école, comme le Covid »

Plusieurs cas de variole du singe ont été détectés en Europe, dont deux en Belgique. Une nouvelle épidémie est-elle à craindre ? Yves Coppieters rassure, Steven Van Gucht observe une évolution.

La variole du singe, « monkeypox » en anglais, est une zoonose (maladie transmise par un animal) endémique d’Afrique de l’Ouest. Trois cas ont été confirmés en Belgique, des dizaines d’autres ont été repérés à travers l’Europe et en Amérique du Nord. Notamment en Espagne et au Portugal, qui ont déclenché l’alerte sanitaire nationale.

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Ses symptômes sont la fièvre, le mal de tête, les douleurs musculaires, le mal de dos, les ganglions lymphatiques enflés, des frissons et de la fatigue. Des éruptions cutanées peuvent survenir, souvent sur le visage, et se répandre à d’autres parties du corps dont les parties génitales. Il n’existe pas encore de traitement contre cette maladie, mais elle se guérit généralement d’elle-même.

Malgré ce que son nom semble indiquer, ce n’est pas le singe qui transmet cette maladie à l’humain : l’OMS estime que des rongeurs en seraient le réservoir naturel le plus probable. Le nom de variole du singe, « monkeypox » en anglais, vient du fait qu’elle ait été découverte pour la première fois chez des singes de laboratoire.

Une épidémie de variole du singe ?

Yves Coppieters, médecin de santé publique spécialisé en épidémiologie (ULB), se veut rassurant : « Sur la quarantaine de cas détectés en Europe, on pense qu’une dizaine d’entre eux ont été importés d’Afrique. Ce qui est tout à fait logique puisque la variole du singe est une zoonose. Les transmissions inter-humaines qui ont eu lieu au Royaume-Uni, par exemple, sont tout à fait exceptionnelles et ne donneront pas suite à une chaîne de transmission comme on a pu le voir pour le Covid ou d’autres virus. »

Les propos de l’épidémiologiste ont été recueillies en matinée du 19 mai. Depuis lors, on compte de nouveau cas en Europe et en Amérique du Nord. L’OMS se dit concernée par les transmissions inter-humaines de ces dernières semaines. Elle a annoncé qu’elle collaborait avec les autorités britanniques pour étudier ces transmissions, notamment dans les communautés homosexuelles.

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Steven Van Gucht, chef du département des maladies virales à Sciensano, observe une évolution dans les transmissions inter-humaines : « On voit une transmission inter-humaine qui est peut-être plus prononcée que dans le passé. Ce n’est pas nécessairement inquiétant, je pense toujours que c’est un virus qui demande un contact étroit, au sein d’une famille par exemple. On va pas l’attraper au café ou à l’école, comme le Covid. »

Yves Coppieters ajoute : « Il y a certainement déjà eu des cas sporadiques de variole du singe en Europe. Mais aujourd’hui, c’est parce qu’on a des systèmes de surveillance de plus en plus performants qu’on arrive à les identifier. »

Plusieurs dizaines de cas avaient déjà été déclarés aux États-Unis en 2003 après l’importation de 800 petits mammifères depuis le Ghana, personne n’avait été tué. Selon la souche, le taux de mortalité causée par la variole du singe peut atteindre les 10% en Afrique (un chiffre trop élevé selon Steven Van Gucht). Il s’explique par le manque de prise en charge et les accès limités aux soins de santé dans ces régions. Selon Yves Coppieters, ce taux devrait rester très proche de zéro en Europe.

Steven Van Gucht conclut : « C’est un virus très peu étudié, il y a encore des choses à apprendre dessus. Mais je pense qu’avec une bonne sensibilisation et quelques mesures ciblées (comme l’isolement en cas de symptômes), on peut facilement le contrôler. »

Des mesures prises

Le groupe d’experts du Risk Assesment Group (RAG) s’est réuni ce vendredi vers midi pour discuter d’une approche belge contre la propagation du virus, a indiqué l’Agence sanitaire flamande. Voici ce qui a été décidé :

Tout d’abord, les personnes infectées doivent être isolées pendant 21 jours, car le virus a une longue période d’incubation.

Ensuite, toute personne présentant des symptômes doit se rendre au service des urgences d’un hôpital, où un triage sera effectué.

Les contacts à haut risque ne sont pas tenus de se placer en isolement mais doivent rester vigilants afin d’identifier les premiers symptômes. Les contacts à haut risque comprennent les colocataires de la personne infectée, les partenaires sexuels, les personnes qui ont été en contact étroit et les professionnels de la santé qui ont soigné le patient. Le Risk Assessment Group (RAG) recommande également aux contacts à haut risque de redoubler de prudence avec les personnes à immunité réduite, les femmes enceintes et les enfants.

Victor Broisson

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