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La proportion d’accouchement après une fécondation in vitro ou d’une insémination artificielle, par rapport au total des naissances, est plus élevé à Bruxelles qu’en Wallonie. © imageBROKER/Margarita Borodina

Une grossesse sur 20 médicalement assistée à Bruxelles: pourquoi les PMA y sont plus fréquentes qu’en Wallonie

Thomas Bernard
Thomas Bernard Journaliste et éditeur multimédia au Vif

Plus de 5% des grossesses à Bruxelles résultaient d’une fécondation in vitro ou d’une insémination artificielle en 2023. C’est plus qu’en Wallonie, en lien avec des facteurs socio-démographiques, notamment l’âge des femmes souhaitant tomber enceinte. Les traitements ne peuvent pourtant pas toujours faire de miracle et l’âge reste le facteur clé, rappellent les centres PMA.

Le recours aux techniques de procréation médicalement assistée (PMA) ne cesse d’augmenter un peu partout en Europe, note le centre belge d’épidémiologie périnatale, dans l’un de ses derniers rapports. En Belgique, parmi les pays pionniers en matière de PMA, les femmes se tournent également fréquemment vers ces aides à la procréation, avec des nuances selon les régions du pays.

En région bruxelloise, les derniers chiffres rendus publics montrent une évolution notable du pourcentage de grossesses dépendant d’une fécondation in vitro (FIV) ou d’une injection intracytoplasmique de spermatozoïdes (ICSI), soit une insémination artificielle, entre 2015 et 2023. Depuis deux ans, les naissances après un parcours PMA dépassent désormais 5% du total des accouchements dans la capitale. Une grossesse sur 20 est donc médicalement assistée. La Wallonie se situait légèrement en-dessous en 2023 (4,1%), et surtout en 2022 (3,5%), après avoir traversé une longue période de stabilité, entre 2014 et 2021.

«Une partie de l’explication se trouve dans les caractéristiques de la population, avec une moyenne d’âge des mères plus élevée à Bruxelles. Comme les femmes sont plus âgées, leur fertilité est moindre et elles doivent donc plus souvent recourir à la PMA», note Candice Autin, cheffe de clinique au centre PMA du CHU Saint-Pierre.

L’âge des mères à la naissance du premier enfant atteint en effet 30,7 ans à Bruxelles contre 29,1 en Wallonie. Dans le détail, les accouchements par des femmes de 35 ans ou plus est de 31% du total dans la capitale, contre 21,4% dans le sud du pays. En zoomant uniquement sur les mères de 40 ans ou plus, la différence est encore plus nette, passant de 4,2% en Wallonie à 7,3% du total pour Bruxelles, en 2023 toujours.

L’attrait de Bruxelles et sa proximité

Des facteurs socio-économiques peuvent également intervenir, pointe Valérie Luyckx, gynécologue au grand hôpital de Charleroi et gestionnaire de la banque de matériel corporel humain. «La disparité financière entre les régions peut avoir un impact sur la capacité des couples à affronter leur parcours PMA. Il y a également les trajets à prendre en compte, car il y a pas mal de rendez-vous à assurer. Au cours d’un projet, ce sont des éléments qui peuvent faire réfléchir les personnes désireuses d’avoir un enfant.»

Bruxelles bénéficie ici nettement d’une plus forte concentration de centres spécialisés sur un territoire réduit, facilitant l’accès pour les patientes locales, mais pas seulement. Certaines femmes choisissent spécifiquement d’accoucher à Bruxelles sans y résider. C’était le cas pour trois femmes sur dix en 2023. «Une proportion non négligeable qui peut influencer certains indicateurs», souligne le centre d’épidémiologie périnatale. Ces mères proviennent principalement du Brabant flamand (19,6 %) et du Brabant wallon (4,4 %).

La Belgique, et Bruxelles en particulier, attire également en dehors des frontière. La durée des parcours PMA en France, notamment, amène certaines femmes à se tourner vers le plat pays pour mener à bien leur projet plus rapidement. Elles n’y accouchent par contre pas forcément.

Rattrapage et horloge qui tourne

La hausse des pourcentages de PMA ces dernières années est probablement le fait d’un petit rattrapage après la période Covid. «Certaines de mes patientes en projet PMA ont abandonné temporairement celui-ci, tandis que d’autres ont été forcées de postposer leurs traitements, lorsque les centres ont fermé au plus fort de la crise, explique Valérie Luyckx. Certaines patientes ont également été enceintes spontanément durant cette période. Le mode de vie différent a peut-être permis à certains de se retrouver davantage, notamment dans l’intimité.»

Si l’aide médicale est parfois vue comme une recette miracle pour affronter certaines difficultés, ou essayer de rattraper le temps perdu, les deux gynécologues tiennent le même discours sur l’importance de l’âge. «C’est le premier critère de réussite d’une PMA, martèle Candice Autin. Les traitements ne changent pas l’âge des œufs et l’âge de la ménopause ne recule pas. J’ai des patientes qui me demandent d’arrêter de parler de leur âge, parce qu’elles connaissent quelqu’un dans leur entourage qui a réussi à avoir des enfants après 45 ans. Mais ce sont des exceptions. On oublie toutes celles chez qui ça n’a pas fonctionné et qui ne se retrouvent pas dans les statistiques.»

«Ce sont toujours des discussions complexes, abonde Valérie Luyckx. La congélation des ovocytes est une solution pour préserver la fertilité, mais elle reste onéreuse. Elle permet d’apporter un peu de sérénité à celles qui ne sont pas prêtes à avoir un enfant immédiatement. L’idéal c’est d’avoir entre dix et quinze ovocytes congelés pour maximiser les chances. Et c’est aussi un message à faire passer, parce que la PMA ne garantit jamais un taux de réussite à 100%

Des données à garder en tête dans le contexte actuel, alors que l’âge de la première grossesse ne cesse d’augmenter un peu partout.

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