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Une étude «antivax» menée par des oncologues pédiatriques suscite un tollé

Rien Emmery Journaliste Knack

Un article rédigé par des cancérologues pédiatriques néerlandais a été accueilli avec enthousiasme par la communauté antivax. Mais il s’est avéré que tout était faux.

L’une des publications scientifiques récentes les plus discutées est probablement un article paru dans la revue BMJ Public Health. Trois oncologues pédiatriques néerlandais et un «chercheur indépendant» inconnu y discutent de la surmortalité au cours de la période 2020-2022. Les auteurs n’avancent pas d’explications, bien qu’ils pointent très clairement du doigt les vaccins anti-Covid et les mesures sanitaires comme étant la cause des décès.

Le journal britannique The Telegraph a publié un article sur la publication intitulé: «Les vaccins anti-Covid ont peut-être contribué à l’augmentation du nombre de décès». Cet article a suscité la joie des antivax et des vaccino-sceptiques, qui affirmaient depuis des années que les vaccins anti-Covid étaient dangereux. Enfin, il semblait que les «médias de masse» parlaient du sujet. La digue était rompue!

Des articles de presse erronés

Cela n’a pas duré longtemps. Le 6 juin, le comité éditorial du BMJ a publié une déclaration déplorant le «mauvais article» du Telegraph : «La recherche ne soutient pas l’affirmation selon laquelle les vaccins représenteraient un facteur majeur contribuant à la surmortalité depuis le début de la pandémie. Au contraire, les vaccins ont joué un rôle important dans la réduction des maladies graves et des décès […]».

Peu après, le Centre Princesse Maxima d’oncologie pédiatrique, où travaillent trois des chercheurs, a également pris ses distances avec la publication. Le 12 juin, la fondation néerlandaise World Child Cancer a diffusé un communiqué de presse déplorant d’avoir été «citée à tort comme bailleur de fonds» dans l’étude.

Copie flagrante

L’étude elle-même présente des lacunes. L’article n’accorde par exemple que peu d’attention au coronavirus en tant que cause de surmortalité. Au contraire, les auteurs doutent de la fiabilité des taux de mortalité officiels. Ils appellent à des recherches supplémentaires, mais ne mentionnent pas les publications montrant que la surmortalité est largement corrélée aux vagues successives de Covid-19. De longs paragraphes sont consacrés aux effets secondaires des vaccins et aux mesures sanitaires. Ils font régulièrement référence à des publications controversées de vaccins sceptiques.

Le statisticien israélien Ariel Karlinsky qualifie l’article de «copier-coller flagrant» de son travail – le World Mortality Dataset – avec des passages recopiés «presque mot pour mot et trompeurs». Il a demandé à la revue de retirer l’article, d’ouvrir une enquête et de présenter des excuses.

Le BMJ lui-même a fait part de sa «préoccupation» vis-à-vis de l’article le 13 juin, en posant des questions sur «la qualité et le message» de l’étude. Les auteurs doivent maintenant répondre à ces questions. Il est probable que la publication soit retirée par la suite.

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