Un rhume pourrait nous protéger temporairement du covid
Les virus interagissent entre eux, et pour certains se font concurrence. Ce serait notamment le cas pour les virus du rhume et du covid. Et si le rhume inhibait la réplication du covid ?
Les muqueuses respiratoires humaines sont le terrain de jeu de nombreux virus. Jusqu’à présent, la grippe et le rhume étaient les infections les plus courantes en hiver. Désormais, le covid fait lui aussi partie des menaces hivernales. Bien qu’ils aient tous le même objectif, à savoir infecter les cellules du système respiratoire, ces virus ne collaborent pas. Au contraire : la présence des uns peut contrecarrer le plan des autres !
Et si la crise actuelle semble indiquer que le SARS-CoV-2 est plus « puissant » que ses deux rivaux, des chercheurs ont découvert que le covid n’est finalement pas le champion de cette « compétition ». Plus mortel et plus contagieux, le covid n’arrive néanmoins plus à se répliquer lorsque le rhinovirus humain (NDLR : le rhume) est présent. C’est en tous cas ce qu’ont démontré les virologues de l’université de Glasgow qui ont étudié les interactions entre ces deux virus.
Le rhume, pas apte à la colocation
Il faut voir les cellules du nez, de la gorge et des poumons comme une rangée de maisons. Lorsqu’un virus pénètre à l’intérieur, deux options s’offrent à lui : soit il laisse la porte ouverte et laisse entrer d’autres virus colocataires, soit il ferme la porte à double tour et empêche d’autres virus de venir s’y installer.
Il y a eu de nombreuses spéculations sur la façon dont le Sars-CoV-2 s’intégrerait dans ce monde encore trop peu connu des interactions entre virus. Pour en savoir davantage à ce sujet, il fallait donc confronter le covid à un autre virus respiratoire : le rhinovirus humain. Mais pourquoi choisir le rhume ? Le rhume est un locataire égoïste, et s’entend rarement avec les autres virus, en particulier le virus influenza A.
Une étude réalisée en 2009 a montré que la propagation du virus grippal a pu être interrompue par l’épidémie annuelle de rhinovirus d’automne. Et inversement : d’autres études ont également noté une diminution notable des cas d’infection par les rhinovirus durant le pic épidémique de la grippe.
Le covid, bloqué à la porte
Comme pour les virus de la grippe A, les scientifiques ont voulu connaître la nature des interactions entre le covid et le rhume. Pour ce faire, l’équipe du Center for Virus Research de Glasgow a utilisé une réplique de la muqueuse des voies respiratoires (NDLR : l’épithélium respiratoire), constituée des mêmes types de cellules, et l’a infectée avec le covid et le rhinovirus.
Comme les virus infectent rarement au même moment l’organisme, les scientifiques ont testé deux conditions : le SARS-CoV-2 infecte en premier les cellules, suivi du HRV-16 24 heures plus tard, et inversement.
Lorsque le covid était le premier à infecter les cellules épithéliales, il commençait son cycle normalement. Mais après injection du rhinovirus, les scientifiques ont remarqué une baisse progressive de la quantité de particules virales du covid. A contrario, si le rhinovirus avait une longueur d’avance de 24 heures, le covid ne parvenait pas à se répliquer après inoculation. Cette expérience démontre donc que la présence du rhinovirus altère la réplication du covid.
Néanmoins, cette protection n’est que temporaire. Les recherches ont montré que le covid pouvait à nouveau provoquer une infection une fois le rhume passé et la réponse immunitaire calmée.
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Pourquoi une telle interférence ?
Des scientifiques avaient déjà émis une première hypothèse pour expliquer ce phénomène lors de la confrontation entre la grippe et le rhume. Quand le virus de la grippe attaque les cellules des voies respiratoires, l’immunité innée se met en marche. Il se déclenche alors une tempête d’interférons pour contrecarrer l’infection virale.
La même réaction se produirait avec le covid, cette réponse défensive provoquée par le rhume serait même plus intense et rapide que celle provoquée par le covid. Les scientifiques pensent en effet que les interférons induits par le rhinovirus empêchent le covid de s’établir dans les cellules respiratoires.
S’il ne s’agit pas là d’une solution pour se débarrasser du covid, cette nouvelle étude est un bel exemple de la complexité des interactions virus-virus.
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