Les téléconsultations, c’est fini dès le 15 février. Au grand dam des médecins généralistes. © Getty Images

«Un recul historique»: pourquoi la fin des téléconsultations suscite l’émoi chez les médecins

Elise Legrand
Elise Legrand Journaliste

Dès le 15 février, les téléconsultations ne seront plus remboursées par l’INAMI. Une décision «irresponsable», selon les médecins, qui craignent une augmentation de leur charge de travail et une dégradation de la qualité des soins.

Plus de 5,6 millions. C’est le nombre de téléconsultations facturées par les généralistes belges en 2023. Un chiffre en forte hausse depuis la pandémie de Covid-19, qui a révolutionné un large pan des pratiques médicales. Pourtant, ces consultations par téléphone appartiendront bientôt au passé.

Dès ce samedi 15 février, leur remboursement prendra en effet fin, faute d’accord entre l’INAMI et les syndicats médicaux. Jusqu’à présent, ces consultations n’étaient pas facturées au malade au bout du fil, mais directement à l’INAMI, qui octroyait un défraiement d’environ 9 euros au médecin selon les cas et le statut du patient concerné. Mais le Comité de l’assurance des soins de santé souhaite réformer le cadre légal qui régit la pratique, en raison d’abus présumés de certains médecins. En effet, une poignée de généralistes dépasseraient les 1.000 (voire les 10.000) téléconsultations annuelles, faisant peser un poids financier non négligable sur le budget de l’INAMI. Dans l’attente de cette réforme, le remboursement est supprimé, à tout le moins jusque fin juin 2025.

Une «arme importante»

Pour l’ABSYM (Association Belge des Syndicats Médicaux), cette décision «contre-productive» engendrera en réalité un report de la charge sur les cabinets médicaux, qui verront affluer davantage de patients pour des consultations physiques ou à domicile. La mesure alourdira dès lors le budget de l’INAMI, malgré des économies promises à hauteur de 68 millions d’euros en 2025.

Le couperet tombe alors que les généralistes, confrontés à une virulente épidémie de grippe, font face à une surchage de travail importante en cette fin d’hiver. «Cette suppression du remboursement n’arrive vraiment pas au bon moment, regrette Lawrence Cuvelier, président du syndicat des médecins généralistes de Belgique francophone (GBO/Cartel). On va perdre une arme importante qui permettait de nous décharger au quotidien.»

Introduites durant la crise sanitaire, les téléconsultations sont en effet devenues un outil essentiel pour assurer une prise en charge médicale rapide, notamment pour les patients en zone rurale, à mobilité réduite ou nécessitant un suivi médical régulier. En outre, elles permettent un désengorgement des salles d’attente et limitent la prolifération de microbes. Plus de 77% des généralistes belges y avaient ainsi recours en 2023, ponctuellement ou non.

Exception pour les consultations vidéo

Pour l’ABSYM, cette suppression s’apparente ainsi à un «recul historique» pour le système de santé belge, déjà confronté à une criante pénurie de praticiens. «Cette décision menace l’accès aux soins et la qualité de la prise en charge des patients», déplore l’Association, qui appelle ses membres à la mobilisation pour réintroduire les téléconsultations dans un «cadre simplifié, rationnel et efficient.»

A noter que seules les consultations par téléphone sont visées par cette mesure. Les consultations par vidéo, elles, continueront d’être remboursées, selon des règles déjà bien définies.

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