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Un antidiabétique peut-il faire maigrir en toute sécurité ?

Deux médicaments antidiabétiques connus de longue date, le liraglutide (commercialisé sous le nom de Victoza) et le semaglutide (Ozempic), ont récemment fait parler d’eux à cause de leurs «vertus» amincissantes . Ces deux médicaments, qui n’existent que sous forme injectable, ont un effet secondaire inattendu :  ils font perdre du poids grâce à leur effet coupe-faim. Mais est-ce réellement sans danger ?

Les sociétés pharmaceutiques à l’origine de ces médicaments n’ont pas hésité à approfondir autour de ce fameux effet amincissant. Ils ont conclu que le liraglutide et le semaglutide peuvent tous deux être administrés en toute sécurité à des personnes en grave surpoids qui ne sont pas du tout diabétiques. Le traitement ne perturberait pas leur équilibre glycémique, mais il entraînerait bel et bien une perte de poids.

Les producteurs pharmaceutiques ont donc soumis à l’Agence européenne des médicaments une demande d’autorisation d’utilisation du liraglutide et du semaglutide pour le traitement de l’obésité sans diabète. Celle-ci a depuis donné son feu vert, ouvrant la voie aux médecins pour prescrire également Victoza et Ozempic pour faire maigrir. En Belgique, il n’est cependant pas remboursé pour cet usage. Les patients paient donc le prix plein (environ 100 euros par mois, sans compter les consultations avec le médecin qui doit injecter le médicament). Les injections ne peuvent également être prescrites qu’aux personnes ayant un indice de masse corporelle (IMC) supérieur à 30, ou supérieur à 27 s’il est associé à des « troubles liés au poids », c’est-à-dire des maladies qui s’améliorent avec la perte de poids, comme l’apnée du sommeil ou l’arthrose.

Pour rappel, l’IMC exprime le rapport entre votre poids et votre taille. Pour connaître votre IMC, il faut simplement en diviser son poids (en kg) par le carré de la taille (m). On estime qu’environ un adulte sur six a un IMC supérieur à 30.

Un effet variable

L’effet amincissant des injections est variable. Les injections de liraglutide entraînent une perte de poids de 5 % chez 60% chez des utilisateurs obèses, à condition qu’ils modifient également leur mode de vie. Cela signifie que pour une personne mesurant 1,70 mètre et pesant 120 kilogrammes (IMC = 41,5), le liraglutide permettra de faire descendre son poids à 114 kilogrammes. La personne reste donc obèse, mais un peu moins. Si vous faites partie des chanceux, vous pourriez descendre jusqu’à 108 kilos.

Un patient obèse traité au semaglutide perd en moyenne 10 à 15 % de son poids, ce médicament fait donc un peu mieux. La même personne pesant 120 kg perd environ 18 kg avec le semaglutide (toujours en association avec un mode de vie adapté).

Aux Pays-Bas, le semaglutide est remboursé pour le traitement de l’obésité. Le professeur Rutger Middelburg, épidémiologiste clinique à l’université de Leiden, a examiné en détail les études sur le semaglutide. Le sémaglutide a certainement un effet sur le poids », confirme-t-il au téléphone, « mais vous devez changer votre mode de vie. Les gens y parviennent généralement mieux dans les études que dans la vie réelle. Ce que les études montrent aussi, malheureusement, c’est que l’on reprend du poids dès que l’on arrête le traitement. Les effets secondaires ne semblent pas non plus être minimes. Jusqu’à un quart des personnes ont des problèmes gastro-intestinaux. Les effets secondaires graves, tels que la pancréatite, sont rares, mais devraient pousser à ne pas prescrire ce médicament à la légère, toujours selon M. Middelburg.

Une inquiétante “tendance” minceur  sur TikTok

Sur Tik Tok, l’Ozempic.est vanté pour  ses “vertus amincissantes”. Selon The Guardian, on retrouve de nombreuses vidéos, qui combinent plus de 74 millions de vues, sous divers hashtags comme #ozempic, #ozempicjourney, ou encore #ozempicaustralia. Le médicament serait devenu tellement populaire qu’il serait en rupture de stock en Australie.  Le buzz autour de ce médicament aurait donc un double effet pervers : celui d’empêcher ceux qui en ont vraiment besoin d’y avoir accès et celui de mettre en danger la santé mentale et physique des jeunes ados déjà particulièrement sensible aux troubles du comportement alimentaire (TCA). La difficulté d’obtenir le dernier truc à la mode, et donc indispensable, pourrait être une source de désespoir chez certains.

En Belgique, ce ne semble pas encore être le cas puisque ce médicament n’est pas signalé parmi les 207 médicaments indisponibles ni parmi ceux qui ont été indisponibles ces derniers 30 jours.

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