Troubles urinaires: un homme de plus de 50 ans sur trois est touché
Gouttes retardataires, jet d’urine faible, mictions fréquentes… Comment se fait-il qu’à l’approche de la cinquantaine, beaucoup d’hommes sont confrontés à des problèmes urinaires? Et comment y remédier?
Environ 1 homme de plus de 50 ans sur 3 présente des troubles urinaires ; à 70 ans, c’est 1 sur 2. Les symptômes varient: mictions plus fréquentes (tant le jour que la nuit), fuites urinaires, troubles de la vidange, gouttes post-miction, faiblesse du jet, besoin impérieux d’uriner sans réelle nécessité…
Ces problèmes urinaires peuvent avoir un impact énorme sur la qualité de vie. Des réveils fréquents pour aller uriner la nuit perturbent le sommeil et empêchent de récupérer correctement. Et si en journée vous devez vous précipiter aux toilettes à tout bout de champ, vous pourriez être tenté d’éviter certaines activités sociales. Pourtant, un tiers des hommes souffrant de troubles urinaires ne consultent pas. Ils se disent que c’est normal à partir d’un certain âge, ou ont honte d’évoquer le sujet.
Remplissage et vidange
Les hommes d’âge moyen qui consultent un médecin le font pour deux raisons principales, selon Luc Merckx, urologue à l’hôpital Sint-Lucas à Gand: « Pour se rassurer car ils redoutent un cancer de la prostate, ou parce qu’ils trouvent leurs problèmes particulièrement gênants. Il est important de bien les écouter afin de cerner le problème. S’agit-il surtout de problèmes de miction, donc qui concernent la vidange de la vessie: difficulté à uriner, faiblesse du jet ou gouttes retardataires? Ou des problèmes de remplissage, qui ont trait à la difficulté à retenir l’urine dans la vessie: mictions fréquentes, nécessité de levers nocturnes, besoin urgent d’uriner… avec des fuites parfois? Généralement, les seconds sont ressentis comme plus gênants. »
Ces dernières années, je constate davantage de troubles psychosomatiques, avec des problèmes urinaires liés au stress. »
Luc Merckx, urologue à l’hôpital Sint-Lucas à Gand
S’ensuit alors un examen clinique. « Je vérifie si l’homme n’a pas une vessie pleine, et donc s’il peut bien vidanger sa vessie, et s’il n’y a pas d’anomalie ou de rétrécissement visible du méat urinaire. Un examen rectal me permet de détecter une éventuelle augmentation du volume de la prostate. Et je fais une analyse de sang pour vérifier le taux de PSA (antigène prostatique spécifique, une protéine fabriquée par la prostate) et m’assurer qu’il ne s’agit pas d’un carcinome prostatique. S’il n’y a pas de quoi s’inquiéter, certains hommes poussent un ouf de soulagement et ne souhaitent pas de traitement. Ils me disent: ‘Les troubles sont certes un peu gênants, mais s’il n’y a rien de grave, je peux très bien vivre avec’. »
Prostate et plus
La recherche de la cause se poursuit pour ceux qui supportent mal leurs troubles urinaires. Parfois, il est déjà évident à ce stade qu’une augmentation de la taille de la prostate, autrement dit une hyperplasie bénigne de la prostate (HBP), est à l’origine des troubles. Une légère augmentation de volume de la prostate avec l’âge est normale mais peut avoir des conséquences gênantes: ce gonflement rétrécit le conduit urinaire, générant divers inconvénients. Mais la prostate n’est certainement pas la seule en cause lors de problèmes urinaires chez les hommes dès 50 ans. « Ce n’est qu’une des causes possibles, confirme le Dr Merckx. Avec l’âge, le muscle qui entoure la vessie peut devenir hyperactif ou se relâcher. Les muscles du plancher pelvien peuvent à leur tour perdre en tonicité, et la paroi de la vessie en élasticité. Une infection des voies urinaires peut parfois causer des mictions plus fréquentes, de même que la présence d’une pierre ou d’une tumeur dans la vessie. Enfin, des symptômes de remplissage peuvent être liés à des troubles neurologiques (après un AVC par exemple) ou à une maladie comme Parkinson ou la sclérose en plaques. »
Le stress joue un rôle aussi, prévient l’urologue: « Ces dernières années, je constate davantage de troubles psychosomatiques, avec des problèmes urinaires liés au stress. Je pense aux hommes qui doivent se rendre aux toilettes avant une réunion par simple précaution… Ils entraînent ainsi leur vessie à une capacité de plus en plus petite. Souvent, on peut les aider en les encourageant à entraîner leur vessie dans la direction opposée, autrement dit à ne pas céder d’emblée à la moindre envie d’uriner. Des exercices pour raffermir le plancher pelvien chez un kinésithérapeute peuvent également aider, tout comme le conseil de boire moins de café ou autre boisson caféinée, car la caféine excite la vessie. »
Médicaments ou opération
Comme les troubles urinaires peuvent résulter de nombreuses causes différentes, des examens complémentaires s’imposent parfois. Une échographie de la vessie permet de vérifier si la vidange de la vessie se déroule correctement. Une pierre ou un polype se repère au moyen d’une cystoscopie, un examen interne de l’urètre et de la vessie. Et une urodébitmétrie (uroflowmetry) donne des informations sur la vitesse du jet et sur la forme de la courbe urinaire.
Le diagnostic final permet de prescrire les médicaments adéquats. « En cas de troubles de la miction (hypertrophie bénigne de la prostate), il s’agit par exemple de tamsulosine qui détend le tissu musculaire de la prostate et de l’urètre. Il existe à côté de cela des produits hormonaux qui font rétrécir la glande prostatique et réduisent ainsi la pression sur l’urètre. Le premier groupe de médicaments agit plus rapidement que le second, et on opte dès lors souvent pour une combinaison des deux. L’inconvénient est qu’ils peuvent tous deux avoir des effets secondaires: la tamsulosine fait parfois baisser la tension, les produits hormonaux peuvent avoir des effets au niveau sexuel, comme une perte de la libido. »
Les symptômes de remplissage peuvent aussi être traités par des médicaments. « Outre ceux qui détendent le muscle de la vessie, qui permettent un meilleur contrôle de la vessie et donc d’arriver aux toilettes à temps, nous pouvons aussi prescrire de la kiné pour renforcer le plancher pelvien et la vessie. Eventuellement avec le conseil de boire moins de café. »
Si les médicaments améliorent la situation, ils ne font que réprimer les symptômes. En d’autres mots: hors de question d’arrêter le traitement. « Pour certains patients, c’est une raison suffisante pour demander une opération quand il s’agit effectivement d’une augmentation du volume de la prostate, auquel cas ils optent pour une résolution du problème, la préférant à la prise de médicaments à vie », conclut le Dr Merckx.
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