Qu’est-ce qu’un vagin «normal»: «C’est logique de ne pas être symétrique»
Petites lèvres qui dépassent, poils présents ou rasés, vagin trop étroit ou large… Les femmes se posent des question sur leur anatomie. Qu’en est-il réellement? Réponse avec une gynécologue et une sexologue.
L’intérêt pour la taille de l’organe génital semble souvent davantage préoccuper les hommes que les femmes. Mais ces dernières s’interrogent également sur leur anatomie, selon Oranite Goldrat, gynécologue et professeure associée à la clinique de fertilité de l’Hôpital Universitaire de Bruxelles (HUB), et Valérie L’Heureux, sexologue.
Excitation et hormones
Lorsqu’il est question de taille du vagin, il s’agit en fait de profondeur. «En moyenne, la vagin va de 6-8 centimètres jusqu’à 12-14 pendant l’excitation sexuelle, précise Oranite Goldrat. Le vagin, c’est un conduit élastique, interne, qui peut s’adapter pour y accueillir un tampon, un pénis ou faire passer un bébé pendant l’accouchement. Il peut augmenter avec l’excitation ou sous l’effet des hormones.»
Le vagin évolue tout au long de la vie. Si la génétique et la croissance jouent un rôle, les différentes étapes de l’existence aussi: puberté, grossesses éventuelles et ménopause. «A la ménopause, les cellules de l’épithélium vaginal sont atrophiées. Elles ne sont plus stimulées par les œstrogènes, ce qui fait que c’est moins lubrifié, et plus fragile. Cela peut donner une sensation d’étroitesse parce que ça frotte un petit peu plus. Il peut peut-être alors y avoir une petite diminution», explique la gynécologue. Cela dépend cependant de chaque femme. Chez certaines, avec l’âge, les muscles ne sont plus aussi toniques, ce qui pourrait donner une sensation de vagin «large».
Asymétrie naturelle
Il convient de distinguer le vagin de la vulve. Le vagin s’étend de la vulve, qui regroupe les organes externes de l’appareil génital féminin (lèvres, espace inter-labial, clitoris) jusqu’à l’utérus. La sexologue Valérie L’Heureux entend régulièrement des inquiétudes concernant un aspect asymétrique. «Or c’est logique de ne pas être symétrique, rétorque-t-elle. Nos oreilles ne le sont pas, nos yeux non plus et donc les petites lèvres sont différentes à gauche et à droite.»
«Il y a autant de vulves que de femmes, confirme Oranite Goldrat. Les craintes viennent notamment de la pornographie, car là tout est symétrique. Mais en réalité le corps ne l’est pas parfaitement. C’est aussi le cas des seins, par exemple.»
Lèvres qui dépassent, et alors?
Les lèvres, petites et grandes, présentent également des variations. Chez certaines, elles «dépassent», chez d’autres non. Ici aussi, la pornographie présente souvent une image d’une vulve où rien ne dépasse. «Mais ce sont les variantes de l’être humaine, comme certains qui ont un petit nez retroussé», insiste Valérie L’Heureux. Dans la très grande majorité, avoir des petites lèvres qui dépassent ne pose aucun problème. «A moins qu’elles ne soient démesurément grande et engendrent des problèmes pour s’habiller avec des vêtements serrés ou faire du vélo, mais cela reste rare», indique le Dr Goldrat.
Il est possible de se faire opérer, mais dans la plupart des cas, ce n’est pas nécessaire. Si ce genre d’intervention est à la hausse, c’est surtout parce la chirurgie esthétique devient globalement de plus en plus populaire, selon elle. Les deux spécialistes mettent en garde contre ce type d’opération. «Cela peut donner lieu à des complications, des cicatrices ou des hématomes», confirme la gynécologue.
Le plaisir, pas une question d’anatomie
La vagin peut-il être trop serré? La question revient fréquemment. Mais la réponse, la plupart du temps, tient en un mot: contracture. «Beaucoup de filles ont peur de la pénétration, confirme la sexologue. Du coup, elles vont avoir l’impression d’être trop étroites par rapport à un pénis qui pourrait être un peu plus imposant que la moyenne, ou leur paraître comme tel. En cas de peur, le vagin se contracte et dans un cas de vaginisme (ndlr: contracture involontaire des muscles autour du vagin), il ne sera limite pas capable d’accueillir un tampon non plus.»
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«Le vagin, c’est une cavité. Si elle est fonctionnelle, cela veut dire qu’elle peut accueillir un sexe et profiter de cette sensation, de cette sensibilité interne. Le plaisir se crée, ce n’est pas qu’une question d’anatomie», explique la sexologue. «En termes de sexualité, la fonction fait l’organe, confirme la gynécologue. La meilleure option est d’apprendre à s’accepter.»
Les poils, toujours un tabou
La pilosité du vagin divise encore. «Je vois des femmes assez jeunes parce que je m’occupe de fertilité, et il y a parmi elles une bonne proportion qui est épilée, explique Oranite Goldrat Elles estiment que c’est plus propre et plus attrayant. Alors qu’en fait, être rasée totalement prédispose à avoir plus d’infections. Les poils ont une fonction de protection.» L’épilation intégrale devient plus rare avec l’âge: «Ca devient alors moins un critère de beauté ou de séduction.»
Valérie L’Heureux constate que cela reste un tabou dans le couple, même si ces dernières années, les poils naturels sont de retour. Plutôt une bonne nouvelle, selon elle: «S’épiler au rasoir chaque jour, comme le font certaines, c’est un geste agressif par rapport à la peau et cela peut donner des réactions.»
Quand faut-il consulter?
«La taille ou la couleur du vagin ne sont en général pas des critères d’anomalie, insiste la Pr Goldrat. Par contre, si on sent une masse ou si on a des irritations, des sensations de picotements, de brûlures, quelque chose d’inhabituel en cas de palpation, là il faut consulter.»
«Dès qu’il y a des démangeaisons, un changement au niveau des muqueuses ou comme une petite verrue, il faut aller voir un spécialiste, ou son généraliste», confirme la sexologue. Surtout avec la hausse des infections sexuellement transmissibles. «Avant, on parlait de « maladies honteuses », mais elles ne le sont pas du tout.»
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