Le safran n’a pas que des propriétés culinaires © imageBROKER/joanna wnuk. arteretum

Stress, anxiété, troubles du sommeil…Pourquoi vous devriez prendre du safran

Le safran, l’épice la plus chère du monde, a des vertus thérapeutiques intéressantes pour soigner les symptômes dépressifs. C’est pour cette raison que le marché des compléments à base de safran explose depuis quelques années.

Ça ne va pas? Reprenez donc un peu de safran… Outre ses propriétés culinaires, l’or rouge, regorge de vertus thérapeutiques.

Elle est l’épice la plus chère du monde, son prix varie entre 30.000 et 45.000 euros le kilo car elle est cultivée à la main. Le safran provient du pistil des fleurs de crocus sativus, originaires d’Orient. Elles sont majoritairement cultivées en Iran, en Afghanistan ou en Asie mais il existe des cultures en Europe, dont la Belgique. Or, il faut près de 200 fleurs pour obtenir 1g de safran séché.

Déjà connu pour agrémenter les plats, le safran «fait partie de l’arsenal thérapeutique pour les troubles anxieux et du sommeil» notamment, indique Gérald Deschietere, psychiatre aux cliniques universitaires Saint-Luc.

Champ de safran en Syrie. © AFP via Getty Images

Le safran, un antidépresseur naturel

Trois principes actifs contenus dans le safran permettent d’améliorer la santé mentale, explique le professeur Deschietere, chef du service de psychiatrie à Saint-Luc. «Le picrocrocine a un effet antioxydant. Le safranal possède des fonctions neurotrophiques qui facilitent la résurgence de neurones, et anti-inflammatoires. Et la crocine a également une fonction antioxydante».

Il a été prouvé qu’en cas «d’épisodes dépressifs légers ou modérés, il y a une inflammation cérébrale», poursuit le psychiatre. En France, l’INRAE (l’Institut de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) a étudié ce lien entre inflammation et troubles dépressifs: «Si l’inflammation joue initialement un rôle protecteur en aidant l’organisme à contrôler l’infection, son activation peut devenir délétère dès lors qu’elle se prolonge de façon chronique et incontrôlée. Cette dérégulation contribue alors à l’apparition de symptômes dépressifs et favorise la production de dérivés neurotoxiques», note l’institut. C’est ainsi que des chercheurs de l’INRA ont déduit en mars 2024, après une étude sur des souris, que la consommation de safran diminuait l’impact négatif de l’inflammation sur le fonctionnement du cerveau et la santé mentale.

En 2021, le Centre d’investigation clinique en nutrition (CICN) de l’UCLouvain a aussi confirmé que la consommation de safran permettait d’améliorer la qualité et la quantité de sommeil chez l’humain. Le safran joue sur les neurostransmetteurs de la mélatonine (l’hormone qui favorise l’endormissement). Il réduit aussi la tension nerveuse, d’où l’effet sur le stress et l’anxiété.

Une nouvelle étude du CICN à paraître d’ici une dizaine de jours dans la revue Nutrients, démontre que la consommation de safran «améliore l’humeur chez les personnes moyennement déprimées», renseigne Louise Deldicque, responsable académique du CICN qui a participé aux deux études. «Chez les dépressifs avérés, il n’y aura pas grand-chose d’autre à faire que de prendre des médicaments, mais chez les patients qui se sentent un peu mal dans leur peau, c’est intéressant».

Pour la professeure en physiologique de l’exercice, le safran est une «plante qui vaut la peine d’être étudiée plus en profondeur. On se rend compte qu’il y a toute une série d’épices qui ont des vertus, avec des effets anti-inflammatoires. Le safran, c’est un peu le végétal qui est à la mode pour le moment

Recommandé par les médecins

Le professeur Deschietere recommande des compléments à base de safran depuis près de 5 ans à certains de ses patients. «C’est un produit phytothérapeutique qu’on peut utiliser en première intention pour les épisodes anxieux ou dépressifs qui ne sont pas graves. Je le prescris essentiellement lorsqu’un traitement aux antidépresseurs n’est pas souhaitable», affirme-t-il. Contrairement aux antidépresseurs ou somnifères, le safran a l’avantage d’avoir très peu d’effets secondaires. Des nausées, ou des problèmes de coagulation sanguine ou de tension artérielle peuvent survenir chez certaines personnes qui ne respecteraient pas la posologie ou en prendraient pendant trop longtemps.  

Cela fonctionne un peu comme une cure de vitamines D, à prendre régulièrement sur un temps donné. «Ce n’est pas magique », estime Louise Deldicque, mais c’est un complément intéressant pour l’anxiété et le sommeil à destination de «monsieur et madame tout le monde». « C’est mieux de l’utiliser de manière naturelle dans l’alimentation plutôt que de prendre des gélules. Mais il peut être difficile de trouver du safran de qualité», selon l’experte. Les compléments alimentaires ont l’avantage d’être correctement dosés.

C’est pour cela qu’il est important de ne pas effectuer une cure en automédication, avertit toutefois Gérald Deschietere. «Il faut voir avec un médecin généraliste ou un thérapeute si ce traitement est nécessaire, suffisant ou s’il doit être complété par autre chose.»  

Un marché qui explose

D’après Nicolas Echement, porte-parole de l’Association Pharmaceutique Belge, les compléments alimentaires au safran «sont de plus en plus prisés. Cette demande suit la hausse de la consommation d’anti-dépresseurs. Depuis la crise du Covid, les gens sont plus sensibles aux troubles mentaux et ont moins peur de faire des demandes en ce sens», avance-t-il. Une étude des Mutualités Libres révèle qu’entre  2019 et 2023, l’usage d’antidépresseurs a augmenté de 8 %. En 2022, un Belge sur quatre a pris au moins un psychotrope, soit 3 millions de patients, selon les données du SPF santé publique.

L’observation du représentant des pharmaciens se traduit dans les ventes en officine. Le grossiste en produits pharmaceutiques Febelco (Fédération des coopératives pharmaceutiques belges) a noté une progression constante de commande de compléments à base de safran depuis 2019. La demande a connu sa plus forte hausse entre 2019 et 2020 (+66 %), suivi par la période 2023-2024 (+65 %). Et selon Febelco, «2025 promet d’être explosive: après le mois de janvier, on note une valeur vendue qui est l’équivalent de presque 20 % de toute l’année 2024».

L’intérêt pour ce genre de produit se reflète aussi à travers le nombre de produits existants. En 2019, le grossiste recensait 23 produits à base de safran, contre 59 en 2024. Le Zaffranax est la marque la plus commandé par les pharmacies belges. De son côté Newpharma, le pharmacien en ligne, note une progression de 7% environ en nombre de boîtes vendues.

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