Accro au… spray nasal : les dangers insoupçonnés d’un médicament trop utilisé
Utilisé pour décongestionner le nez, le médicament est un basique de l’automédication. En cas de surdosage ou d’accoutumance, il ne fera pourtant que prolonger la rhinite.
L’addiction aux médicaments ne concerne pas que les analgésiques ou les somnifères. Certains mécanismes de dépendance sont plus insidieux. Ainsi du spray nasal. Quoi de plus courant pourtant que d’avoir le nez bouché, symptôme annonciateur d’un refroidissement ou d’une allergie.
L’obstruction nasale est d’ailleurs le désagrément le plus fréquemment rapporté en cas de rhinosinusite aiguë ou chronique. Lors d’une maladie des voies respiratoires supérieures, la première réaction de l’organisme est d’augmenter les sécrétions. L’un des rôles de la muqueuse nasale est en effet de bloquer les intrus pour les empêcher de pénétrer dans les voies respiratoires. Si un rhume ou une allergie se déclare, la muqueuse se mettra à gonfler et à produire davantage de mucus afin d’évacuer le virus, les bactéries ou les allergènes.
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Lorsque l’inflammation et le gonflement de la muqueuse durent plus de trois mois, on parle de rhinite chronique. Il s’agit d’une extension de la rhinite simple, causée par une inflammation, une infection virale ou, plus rarement, une autre affection.
Un cercle vicieux
Quelle qu’en soit la cause, avoir le nez qui coule ou bouché provoque un inconfort certain, surtout lorsque d’autres symptômes sont associés – un vilain mal de tête, la gorge qui gratte, des éternuements à répétition ou une conjonctivite.
Contre la rhinite, le spray nasal s’impose comme le dispositif le plus efficace et le plus facile à se procurer, car en vente libre. La plupart de ces médicaments contiennent de la xylométazoline ou de la tramazoline, deux vasoconstricteurs que l’on retrouve, par exemple, dans l’Otrivine, le Nesivine, le Xylomaris ou encore le Rhinospray. Le vasoconstricteur décongestionnant peut être utilisé seul ou en association avec un antiseptique ou un anti-inflammatoire.
Une fois injecté dans les narines, le produit agit sur les membranes de la muqueuse qui recouvrent la cavité nasale. Celles-ci contiennent des vaisseaux approvisionnés en sang que le médicament «resserre», ce qui a pour effet de dégonfler les muqueuses et de permettre à l’air de circuler à nouveau.
L’usage de ces sprays nasaux ne doit pas s’étirer au-delà des cinq à sept jours car nos muqueuses peuvent très vite s’habituer à recevoir leur dose quotidienne de décongestionnant. Si bien qu’en cas d’arrêt ou de diminution du nombre de pulvérisations, le gonflement reprendra de plus belle. C’est ce qu’on appelle une congestion de rebond ou rhinite médicamenteuse.
Les effets indésirables du spray nasal
«Cette remarquable efficacité [des vasoconstricteurs, VC] sur l’obstruction nasale est à l’origine de renouvellements inadaptés de prescriptions, d’une auto-médication abusive et ce, d’autant que les VC sont en vente libre, met en garde un groupe de chercheurs dans une mise au point sur l’effet rebond en pratique clinique dans les Annales françaises d’oto-rhino-laryngologie et de pathologie cervico-faciale (2013). Ce mésusage dans l’utilisation des VC peut être majoré par le fait que certains d’entre eux font partie d’associations médicamenteuses avec d’autres principes actifs comme la cétirizine (NDLR: un antihistaminique), le paracétamol ou l’ibuprofène, dans des spécialités par voie orale accessibles sans prescription médicale.»
Un usage prolongé est susceptible de provoquer une congestion de rebond.
Les effets indésirables liés au surdosage ne sont pas sans gravité. Les usagers au doigt collé sur le pulvérisateur risquent de développer une rhinite chronique ou un dessèchement de la muqueuse nasale (qui ne pourra alors plus jouer correctement son rôle de barrière protectrice) avec formation de croûtes et saignements du nez. Ils risquent aussi de retomber malade plus rapidement.
Sevrage radical ou en douceur
Le Centre belge d’information pharmacothérapeutique (CBIP) invite, lui aussi, à consommer les vasoconstricteurs avec modération, surtout pour les personnes à risque que sont les enfants, les femmes enceintes, les personnes âgées et celles souffrant de problèmes cardiovasculaires. Dans la liste des effets indésirables potentiels, l’organisme mentionne des cas d’hypertension et de tachycardie, éventuellement associés à une angine de poitrine, un accident vasculaire cérébral et une ischémie myocardique. Mais aussi des effets neurologiques importants tels qu’une agitation, des convulsions, des hallucinations et de l’anxiété.
Plusieurs stratégies peuvent être adoptées pour sortir du cercle vicieux de l’usage abusif du spray nasal. La méthode la plus évidente consiste à stopper purement et simplement la prise du médicament. Si nécessaire, des corticoïdes en pulvérisateur nasal peuvent être utilisés. Le patient devra s’armer de patience car il lui faudra rester avec le nez bouché quelques jours avant d’observer un dégagement progressif des voies nasales. Plus longue mais moins radicale, une autre technique consiste à commencer le sevrage par une des deux narines, avant de s’attaquer à l’autre. Dernière astuce: remplacer les pulvé- risations par un rinçage du nez à base de solution saline.
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