Les femmes et les hommes n'ont pas la même expérience du sommeil © Getty Images

Sommeil: pourquoi les femmes ont plus besoin de dormir que les hommes

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

Les femmes et les hommes ne sont pas égaux… face au sommeil. Une différence qui s’explique notamment par des facteurs biologiques et hormonaux.

Les «huit heures par nuit» sont-elles un mythe? L’être humain dort «en moyenne entre 7h et 7h30 la semaine, et environ 8h le week-end», selon la Pr Marie Bruyneel, cheffe de service de pneumologie et du laboratoire du sommeil au CHU Saint-Pierre. C’est le cas de la majorité de la population exempte de troubles du sommeil, même s’il existe de plus grands et ds plus petits dormeurs.

Les besoins en matière de sommeil diffèrent cependant d’un individu à l’autre. Plusieurs facteurs l’influencent. Tout d’abord, les gènes. Il y a ceux qui régulent la durée des cycles de sommeil, ceux qui régulent la durée totale ou encore ceux qui gèrent la balance sommeil-éveil. Ensuite, l’âge. Plus l’humain vieillit, moins son sommeil sera sans nuages. Au fil de la vie, une heure de sommeil disparaît en moyenne. Et à partir de 50 ans, il est souvent plus fragmenté, et donc moins réparateur.

Femmes et hommes, un sommeil inégal

Selon plusieurs études, le sexe joue également un rôle. L’Association Belge de Recherche et de Médecine du Sommeil (BASS) confirme: les femmes et les hommes n’ont pas la même expérience du sommeil. Les femmes auraient besoin de dormir davantage que les hommes. Elles auraient aussi tendance à se coucher plus tôt, mais à mettre plus de temps à tenter de s’endormir. D’après plusieurs recherches, la différence, en moyenne entre six et 28 minutes, se présente à tous les stades de la vie.

Marie Bruyneel acquiesce: «Elles dorment un peu plus, et ont un sommeil plus profond.» Plusieurs études le confirment: les femmes passent davantage de temps dans la phase dite «réparatrice». Une réalité qui s’explique, entre autres, par un repos moins qualitatif. Une contradiction qui se justifie par des éléments biologiques et hormonaux spécifiques aux femmes qui peuvent significativement perturber le sommeil.

Hormones

«C’est biologique», abonde la Pr Bruyneel. Les hormones jouent un rôle prépondérant dans la régulation du sommeil. Les fluctuations hormonales liées peuvent avoir un impact direct sur sa qualité. Les variations hormonales causées par le cycle menstruel, notamment. Les femmes déclarent davantage de problèmes (insomnie, réveils nocturnes, cauchemars…) durant les premiers jours de leur menstruation et la semaine qui les précède.

«Les femmes traversent des périodes de vie où le sommeil est très détérioré, comme la grossesse ou la ménopause», ajoute Marie Bruyneel. Durant la grossesse, l’efficacité du sommeil peut diminuer dès le premier trimestre, et affecte à la fois la mère et le fœtus. «Les femmes enceintes dorment en moyenne une heure de moins», confirme-t-elle. La ménopause apporte elle aussi son lot de défis. «Beaucoup d’entre elles développent des problèmes d’insomnie, à cause notamment des bouffées de chaleur

Elles sont aussi plus nombreuses à pâtir du syndrome des jambes sans repos, fréquent pendant la grossesse ou chez les personnes souffrant d’une carence en fer.

Des troubles différents

Même si les femmes ont tendance à dormir plus profondément, elles rapportent plus fréquemment des problèmes de sommeil. Elles ont une plus grande probabilité de souffrir d’insomnie. Il existe plusieurs causes possibles, notamment l’anxiété, la grossesse et la parentalité.

En revanche, les hommes subissent davantage d’apnées du sommeil, même si la différence s’amenuise une fois la ménopause venue. Son apparition est souvent progressive. «C’est extrêmement fréquent, note la Pr Marie Bruyneel. Cela touche tout le monde, mais surtout les hommes d’âge moyen.» Selon elle, c’est le cas chez environ 13% des hommes et 6% des femmes. Les apnées du sommeil chez les femmes présentent cependant des symptômes un peu différents, ce qui peut engendrer un sous-diagnostic.

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