Sédation terminale : « Il n’y a rien à cacher ! »
Le Pr Jean-Louis Vincent estime qu’il faut une loi pour autoriser la sédation terminale dans les hôpitaux belges. Il a plaidé pour cette évolution législative lors de l’ouverture du 38e International Symposium on Intensive Care and Emergency Medicine, ce 20 mars.
« Lors de notre congrès, nous nous posons chaque année cette question jusqu’il faut-il aller pour garder le patient en vie, comment éviter l’acharnement thérapeutique? Trop souvent les médecins ont des réflexes, appris à l’université, qui les poussent à agir. Mais que faut-il faire pour un patient qui est atteint, à un stade avancé, de la maladie d’Alzheimer et présente un abdomen chirurgical ? Il faut bien mourir de quelque chose lorsqu’on arrive en fin de vie… Les médecins ont peur de louper quelque chose. Ils ont raison. À Érasme, nous avons développé le test de l’USI. Lorsqu’on ne sait pas jusqu’où aller, nous observons le patient durant trois jours dans le service des soins intensifs. On explique cette démarche aux proches et éventuellement au malade s’il est conscient. Parfois, on lance un traitement conservateur. Parfois, on décide collégialement d’arrêter les traitements. Dans certains cas, il ne suffit pas de couper le respirateur. Il faut administrer une sédation terminale. Souvent, les proches disent que le patient n’aurait pas voulu se trouver dans cet état. Comme le malade n’a pas eu l’occasion de demander une euthanasie, nous devons recourir à une sédation terminale. Or, cette pratique n’est pas couverte par la loi dans notre pays. »
L’exemple français
Le baron Vincent plaide pour que législateur belge s’inspire de la loi Clayes- Leonneti qui depuis 2016 ouvre, sous certaines conditions, un droit à la sédation « profonde et continue ». Le Pr Vincent a profité de la présence de Didier Reynders, vice-premier ministre, pour lui demander de convaincre ses collègues du gouvernement Michel d’adopter une loi dans ce sens qui compléterait la loi sur l’euthanasie. « Les Français sont plus en avance que nous pour la prise en charge de la fin de vie dans les hôpitaux », constate l’ancien chef de service des soins intensifs de l’Hôpital Érasme. « Il y a quelques années, les membres du comité de la Société belge des soins intensifs ont publié un article réclamant une législation sur la sédation terminale pour être plus transparent. Dans le dossier du patient, nous indiquons qu’il y a eu une sédation terminale. Il n’y a rien à cacher ! Nous ne pratiquons pas cela « dans le silence de la nuit », c’est un acte réfléchi et collégial. Nous ne faisons pas le mal! Il faut permettre aux patients de mourir dans la dignité et la confiance. »
Le Pr Vincent est favorable à l’enregistrement des cas de sédation terminale. Depuis le mois passé, l’UZ Brussel a d’ailleurs commencé, « en tant que premier hôpital en Belgique, et même au monde », à enregistrer la sédation palliative. « En enregistrant la sédation palliative, l’UZ Brussel souhaite d’une part, créer une plus grande clarté pour les patients et leur entourage et d’autre part, optimaliser l’établissement des indications et la réalisation technique de cet acte médical », communiquait récemment l’hôpital académique bruxellois. Un exemple à suivre ?
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