SkinnyTok: sur les réseaux sociaux et les podiums, le retour de l’incitation à la maigreur

Stagiaire Le Vif

Les assignations à la minceur ne sont pas neuves. Elles ont cependant pris une nouvelle forme sur les réseaux sociaux. La tendance SkinnyTok incite à la privation et la culpabilisation. Une mode qui inquiète les spécialistes de santé.

SkinnyTok. Apparu il y a seulement quelques semaines, ce nouveau hashtag a déjà généré près de 25.000 vidéos, où des internautes –le plus souvent des femmes– encouragent à devenir plus minces. Via des astuces ou… un discours culpabilisant, à coup de phrases comme «Arrête de te récompenser avec de la nourriture, tu n’es pas un chien», ou encore «Tu as vraiment faim? Bois une gorgée d’eau, tu es probablement juste assoiffée».

«Ces influenceurs recommandent de réduire les calories en dessous des besoins du métabolisme de base. Ils font croire qu’il faut manger moins pour maigrir, alors que ce n’est pas comme ça que ça fonctionne», alerte Justine Delnatte, diététicienne. Une désinformation qui semble faire son œuvre. Justine Delnatte constate que de nombreux patients ne savent plus à qui faire confiance sur les réseaux. «C’est décourageant. Quand tu es un professionnel de santé et que tu essaies d’éduquer les gens, tu es confronté à une multitude de personnes mal informées qui viennent saboter ce travail.»

Le SkinnyTok chasse-t-il le body positive?

Catalina De Cock, psychologue et nutritionniste, constate la même influence négative: «Les nouvelles tendances sur les réseaux sociaux façonnent les normes corporelles chez les jeunes à travers des vidéos.» Le SkinnyTok chasse-t-il le body positive, apparu il y a quelques années? Oui, à en croire les défilés de mode. En 2022, les modèles «plus size» représentaient 3% des mannequins actifs. Mais cette avancée en matière de diversité corporelle semble déjà s’essouffler, en 2024 ce chiffre est tombé à seulement 0,9%. «Les troubles alimentaires peuvent s’imposer à travers l’image des mannequins, quand elles passent sur les podiums, pour tout ce qui est lié à la mode… C’est une influence vraiment négative», estime Catalina De Cock.

Les troubles alimentaires en Belgique: des chiffres préoccupants

En Belgique, 13% des personnes âgées de 10 à 64 ans présentent une suspicion de trouble du comportement alimentaire. En particulier parmi les adolescentes. Selon Sciensano, 18% des filles âgées de 10 à 17 ans sont concernées. «Elles ont vraiment ce côté plus sensible, plus émotionnel. Elles sont plus connectées à leur corps, en pleine découverte de leur sexualité, de leur intimité, et donc plus influençables. Elles sont aussi plus malléables», analyse Catalina De Cock.

Autre élément mis en lumière par Sciensano: l’influence du niveau d’éducation. La prévalence des troubles est de 16% chez les personnes ayant un faible niveau d’instruction, contre 10% chez celles disposant d’un niveau d’éducation plus élevé. Un écart qui témoigne aussi des inégalités d’accès à l’information, au soutien psychologique et à une alimentation équilibrée.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire