Santé mentale: « La méditation peut être aussi efficace que la médication »
Un étude pointe les bienfaits de la méditation sur la santé mentale, notamment sur la prévention du burnout. Un message positif, estime le neurologue Steven Laureys.
En Belgique, la consommation d’antidépresseurs et d’anxiolytiques s’envole. Si ces médicaments sont utiles, ce n’est pas le seul outil pour gérer l’anxiété, la dépression ou prévenir les risques de burnout. Et si la solution venait (notamment) de la méditation?
Une récente étude menée chez les médecins démontre que la méditation respiratoire réduit le stress, l’anxiété, les problèmes de sommeil et l’épuisement professionnel. Des conclusions qui méritent d’être mises en lumière selon le Dr Steven Laureys, neurologue belge de renom et auteur de l’ouvrage « La Méditation c’est bon pour le cerveau ». « Le message positif, c’est que la méditation, ce n’est pas juste une question de croyance ou de ‘hype’, mais que ses bienfaits sont aussi démontrés par la science. La littérature est de plus en plus convaincante sur le sujet et indique que, oui, la méditation peut être aussi efficace que la médication. »
Pour le professeur, on oublie trop souvent d’aller chercher en profondeur les causes d’un mal-être, qu’il s’agisse de douleurs chroniques, d’anxiété ou d’un épuisement professionnel. « Notre corps nous dit quelque chose et il faut aussi le décoder. On prend soin de notre santé physique, mais on néglige souvent notre santé mentale. »
Se reconnecter et respirer
En quoi la méditation peut-elle aider ? Face au flux de pensées, souvent en boucle, au travail ou dans la vie privée, elle permet de prendre du recul. « La méditation apprend à se reconnecter avec son corps. On est très souvent distraits, pris par les émotions ou les pensées, et cela apprend à créer un peu de distance », explique-t-il. Cela permet de diminuer le stress qui, quand il est chronique, est neurotoxique.
Le fait que l’étude porte sur la méditation respiratoire n’est pas anodin. La respiration est un élément clé: « Chaque fois qu’on expire, le cœur bat un peu moins vite, et la tension artérielle et les hormones de stress diminuent. C’est aussi un moyen d’impacter le système nerveux autonome, qui s’active quand il y a un danger. A l’époque, le danger c’était un animal sauvage, maintenant cela peut être un mail ou un appel d’un collègue, une discussion désagréable, ou le stress qu’on engendre nous-mêmes quand on est ‘en boucle’. L’expiration va stimuler l’autre système, qui est celui du relâchement. »
Plusieurs techniques de méditation
La méditation respiratoire n’est pas la panacée. Quelle que soit la technique, le but est de diriger l’attention sur le moment présent ou sur un « objet ». Cela peut être la respiration, mais aussi l’imagerie mentale ou l’hypnose. D’autant qu’il existe aussi différentes techniques de méditation. A chacun de trouver ce qui lui fait du bien. « Cela peut être de la sophrologie, du yoga… Ce n’est pas une compétition. Certains ressentiront des meilleurs effets en 20 minutes, d’autres en plusieurs séances de 1 minute », précise le neurologue.
Il met néanmoins en garde : « Dans ces milieux, il y a aussi des sectes, des gourous, des abus… » Il conseille de se tourner vers les professionnels de la santé. Pour sa part, il recommande notamment à ses patients les cours de réduction de stress par la pleine conscience en 8 semaines, méthode la plus validée par la science.
L’employé, pas le seul levier
Outre la méditation, Steven Laureys pointe également le sommeil et l’activité physique comme éléments cruciaux pour diminuer les risques de burnout. De même que la qualité de l’environnement de travail: « Les employeurs pourraient être plus bienveillants. Il ne faut pas tout mettre sur le dos de l’employé. »
Certains métiers sont également plus à risque. Les médecins, notamment ; objets de l’étude. « Avec le Covid, on applaudissait les médecins et les infirmiers, mais c’est déjà oublié. C’est triste de voir qu’on agit très peu, malgré des suicides. » Il déplore notamment un manque à ce sujet lors de la formation, encore aujourd’hui. « On apprend à prendre soin des autres, mais pas à prendre soin de soi. »
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