L’hypnose, un outil efficace pour surmonter les traumatismes?
Reléguée un temps aux salles de spectacles, l’hypnose regagne du terrain en psychothérapie. Considérée par certains comme un outil miraculeux, la Psychothérapie du Trauma Réassociative (PTR) tente d’aider les patients à surmonter leurs traumatismes.
Entachée pendant longtemps d’une réputation sulfureuse, l’hypnose retrouve peu à peu sa place dans le champ de la santé, et particulièrement de la santé mentale, explique Evelyne Josse, psychologue formée à l’hypnothérapie chargée de cours à l’Université de Metz. L’hypnose doit sa mauvaise réputation à Sigmund Freud, père de la psychanalyse, qui l’a voué aux gémonies après l’avoir encensée, tout en continuant à l’utiliser en secret, raconte-t-elle.
Suite aux sorties de Freud, l’hypnose a été reléguée aux salles de spectacle. « C’est un psychiatre américain, Milton Erickson, qui l’a réhabilitée dans les années 1930. Mais il faudra près d’un siècle pour qu’elle reçoive toute l’attention qu’elle mérite », déclare Evelyne Josse. Aujourd’hui, l’hypnose est à nouveau sous les feux des projecteurs.
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Un phénomène naturel
Formé en psychanalyse, bioénergie et en systémique et à la base de la Psychothérapie du Trauma Réassociative (PTR), Gérald Brassine souligne que l’hypnose est un phénomène naturel. « Ce n’est pas accepter de se mettre à quatre pattes et d’aboyer comme un petit chien. Nous expérimentons cet état tous les jours, au volant de notre voiture ou encore perdus dans nos pensées, les émotions et les besoins primaires reviennent en effet au premier plan ».
Sa thérapie s’adresse à toutes les personnes traumatisées, qu’elles soient victimes d’une fausse couche, d’un accident de voiture, d’un accouchement qui tourne mal ou encore de maltraitances durant l’enfance. « Tous ces événements peuvent donner lieu à des traumas plus ou moins enfouis. Ceux-ci réapparaîtront ensuite dans la vie quotidienne de la victime, sous forme d’angoisses, d’insomnies, de burn-out, de TOCS ou encore d’une mauvaise estime de soi ».
Les traumas se situent à un niveau inconscient que permet d’atteindre l’hypnose. « La désensibilisation se fait en transformant les images, les sons, les sensations, les émotions et les sentiments de honte, de culpabilité d’actes dont ils sont en fait les victimes », explique Gérald Brassine.
Hypnothérapeute formée en PTR, Coralie Ramon explique la manière dont un patient réagit à un traumatisme. « Au moment du traumatisme ou du choc, il y a des protections hypnotiques qui se mettent en place. Certaines personnes vont se dissocier de leur corps, par exemple. Au départ, le corps met cette protection en place pour survivre au trauma ».
Une des conséquences des traumas, c’est que le corps a enregistré cette protection. « Une personne qui a été cambriolée va faire preuve d’hypervigilance et développer des tocs par exemple. C’est ce qu’elle a trouvé de mieux à ce moment-là pour survivre. Le psychothérapeute augmente ces protections hypnotiques. C’est comme s’il leur disait ‘vous avez fait votre travail, vous pouvez partir, la personne est en sécurité’ », explique l’hypnothérapeute.
L’hypnose est un état de grande focalisation qui permet de se concentrer sur certaines choses et de gagner du contrôle, explique Gérald Brassine. « L’hypnose permet de retrouver une émotion, mais en étant anesthésié psychiquement et émotionnellement. Cet état présente l’avantage de retrouver progressivement l’émotion. Petit à petit, la personne va ressentir, exprimer cette émotion et finir par l’accepter. L’hypnose c’est un beau moyen pour protéger le patient, et pour qu’il retrouve ses émotions », conclut-il.
Le revers de la médaille
Si l’hypnose peut s’avérer efficace pour surmonter les traumatismes, l’outil n’est pas à la portée de tous, et peut nuire à la santé des patients si le thérapeute n’est pas correctement formé. « Aujourd’hui, de nombreuses personnes en reconversion professionnelle veulent devenir hypnothérapeutes, du peintre en bâtiment à la coiffeuse en passant par la secrétaire et le commercial. Je crains que des personnes qui n’ont aucune formation de base sérieuse en santé ou santé mentale ne tirent une balle dans le pied de l’hypnose », met en garde Evelyne Josse.
La psychologue rappelle que l’hypnose est un outil, et que n’importe quel outil mis dans de mauvaises mains peut devenir dangereux. « En hypnose, il n’est pas rare que des traumatismes resurgissent de façon impromptue. J’ignore comment les personnes qui ne connaissent pas la psychologie se débrouillent avec un souvenir de violence sexuelle survenu dans l’enfance », s’interroge-t-elle.
Gérald Brassine souligne également le danger à laisser « des personnes, y compris certains psychothérapeutes, sans expérience et sans formation valable, jouer avec cet outil efficace, et puisque tel, potentiellement dangereux ». Son livre, coécrit avec Nadia Tonglet et intitulé « Surmonter le Traumatisme. Initiation à la PTR » veut répondre aux professionnels concernés par les psychotraumatismes à la recherche d’outils spécifiques.
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