Les Belges aussi heureux qu’avant la pandémie, sauf les jeunes
La Belgique est la 17e nation la plus heureuse du monde, selon l’indice de l’ONU. Malgré la crise socio-économique, le bonheur des belges est presqu’au même niveau qu’avant la pandémie. Les jeunes, eux, ont plus de mal à s’en remettre. Analyse.
D’après le rapport mondial sur le bonheur de l’Organisation des Nations Unie (ONU), la Belgique est la 17e pays où l’indice du bonheur est le meilleur. Depuis 2012, l’ONU évalue les pays en fonction de six critères : le soutien social, le revenu, la santé, la liberté, la générosité et l’absence de corruption.
Une autre étude récente, belge cette fois, de NN et l’UGent donne 6.6/10 comme « score bonheur » à la Belgique, une note qui se rapproche même de celle d’avant la pandémie (6.7) et ce, malgré la crise socioéconomique.
Regain de bonheur après la pandémie
D’après Jordi Quoidbach, spécialiste du bonheur et professeur à l’ESADE Barcelone, « Ce qui compte le plus pour le bien-être, ce ne sont pas les conditions socio-économiques. Certes, il y a l’inflation, la guerre en Ukraine… mais, au quotidien, ce qui fait notre bonheur n’est pas le prix d’un paquet de pâtes, mais bien les relations sociales et les autres loisirs qui n’étaient pas accessibles pendant la pandémie. » C’est notamment la conclusion de l’étude d’Harvard sur le bonheur, la plus longue consacrée à ce sujet : s’il ne fallait choisir qu’un facteur de longévité et de bien-être au cours de la vie, ce serait la quantité et la qualité des relations sociales. « Le fait qu’on ait observé une chute pendant la pandémie et que l’indice remonte maintenant, c’est lié à ce facteur social. Cela ne veut pas dire que l’aspect économique n’a pas un impact sur le bien-être, mais il est plus faible, ‘gommé’ par le regain d’activités sociales qu’on a connu », analyse Jordi Quoidbach.
Le bonheur des jeunes belges se détériore
Malheureusement, cette courbe ne remonte pas pour tout le monde. L’Enquête nationale de l’assureur NN et l’UGent démontre que la courbe du bonheur des jeunes belges (18-34 ans) chute. Conséquence du covid ? Selon Olivier Luminet, psychologue de la santé et professeur à l’UCLouvain, « Le covid-19 a été révélateur d’éléments qui étaient déjà présents. » Pour le professeur, les manifestations Youth For Climate, datant d’avant la pandémie, indiquaient déjà « une inquiétude sur l’avenir que le coronavirus a excacerbée en empêchant toute une série de besoins fondamentaux des jeunes : leur besoin de contacts sociaux, leur besoin de liberté et d’autonomie. ».
D’après le professeur de l’UCLouvain, les jeunes auraient plus de mal à se remettre de la pandémie et des confinements que les autres générations. « Une enquête récente de Solidaris montre qu’un tiers des belges est en situation de faible résilience, parmi ce tiers se retrouvent deux tiers de jeunes. Je pense que les autres tranches d’âge ont plus de ressources : ils ont déjà formé leur identité et fait face à différentes situations, mais moins difficiles que celle que la jeunesse actuelle doit affronter depuis quelques années. », analyse Olivier Luminet (UCLouvain).
Bien lotis en Belgique ?
Avec un indice du bonheur de l’ONU de 6.8, la Belgique est au 17e rang du classement international des pays, que faut-il en retenir ? Pour Jordi Quoidbach (ESADE Barcelone) : « Si au Danemark (deuxième du classement, ndlr) on est plus heureux qu’en Belgique, c’est notamment parce qu’ils ont plus d’égalité sociale et qu’ils ont plus confiance en leurs voisins. Mais il faut quand même prendre ces classements internationaux avec des pincettes.« . Jordi Quoidbach décrit des comportement de votes différents en fonction des pays : les Japonais, assez modérés, ne répondent quasiment jamais par des extrêmes aux questionnaires, les Français sont plus pessimistes, … A chaque culture ses habitudes. Cependant pour Jordi Quoidbach, « les tendances générales ont du sens, qu’on soit moins heureux dans les pays de l’ex-URSS qu’en Belgique, c’est normal mais entre la 10e et la 12e position, c’est de l’interprétation de bruit statistique. ». Il n’y aura donc aucun intérêt à scruter la position des belges dans le classement international du bonheur l’an prochain. En tout cas, tant que l’évolution reste minime.
Zoé Leclercq
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