Saint-Georges, Ans, Charleroi… : voici les communes les plus exposées au bruit en Wallonie (carte interactive)
Des milliers de Wallons sont exposés au bruit quotidiennement, principalement dans les communes autour de Liège. Tous les cinq ans, la Wallonie réalise une cartographie du bruit pour prioriser les zones où il est important de concentrer les efforts. Et sans surprise, nous n’allons pas vers plus de quitétude.
Le bruit d’une tondeuse. Sans arrêt dans les oreilles. Ou d’une classe bruyante, au choix. Ça fait mal à la tête, hein ? De nombreux Wallons sont pourtant constamment exposés à 70 décibels (la valeur limite en journée en Wallonie), voire plus. Ils sont près de 110.000, si l’on considère uniquement le bruit occasionné par les routes où circulent plus de 3 millions de véhicules par an. La nuit, les valeurs limites autorisées en Wallonie sont plus basses : 60 décibels, le bruit d’une conversation. Le nombre de Wallons exposés monte alors à plus de 215.000. Les chiffres augmentent encore quand on prend en compte les normes de l’OMS, plus basses que les wallonnes : 660.600 Wallons touchés sur l’ensemble de la journée (jour, soirée, nuit), soit 18% de la population, 556.000 la nuit uniquement (15%). Cela fait beaucoup.
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Tous les cinq ans, la Wallonie évalue le bruit issu du trafic routier, ferroviaire, aérien, de l’industrie et des grandes agglomérations. Le trafic routier occupe la première place du podium des nuisances depuis le début des mesures en 2007. Le dernier état des lieux et les chiffres précités datent de 2017. Ils montrent clairement l’importance du bruit aux alentours de Charleroi et en région liégeoise. Saint-Georges-sur-Meuse, Ans, Verlaine : l’exposition dans ces communes situées autour de Bierset dépasse largement les normes. Respectivement, 90%, 88,7% et 78,3% de la population sont « situés dans une zone de bruit d’une agglomération ou d’une grande infrastructure de transport supérieur à 54 db » en journée. Avec des conséquences importantes sur la santé : agacements, troubles du sommeil, maladies cardiaques, mortalité prématurée, troubles cognitifs infantiles,…
Ces cartographies stratégiques du bruit ont permis au gouvernement wallon d’objectiver le bruit et de cibler, en 2019, 24 zones noires. Plus l’intensité du bruit est importante, avec un impact sur un nombre important de personnes, plus le site sera prioritaire. Des travaux de rénovation de dispositifs antibruit existants et de création de nouveaux dispositifs au bord des routes doivent être effectués. A Vottem, un nouveau mur anti-bruit construit l’été dernier au bord de la E40 a permis de réduire le bruit de 9 décibels. Les travaux devraient s’intensifier cette année. La plupart des permis ont été obtenus.
La région de Mons sera particulièrement concernée par les travaux. « Il y a beaucoup de logements à proximité immédiate des axes routiers importants », explique le cabinet du ministre de la Mobilité et des Infrastructures, Philippe Henry (Ecolo).
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Augmentation du trafic
Le prochain exercice de cartographie est en cours de finalisation. « L’analyse de la cartographie qui permet la définition des plans d’actions débutera dans le courant de l’année 2023 », explique-t-on du côté du ministre Henry. Une nouvelle méthode commune à l’ensemble des Etats-membres de l’Union européenne permettra une meilleure cartographie mais « il est évident qu’il y a une augmentation du trafic et donc une augmentation de l’exposition. On vit dans une société où le bruit est de plus en plus présent », commente Sébastien Marcocci, responsable de la cellule bruit du SPW Mobilité-infrastructures depuis sa création il y a dix ans. Si on reprend les chiffres de l’Agence de l’environnement, la tendance ne va pas vers plus de quiétude. Le bruit en Belgique, en dehors des zones urbaines (Charleroi, Liège) est passé de 991.700 personnes exposées en journée en 2007 à 1.360.200 en 2017. Soit +27%.
Autres bruits
Il est important de noter que ces cartographies ne prennent en compte qu’une partie du bruit auquel les Wallons peuvent être confrontés.
Premièrement, seuls le bruit du trafic et le celui des industries sont comptabilisés dans leurs calculs. Cela représente tout de même une bonne partie des nuisances, selon une enquête réalisée par Canopea (Inter-Environnement Wallonie) en 2022 : le trafic routier étant la principale source de bruit pour 38% des sondés. Les comportements de particuliers comme les voisinages (3,3%) ou le bruit des animaux domestiques (2,6%) n’arrivent que bien derrière. « On remarque des données similaires dans d’autres sondages de l’agence européenne pour l’Environnement », abonde Pierre Jamar. Les bruits ponctuels sur les routes, comme les travaux par exemple, ne sont pas non plus pris en compte.
Deuxièmement, une grande partie des voiries ne sont pas cartographiées. Comme certaines nationales, des routes de villages. Le critère pour prendre une route en compte se base, pour le moment, uniquement le nombre de véhicules qui circulent. Des focus ont été faits sur Liège et Charleroi, considérées comme agglomérations. Vous pouvez retrouvez les mesures près de chez vous, sur la carte suivante.
Mesure gratuite
La Région doit faire des choix. « Les murs anti-bruit, comme l’amélioration du revêtements sont des solutions avec des coûts énormes », analyse Pierre Jamar, chargé de mission chez Canopea. Il existe cependant, selon lui, une mesure gratuite qui permettrait un vrai gain sonore : la réduction de la vitesse. « Les bienfaits sanitaires d’une réduction de vitesse sont très importants. On observe une réelle diminution du bruit. »
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