La saison du rhume des foins a commencé. © Fairfax Media via Getty Images

Rhume des foins: une épidémie silencieuse aggravée par le changement climatique

En raison de la crise climatique, les allergies aux pollens représentent un défi de plus en plus important pour la santé publique. Peut-on éviter de développer un jour un rhume des foins? Et qu’en est-il des personnes qui en souffrent déjà?

Pendant ces congés scolaires de détente, le soleil a fait son apparition. Mais les personnes atteintes de rhume des foins étaient invitées à rester à l’intérieur. Avec le temps sec et ensoleillé, les premiers pollens se dispersent abondamment dans l’air. Ceux qui sont sensibles au pollen de l’aulne et du noisetier doivent particulièrement rester vigilants.

Malheureusement, la saison des pollens commence de plus en plus tôt, dure plus longtemps et les concentrations de pollens augmentent, entraînant des allergies plus intenses. C’est une conséquence de la crise climatique, qui pose de grands défis aux systèmes de santé. «Nous nous attendons à ce que les allergies aux pollens deviennent un problème de plus en plus important», déclare l’institut de santé Sciensano.

La pollution de l’air, ainsi qu’une moindre exposition à diverses bactéries et allergènes durant l’enfance, contribuent également à une hausse spectaculaire des cas de rhume des foins.

Stressé? Des symptômes plus intenses

De plus, dans un monde en perpétuelle accélération, le stress est croissant, ce qui n’arrange en rien les patients souffrant de rhume des foins. «Le stress remplit plus rapidement le « seau de sensibilité »», explique l’allergodiététicienne Evi Van den Bossche qui étudie l’interaction entre l’alimentation, les allergies et le stress.

«En cas de stress, plusieurs systèmes du corps doivent travailler plus intensément, notamment le système de lutte ou de fuite. Si, en plus, la réaction de défense doit s’activer contre les pollens qui entrent en contact avec le corps, le « seau de sensibilité » risque de déborder. C’est comme si de plus en plus de gladiateurs entraient dans une arène. Le corps se trouve alors dans un état de tension, ce qui rend la personne beaucoup plus consciente de ses symptômes. Lorsque le niveau de stress est bas, la probabilité de ressentir des symptômes ou en souffrir est moindre. Attention toutefois: même avec peu de stress, les symptômes du rhume des foins demeurent car ils dépendent du pic de pollinisation.»

Plus sensible à d’autres stimuli

Les personnes souffrant de rhume des foins peuvent —mais pas systématiquement— développer à un moment donné de leur vie une allergie croisée avec certains fruits, noix, arachides et légumes. Le système immunitaire ne parvient alors plus à distinguer les protéines alimentaires de celles présentes dans l’environnement, car elles se ressemblent. 70% des allergies alimentaires sont liées aux pollens.

Cela ne signifie toutefois pas qu’il faut regarder fruits et légumes avec angoisse. «Une allergie croisée est contraignante, mais pas dangereuse, rassure Evi Van den Bossche. Les symptômes restent limités aux réactions situées au-dessus de la clavicule, qui peuvent varier entre des gonflements au niveau du visage, un gonflement et des démangeaisons des lèvres, de la langue, de la gorge, du palais ou du visage. Dans un premier temps, l’allergie croisée se manifeste sous forme de sensibilisation: les symptômes ne sont pas encore perceptibles, mais le corps se prépare déjà à réagir. Lors d’une des saisons polliniques suivantes, il est possible qu’une réaction apparaisse réellement.»

© dpa/picture alliance via Getty I

Le niveau de stress dans l’organisme joue également un rôle dans les allergies croisées. «Si quelqu’un mangez une pomme à laquelle il est allergique par croisement au moment où les pollens qui l’affectent sont présents, il remarquera probablement davantage les démangeaisons dans sa bouche que s’il consomme cette même pomme en dehors de la saison pollinique. Tout dépend de la personne. Certaines réagiront toute l’année à la pomme, tandis que d’autres pourront, en période pauvre en pollens, ne pas tolérer la pomme crue mais réussir à consommer de la compote de pommes, par exemple. En apprenant à mieux gérer les déclencheurs tels que le stress physique et psychique, on peut découvrir comment atténuer ses symptômes. »

En apprenant à mieux gérer les déclencheurs tels que le stress physique et psychique, on peut découvrir comment atténuer ses symptômes.

Evi Van den Bossche

allergodiététicienne

Pour prévenir les allergies, il faut protégez la peau

Il n’existe pas de remède miracle ou de solution rapide pour se débarrasser définitivement du rhume des foins. Mais cela ne signifie pas qu’il n’y a rien à faire. «La base est de varier autant que possible une alimentation complète et fraîche, dès le plus jeune âge, explique Evi Van den Bossche. Dès qu’un enfant commence à consommer des aliments solides, il est préférable de lui faire goûter tout ce qu’il peut manger. En répartissant les substances moins favorables sur plusieurs repas et jours, le « seau de sensibilité » se remplit plus lentement, ce qui réduit la susceptibilité aux autres allergies ou intolérances. Les adultes déjà diagnostiqués allergiques devraient aussi continuer à manger de manière aussi variée que possible afin d’éviter le développement de nouvelles allergies.»

Deuxième point —peut-être moins évident— Evi Van den Bossche insiste sur l’importance de bien protéger une peau sèche. L’eczéma est souvent associé à une prédisposition au rhume des foins, à l’asthme et aux allergies alimentaires.

Les adultes déjà diagnostiqués allergiques devraient aussi continuer à manger de manière aussi variée que possible afin d’éviter le développement de nouvelles allergies.

Evi Van den Bossche

allergodiététicienne

«Il est essentiel que les personnes ayant une peau sèche avec des fissures dans la barrière cutanée, qu’il y ait ou non des éruptions, prennent soin de leur peau avec une crème hydratante afin de bien protéger leur organisme contre certains allergènes. En particulier, refermer et maintenir fermées les zones d’eczéma ouvertes sur les mains et autour de la bouche est crucial pour prévenir le développement de nouvelles allergies.»

Mais attention à ce que l’on applique sur la peau, prévient-elle. Les crèmes contiennent des substances qui peuvent à leur tour provoquer des allergies. Peu de gens —y compris les médecins généralistes— savent, par exemple, qu’il est possible de développer une allergie aux parfums. Il est donc essentiel d’opter pour des crèmes et lotions à la composition la plus neutre possible

Quels sont les symptômes typiques d’une allergie au pollen?

– Yeux irrités, démangeaisons, larmoiements et rougeurs

– Eternuements en rafale

– Nez bouché

– Sinus congestionnés

– Ecoulement nasal

– Problèmes respiratoires

– Perte du goût et de l’odorat

– Démangeaisons à l’arrière de la bouche ou dans la gorge

De l’antihistaminique au masque facial

Pour atténuer les symptômes du rhume des foins, de nombreux médicaments sont disponibles sur le marché. Le choix dépend des symptômes de chaque personne. «Certains bénéficieront d’une prise préventive d’un antihistaminique juste avant et pendant la saison des pollens de graminées, tandis que d’autres devront en prendre de fin janvier ou février jusqu’en août en cas d’allergie aux pollens d’arbres et de graminées. Cela permet d’éviter l’accumulation de plusieurs réactions allergiques simultanées. Une réaction allergique croisée, avec des démangeaisons, des picotements dans la bouche ou un gonflement de la gorge après la consommation, par exemple, de fruits à noyau en raison d’une allergie croisée avec le bouleau ou les graminées, sera moins intense, car le « seau de sensibilité » est maintenu préventivement à un niveau plus bas

Les mesures non médicamenteuses incluent le port de vêtements propres chaque jour, le séchage du linge à l’intérieur, l’aération de la maison et du lieu de travail avant 10 heures du matin, l’investissement dans des moustiquaires anti-pollen et le lavage des mains, des cheveux et du visage dès l’entrée dans un espace intérieur afin d’éviter la dispersion des pollens dans la maison.

Si l’on sort, il vaut mieux porter des lunettes de soleil pour se protéger les yeux, couvrir la peau et les cheveux, et s’appliquer un peu de vaseline autour du nez pour empêcher les pollens de pénétrer. On peut aussi porter un masque facial.

Sur AirAllergy.be, on peut consulter un calendrier pollinique afin de savoir quand les pollens auxquels on est allergique sont actifs.

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