Rester trop longtemps assis fait vieillir davantage: comment l’éviter

Selon une étude américaine, les jeunes -tout autant sédentaires que leurs aînés – risquent de vieillir prématurément.

Le constat est sans appel: les jeunes sont bien trop sédentaires. Tout autant que leurs aînés. Les millenials passent plus de 60 heures par semaine en position assise, ressort-il d’une étude de l’université du Colorado et de l’université de Californie Riverside. Cette sédentarité prolongée entraînerait une accélération du vieillissement, selon les résultats publiés dans la revue PLOS One.

«Les jeunes adultes ont tendance à penser qu’ils sont imperméables aux effets du vieillissement. Ils se disent que leur métabolisme est bon et qu’ils n’ont pas à s’inquiéter avant d’avoir atteint la cinquantaine ou la soixantaine. Mais ce que vous faites pendant cette période critique de la vie a de l’importance», pose le doctorant en génétique, génomique et bio-informatique Ryan Bruellman, de l’université de Californie à Riverside, qui a participé à l’étude.

Les chercheurs américains ont analysé 1.000 personnes âgées de 28 à 49 ans, qui ont déclaré être assises près de 9 heures par jour, jusqu’à 16 heures pour certains, et effectuer 80 à 160 minutes d’activité physique modérée et 135 minutes d’exercice intense en moyenne par semaine. Un mode de vie plutôt actif, et pourtant.

Les jeunes adultes qui restent assis pendant 8,5 heures par jour présenteraient un «risque modéré à élevé» de maladies cardiovasculaires et métaboliques, même lorsqu’ils suivent les recommandations mondiales en termes d’activité physique. La sédentarité peut aller jusqu’à augmenter le risque de mortalité. Un rapport de l’OMS affirme effectivement que la sédentarité provoque une hausse de l’incidence de la mortalité chez les adultes entre 18 et 64 ans liée aux cancers et aux maladies cardiovasculaires, indique Jelle Van Cauwenberg, professeur en épidémiologie à l’Ecole de santé publique de l’ULB. 

«Le fait d’être sédentaire amplifie les problèmes observés en vieillissant», confirme Louise Deldicque, professeure de physiologie de l’exercice à l’UCLouvain. La sédentarité a un impact sur l’appareil circulatoire, au niveau du débit cardiaque, de la vasodilatation et de la vasoconstriction, avec tous les risques de maladies cardiovasculaires que cela implique, renseigne l’experte. La sédentarité affaiblit aussi la densité minérale osseuse. Le temps passé assis a une incidence sur le taux de cholestérol, indique également l’étude.

En Belgique, les enfants de 3 à 9 ans passent en moyenne 5 heures et 15 minutes par jour assis en semaine, et les jeunes de 10 à 17 ans quasiment 8 heures par jour, révèle de son côté une enquête de Sciensano qui a mesuré l’activité physique et la sédentarité de la population belge en 2022-2023. Ils bougent aussi beaucoup moins qu’il y a dix ans. 31 % des enfants âgés de 3 à 9 ans et seulement 19 % des adolescents âgés de 10 à 17 ans respectent les recommandations de l’OMS, à savoir au moins 60 minutes d’activité d’intensité modérée à soutenue par jour en moyenne sur une semaine. Pour un adulte, la recommandation s’élève à au moins 150 minutes d’activité modérée par semaine ou une activité intense d’au moins 75 minutes au cours de la semaine. Il faut tabler jusqu’à 300 minutes/semaine d’activité modérée pour engendrer des bénéfices sur la santé.

Il ne suffit pas de faire du sport

Est sédentaire toute personne qui passe plus de 8 heures par jour assise ou allongée, indépendamment de son activité physique (et hors sommeil). Au lieu d’augmenter sa pratique sportive, il vaut mieux remplacer les moments de sédentarité par de l’activité. «Les recommandations minimales de l’OMS ne suffisent pas à pallier le temps passé sur une chaise ou dans un canapé. Il faut prendre les escaliers au lieu de l’ascenseur, aller faire ses courses à pieds plutôt qu’en voiture…», rappelle Louise Deldicque. Au travail, il peut être bienvenu d’utiliser un bureau debout, de faire régulièrement des pauses debout et d’organiser des réunions en marchant, suggère également l’étude.

Outre la durée totale de sédentarité par jour, le temps consécutif passé assis entre aussi en jeu. «Il est important d’interrompre régulièrement la sédentarité», indique Jelle Van Cauwenberg. Pour cela, il y a des astuces comme ne pas avoir une poubelle à proximité de son bureau, aller à la cuisine pour prendre une pause café. Il existe encore des applications pour contrôler le temps passé assis.

Le fait de pouvoir changer de position régulièrement en classe est aussi bénéfique sur la concentration de l’enfant, souligne le spécialiste.

Parfois compliqué à appliquer dans le mode de vie occidental, où la technologie et la pandémie de Covid ont exacerbé les comportements sédentaires? «La société se divise entre des gens qui bougent énormément, qui font deux à trois heures d’activité physique en plus de leur boulot et des gens qui bougent très peu. Souvent pour des raisons de culture, d’éducation et d’aspect financier», explique la spécialiste.

Attention ça ne veut pas pour autant dire qu’il faut abandonner le sport. Le fait de pratiquer une activité physique intense a un léger effet tampon. Les chercheurs américains ont constaté que les adultes pratiquant une activité physiquement intense d’au moins 30 minutes par jour, comme du vélo ou de la course à pieds, paraissent plus jeunes métaboliquement. Leur IMC et taux de cholestérol étaient comparables à ceux de personnes de cinq à dix ans plus jeunes autant assises qu’eux mais qui ne faisaient pas de sport.

Louis Deldicque recommande aussi de varier les types d’activités physiques: «Musculation, endurance, équilibre, souplesse, chaque activité joue sur un aspect de la santé».

En conclusion, allier activité physique et moins de temps assis est la bonne combinaison pour prévenir le vieillissement prématuré.