Chaque année, près de 20.000 personnes à travers le monde font un AVC. © BELGAIMAGE

Prédire les risques d’AVC grâce à une prise de sang ?

Ludivine Ponciau
Ludivine Ponciau Journaliste au Vif

Malgré les dispositifs de prévention et de surveillance des profils à risque, prédire qui fera ou non un accident vasculaire cérébral (AVC) reste impossible. Une équipe de chercheurs a découvert un moyen de mieux évaluer ce risque à travers les résultats d’une prise de sang.

Chaque année, près de 20.000 personnes sont victimes d’un accident vasculaire cérébral (AVC), soit 52 par jour. Parmi elles, 9.000 décèdent dans l’année et 6.000 gardent d’importantes séquelles (paralysie partielle ou complète, difficultés à marcher ou parler, troubles de la mémoire…). Il s’agit d’ailleurs de la première cause de handicap chez l’adulte.

La plupart des accidents vasculaires cérébraux sont dus à l’obstruction d’une artère (ischémiques), mais ils peuvent aussi être liés à la rupture d’une artère (hémorragiques). Dans un cas comme dans l’autre, les symptômes les plus courants sont une paralysie, une sensation anormale ou, au contraire, l’absence de sensation d’un côté du corps, des étourdissements, des troubles de l’élocution et/ou une parole confuse, une perte d’équilibre, un manque de coordination dans les mouvements, des céphalées intenses et soudaines.

Plusieurs facteurs sont associés à une probabilité plus élevée de faire un AVC. Les principaux sont une hypertension artérielle, un taux de cholestérol trop élevé, le diabète, les apnées du sommeil, le tabagisme et la consommation d’alcool, la sédentarité, l’hérédité, une arythmie cardiaque ou encore le stress.

Une découverte importante vient apporter un peu d’espoir dans la prévention de ces pathologies neurologiques invalidantes. Publiée dans la revue médicale Stroke, éditée par l’American Heart Association (AHA), l’étude met en évidence l’association du risque d’AVC avec un composite de biomarqueurs de réseau inflammatoire centré sur une protéine, l’interleukine-18 (IL-18). Cette molécule inflammatoire, présente dans le sang et les tissus, joue un rôle dans l’activation de certaines cellules immunitaires en déclenchant une série de réactions en cascade. Lorsqu’elle n’est pas régulée, elle peut provoquer l’apparition de maladies auto-immunes ou inflammatoires.

Selon des chercheurs de l’Université de Californie, mesurer la concentration d’interleukine-18 dans le sang permettrait d’établir un score de risque de susceptibilité à la maladie des petits vaisseaux cérébraux. Ce dysfonctionnement des petites artères qui irriguent le cerveau figure parmi les facteurs de risque d’AVC les plus importants. De précédentes études avaient déjà suggéré que certaines molécules individuelles du réseau IL-18 étaient associées aux maladies des petits vaisseaux et donc au risque d’AVC et de déficience cognitive. Or, la concentration de ces molécules individuelles peuvent fluctuer en réponse à d’autres maladies ou infections, telles que la grippe ou des maladies auto-immunes.

Les chercheurs ont analysé les échantillons sanguins et les antécédents médicaux de plus de 2.200 participants, hommes et femmes, pour développer un score de risque d’accident vasculaire cérébral basé sur la concentration d’interleukine-18. Ils ont ainsi pu observer que les intervenants dont les scores de risque se situaient dans les 25% supérieurs avaient une probabilité de plus de 80% de d’avoir un accident vasculaire cérébral. «Relier des voies inflammatoires spécifiques à une maladie cérébrale des petits vaisseaux peut améliorer l’évaluation quantitative individualisée du risque d’accident vasculaire cérébral futur et de déficience cognitive vasculaire», en concluent les auteurs de l’étude.

Actuellement, la prévention s’appuie essentiellement sur la surveillance et la gestion des facteurs de risques associés, la prise en compte des antécédents familiaux et des habitudes de vie du patient, ainsi que l’imagerie médicale (IRM). Dans certains cas, des médicaments antiplaquettaires (qui empêchent les plaquettes de sang de s’agréger et de former des caillots) sont prescrits de façon préventive ou pour éviter les récidives.

La découverte de l’équipe américaine devrait surtout permettre de repérer les personnes « à risque résiduel », autrement dit celle qui ont déjà fait un AVC et qui, malgré une bonne prise en charge font quand même un autre accident, tempère toutefois dans Le Figaro, le professeur Yannick Béjot, chef du service de neurologie de l’hôpital de Dijon et auteur de l’ouvrage « Les AVC en 100 questions/réponses » (éd. Ellipses).

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