Pourquoi s’empêcher d’éternuer est dangereux (et peut provoquer de graves lésions)
Se retenir d’éternuer peut provoquer de graves lésions. Un Liégeois l’a appris à ses dépens…
Atchoum! Achoo! Hastshi! Etciù! Quelle que soit la langue, un éternuement est rarement discret. Certains sont parfois même cocasses. A 160 voire 200 km/h, l’air expulsé par le nez et/ou la bouche provoque, il est vrai, des bruits parfois étonnants. A tel point que certains tentent de réprimer, avec plus ou moins de succès, cette brutale expiration. Un moment de honte étant vite passé, ils feraient pourtant mieux de se laisser aller, quitte à avoir l’air ridicule, à faire sursauter ou à «déranger» les personnes aux alentours. Se retenir d’éternuer peut en effet avoir de fâcheuses conséquences…
La raison est simple. Et tient en une simple augmentation de pression. Plus on tente de résister au réflexe d’éternuement – il consiste en une contraction puissante des muscles expirateurs, notamment les muscles intercostaux, afin de nous permettre d’expulser des particules irritantes présentes dans la cavité nasale – plus la pression de l’air expulsé sera élevée. De l’ordre de cinq à 24 fois comparé à un éternuement normal, ont établi plusieurs études. Cette brusque augmentation de la pression peut alors provoquer des lésions variées.
Marc Gozlan, journaliste et médecin de formation, a récemment épluché la littérature scientifique sur le sujet. Ses recherches, publiées sur son blog «Réalités biomédicales», font notamment état d’un cas liégeois, détaillé en 2022 dans la Revue médicale de Liège. Un patient avait dû être suturé au front à la suite d’un accident de la route. Le lendemain, sans doute pour éviter d’endommager sa suture, l’homme s’est retenu d’éternuer. A l’issue de cet effort, un brusque gonflement à sa joue droite est apparu, accompagné d’une perte de sensibilité du visage, de la paupière supérieure à la commissure des lèvres. Le tout accompagné d’un «crépitement gazeux», signe d’une diffusion d’air sous la peau. Verdict au scanner: fracture du sinus maxillaire droit avec enfoncement de la paroi latérale et un emphysème sous-cutané diffus du côté droit de la face, depuis le sommet du crâne jusqu’à la base du cou. Rien de moins, pour un simple éternuement réprimé!
Et l’auteur d’enchaîner les exemples relatés par de multiples médecins et revues spécialisées à travers le monde: une thrombose veineuse cérébrale chez une jeune fille de 19 ans, une fracture du cartilage thyroïde chez un homme de 31 ans, mais aussi emphysème orbitaire, perte de vision à la suite d’un œdème, hématome sous-dural, pneumocéphalie (air sous la voûte crânienne), lésion du canal thoracique ou encore déchirure du diaphragme.
Dès lors, même si votre éternuement génère un son équivalent à celui d’une tondeuse à gazon (90 dB) – le record est détenu par un Chinois: 165 dB, soit le bruit d’une arme à feu ou d’un avion qui décolle –, laissez ce réflexe s’exprimer. Après tout, l’éternuement est un mécanisme de protection respiratoire. A l’époque romaine, il était signe de bon ou mauvais augure, selon les circonstances, d’où l’expression «Que Jupiter te conserve» devenue «Que Dieu vous bénisse». S’abstenir ferait pencher la balance du mauvais côté. A vos souhaits!
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