Pourquoi n’arrive-t-on pas à oublier son premier amour ?
Même s’il remonte parfois à plusieurs décennies, il n’est pas rare qu’un premier amour hante encore les esprits. Celui ou celle qui n’est pourtant plus qu’un souvenir a souvent un parfum de regret, un goût de reviens-y.
Pourquoi est-on si nombreux à penser si souvent à une personne qu’on a, pour la plupart, complètement perdue de vue ? N’en déplaise aux âmes romantiques, la réponse à cette question est froidement scientifique. En effet, le fait qu’on se souvienne de son premier amour est un mécanisme purement biologique.
Un premier béguin a généralement lieu à l’adolescence, quand le cortex préfrontal n’est pas encore totalement mature. Or c’est cette partie du cerveau qui nous aide à évaluer les risques et à garder une maîtrise de soi. Les adolescents avec leur cortex frontal pas encore tout à fait paré pour la vie ont des émotions très exacerbées. Ils ressentent tout beaucoup plus intensément, de façon entière, sans nuances.
A l’adolescence, on est encore une page blanche. Sans expériences, aucun signal d’alerte ne vient modérer un enthousiasme débridé. Du coup, un premier amour est le plus souvent pur et sans réserve. C’est un saut de tout son être vers l’inconnu. Une candeur définitivement perdue dès qu’on a gouté aux morsures de l’amour. Les désillusions pousseront en effet la plupart à se montrer plus prudent.
Dans cette première relation, on est aussi souvent pour la première fois aimé par quelqu’un d’autre que sa famille ou ses amis. Une relation aussi intense laisse une impression très profonde qui peut continuer à vibrer longtemps. C’est la théorie psychologique de l’empreinte. Une théorie selon laquelle nous nous attachons fortement aux premières personnes avec lesquelles nous avons certaines relations. Un bel exemple est la mère qui est une des empreintes de l’enfance.
Enfin, de façon plus prosaïque, c’est une première fois… et l’on se souvient toujours mieux des premières fois puisque l’excitation liée à cet évènement permet de mieux l’ancrer dans un esprit. Ainsi, la plupart se souviendront aussi parfaitement de leur première journée de travail, de leur premier voyage sans les parents, ou encore de leur première plaque de voiture.
Ne pas juger ses relations suivantes en se basant sur la première
Les premières relations peuvent être si intenses et passionnées que les relations suivantes risquent de sembler insipides puisqu’on utilise comme seul critère une passion intense et irréaliste. Ainsi, le docteur Malcolm Brynin de l’Institut de recherche sociale et économique de l’Université d’Essex a découvert que l’euphorie du premier amour peut nuire aux relations futures. Le docteur précise même que « le secret du bonheur à long terme dans une relation est de sauter une première relation ».
Les adultes qui sont dans des relations heureuses à long terme sont ceux qui ont adopté une vision calme et pragmatique de ce qu’ils attendent d’une relation. Et celle-ci est souvent basée sur l’engagement et la fiabilité. Deux choses qui ne riment pas vraiment avec passion. Si on ne doit pas pour autant renier la passion pour être heureux, le principal est de rester pragmatique et de comprendre que les relations entre adultes sont différentes de celles du premier amour.
Le comprendre, n’empêche d’ailleurs en rien de chérir les souvenirs de cette relation de jeunesse. Celle-ci reste quelque chose de spécial qui a contribué à vous former en la personne que vous êtes aujourd’hui.
Est-ce une bonne idée de retrouver cet amour des années plus tard ?
Là aussi la réponse devrait à nouveau doucher les âmes les plus romantiques.
L’image que l’on garde d’un premier amour est romancée. Elle est passée au filtre de la nostalgie. Le premier amour symbolise souvent un moment de la vie ou les personnes se sentent vivantes et pleines de promesses. Or une image trop positive n’est probablement pas le reflet de la réalité. Après tout, si cette première relation a pris fin, c’est qu’elle n’était pas si parfaite, même si l’on a un goût d’inachevé. Par ailleurs en cherchant à retrouver quelqu’un qu’on a plus vu depuis des années, on risque de se retrouver devant un parfait inconnu. Les gens changent, ils évoluent.
On constate aussi souvent que ce sont les femmes qui recherchent leur premier amour révèlent le magazine Psychologie. « Les hommes s’attardent moins sur leur premier amour. S’ils s’ennuient un peu avec leur compagne, ils préféreront se lancer dans des aventures extraconjugales. Et puis, inconsciemment, ils sont freinés par la peur d’être confronté au nouveau conjoint, car un homme se sent vite inférieur à son concurrent ». Par ailleurs, « la réapparition d’une passion de jeunesse ne pourrait qu’apporter des complications ». Une chose dont ils ne sont pas friands et qui risquerait de refroidir l’accueil.
Ceux et celles qui placeraient trop d’espoirs dans ce genre de retrouvailles pourraient donc être cruellement déçus. Car les chances d’une fin heureuse existent, mais la possibilité que cela se finisse dans les larmes et l’aigreur est bien réelle, la déception étant très souvent au rendez-vous.
Si cette déconvenue peut être salutaire dans certains cas, puisque cela permet de tourner une page, dans bien d’autres cela risque juste de flétrir un beau souvenir. Une chose à ne pas perdre de vue lorsque, souvent pas ennui, il faut bien le dire, on se remet à farfouiller à la recherche de personnes de son passé.
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