Femme ménopausée
©BelgaImage

Pourquoi le risque d’invalidité concerne désormais plus les femmes que les hommes

Si la hausse de l’invalidité concerne les deux sexes, celle touchant les femmes est si importante qu’elles sont aujourd’hui plus nombreuses que les hommes dans ce cas, ce qui n’était pas le cas auparavant.

Si le nombre de personnes en incapacité de travail augmente de manière significative depuis 2000, cette croissance est davantage marquée chez les femmes que chez les hommes, soulignent mercredi les Mutualités libres sur base de chiffres de l’Inami. «Une différence entre les genres dont on parle étonnamment peu alors que nous devrions explorer toutes les pistes susceptibles d’enrayer l’augmentation des maladies de longue durée», déplorent-elles dans une étude.

La faute à «des choix de société»

En 2000, l’on comptait environ 75.000 femmes et plus de 100.000 hommes en incapacité de travail. Vingt ans plus tard, en 2021, l’on recensait plus de 250.000 femmes dites invalides (en incapacité de travail depuis plus de 12 mois) contre moins de 200.000 hommes, relèvent les Mutualités libres. Depuis 2009, les femmes sont plus nombreuses que les hommes en incapacité de travail. En termes de proportion de la population active, 15% des femmes étaient en invalidité en 2021, contre moins de 9% des hommes.

Ce fossé entre les genres «s’explique en grande partie par des choix de société», avancent les Mutualités libres. Elles pointent que les recherches scientifiques sur les troubles spécifiques aux femmes (endométriose, syndrome des ovaires polykystiques…) sont peu nombreuses. Un manque de connaissance qui mène à des diagnostics tardifs et des traitements moins appropriés.

En outre, un tabou persiste sur les pathologies féminines, comme la ménopause, ce qui entraîne que le sujet est peu abordé sur le lieu de travail. Les femmes sont pourtant généralement ménopausées entre 45 et 55 ans, lorsqu’elles travaillent toujours. La périménopause, période précédant la ménopause, s’accompagne en outre souvent d’insomnie, d’épuisement, d’humeur dépressive ou encore de perception détériorée de la santé. Or ce trouble est souvent sous-estimé et des femmes en souffrant sont probablement régulièrement mal diagnostiquées.

Autre facteur d’explication: les secteurs où le risque d’invalidité de longue durée est plus élevé (services administratifs, services sociaux, soins de santé, etc.) comptent plus de femmes. Les responsabilités familiales reposent en outre encore davantage sur les épaules des mères, qui occupent aussi plus souvent des emplois à temps partiel, ce qui maintient un écart salarial.

Dix recommandations pour lutter contre l’invalidité

Réduire les inégalités entre les hommes et les femmes est crucial, non seulement pour réduire l’incapacité de travail mais aussi pour améliorer le marché de l’emploi en général, soulignent les Mutualités libres. Celles-ci citent l’Institut européen pour l’égalité entre les hommes et les femmes, selon lequel jusqu’à 10,5 millions d’emplois supplémentaires pourraient être créés dans l’UE d’ici 2050 en assurant une meilleure égalité entre les genres.

Pour réduire les inégalités, les Mutualités libres formulent dix recommandations, dont le lancement d’une campagne d’information sur la périménopause et les affections spécifiques aux femmes, afin d’améliorer leurs connaissances sur le sujet mais aussi briser le tabou au travail. Les médecins devraient aussi être formés sur ce thème. Les Mutualités libres plaident également pour un soutien des employeurs dans l’adoption d’une politique en matière d’égalité des genres ainsi que pour une politique d’égalité des genres transversale. Elles proposent dès lors que cette compétence revienne à un ou une ministre, plutôt qu’à un secrétariat d’État. Partage égal des responsabilités de soins entre hommes et femmes, équilibre entre les vies professionnelle et privée, actualisation de la liste des maladies professionnelles ou encore prévention de l’incapacité de travail dans les secteurs où les taux d’invalidité sont élevés figurent également parmi les recommandations. Les Mutualités libres demandent enfin d’investir dans la recherche sur les pathologies qui touchent spécifiquement les femmes, ainsi que dans des études cliniques avec des sujets féminins, en prêtant attention aux différences de sexe et de genre. Il faudrait aussi investir dans la recherche sur les facteurs tels que la carrière des femmes, leur rôle social ou tout autre élément ayant un impact sur leur incapacité de travail.

Contenu partenaire