Pourquoi le bruit de l’eau et le froid donnent-ils envie d’uriner?
C’est avéré, le bruit de l’eau et le froid donnent envie d’urine. En voici les raisons.
«Psssssssssssss…» Enfant, on a tous joué à simuler uriner pour embêter un camarade aux prises avec un besoin pressant. Ou, plus perfide, à plonger les doigts d’un petit frère ou d’une petite sœur, d’un copain ou d’une copine, dans de l’eau froide pendant son sommeil pour provoquer l’humiliant «pipi au lit».
C’est avéré, le bruit de l’eau et le froid influencent l’envie d’uriner. L’explication scientifique a longtemps oscillé entre réflexe pavlovien et phénomène de vasoconstriction. Jusqu’à ce que des chercheurs de la KU Leuven viennent un tantinet bousculer ces urgences mictionnelles.
C’est l’Autrichien Alfred Adler qui, le premier, en 1918, a établi la sensibilité vésicale au froid après avoir constaté que le détrusor – le muscle de la paroi de la vessie – se contracte de façon inhabituelle lorsqu’on fait lentement passer de l’eau dans la poche membraneuse. La contraction augmente la pression vésicale et donne envie d’uriner.
Par ailleurs, sous l’action du froid, le diamètre des vaisseaux sanguins a tendance à diminuer pour ralentir la perte de chaleur du corps. Et diriger le sang en priorité vers les organes essentiels, parmi lesquels les reins. Cet afflux de sang les fait davantage fonctionner et, par conséquent, produire une plus grande quantité d’urine.
Ajoutons à cela qu’en période de températures basses le corps transpire moins, les reins doivent alors filtrer plus, ce qui peut accroître la miction.
Sauf que les responsables sont surtout nos canaux ioniques, ces petits pores qui permettent le passage à grande vitesse des ions à travers la membrane cellulaire. Et plus précisément les canaux ioniques TRPM8 (Transient Receptor Potential), les canaux dits «thermorécepteurs» qui présentent la particularité de s’activer soit lors d’une variation de température, soit lors de leur mise en présence avec des molécules mimant l’effet du froid ou de la chaleur. Ainsi, il suffirait de «bloquer» ces TRPM8 (par exemple, avec des médicaments) pour ne plus avoir d’envie pressante sous l’effet du froid. C’est ce qu’ont démontré, en 2015, le professeur Thomas Voets et son équipe du laboratoire de recherche sur les canaux ioniques et d’urologie expérimentale de la KU Leuven.
Et pour le son de l’eau, alors? Ce serait une question de réflexe conditionnel. Comme les chiens de Pavlov qui se mettaient à saliver à la suite d’un simple tintement de cloche après avoir assimilé ce son à la nourriture. Puisque notre cerveau associe le fait d’uriner à de l’eau qui coule, l’entendre provoque une diurèse pressante. Bref, le stimulus engendre la réponse.
Plus curieux, certains connaîtraient le même phénomène sur le chemin du retour à la maison. Ce que d’aucuns appellent le «syndrome du paillasson» ou «syndrome de la clé dans la serrure». Plus on approche de son chez-soi, plus l’envie devient forte. Heureusement «le cerveau contrôle cette sensation, analyse la proximité des toilettes et organise le comportement afin d’avoir le temps de s’y rendre pour vider tranquillement sa vessie», détaille le Dr Daniel Faltin, de l’hôpital universitaire de Genève, sur le site de la RTS. Il arrive cependant que le cerveau lâche prise malgré tout, et là, c’est la fuite.
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