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Pourquoi le bâillement est contagieux… même chez les personnes aveugles

Soraya Ghali
Soraya Ghali Journaliste au Vif

C’est irrésistible et involontaire: l’un bâille et l’autre bâille à son tour, même s’ils ne sont pas tout proches. Un phénomène qui peut se produire à n’importe quelle heure, même lorsqu’on n’a absolument pas sommeil. En cause? Le caractère social de l’homme.

Le bâillement, événement physiologique normal et commun à la quasi-totalité des vertébrés (à l’exception de la girafe), d’une durée de cinq à dix secondes, engendre une sensation de bien-être. Il se caractérise, en effet, par une contraction et un étirement généralisés des muscles respiratoires (diaphragme, intercostaux), de la face et du cou. Un cycle respiratoire identique qui se déroule en trois séquences: une inhalation longue et très profonde, suivie d’un moment durant lequel la respiration se bloque brièvement et où l’étirement des muscles est maximal, puis, enfin, une expiration qui coïncide avec un relâchement et une détente des muscles, lente chez l’homme, plus rapide chez les primates.

Toutes les recherches menées ont montré que bâiller est un signal envoyé au corps pour avertir d’un possible changement d’état de vigilance. On bâille quand on a faim ou que l’on est rassasié, que l’on a sommeil ou que l’on se réveille. Le bâillement accompagne les rythmes du corps et avertit de l’imminence du passage à une autre phase.

Mais quelle est l’explication de la contagion du bâillement, scientifiquement appelée «échokinésie du bâillement»? Elle se loge dans le cerveau et, plus précisément, dans le lien entre perception d’autrui et fonctionnement neuronal. Ce lien réside dans une certaine catégorie de neurones moteurs: les neurones miroirs. Ces cellules nerveuses sont celles qui permettent à l’être humain de se voir agir à la place de l’autre. Elles sont à l’origine d’un apprentissage par imitation et de l’empathie, notamment.

Pourquoi le bâillement est contagieux ? Pour sortir le groupe de la somnolence

Pourtant, l’humain n’imite pas perpétuellement les gestes des autres. Car, en temps normal, quand les neurones miroirs s’activent, le cortex moteur subit une inhibition, sauf dans certains cas, comme celui du bâillement. Une exception qui s’expliquerait par un processus de sélection naturelle. La réplication du bâillement aurait pour effet d’accroître les états de la vigilance entre les individus. Bâiller tous ensemble sort le groupe de la somnolence et le prévient que la vigilance de l’un de ses membres à l’égard des prédateurs diminue.

Le bâillement étant contagieux également chez les personnes aveugles, la contagion ne se fait donc pas que visuellement. Le son provoqué par le bâillement ou sa simple évocation suffisent à le déclencher. En moyenne, 75% de la population est sensible au bâillement d’autrui; les 25% restants manifestent une capacité d’empathie moindre.

Le phénomène de contagion semble d’ailleurs fortement lié à la sociabilité. Chez les animaux, seules les espèces très intelligentes et très sociales, soit les primates, bâillent en réaction à leurs congénères.

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