Pourquoi la gale est-elle en recrudescence?
La gale est en recrudescence en Belgique. A Anvers, les pharmacies sont même à court de médicaments. L’Agence flamande pour les soins et la santé constate également une tendance à la hausse.
Les pharmaciens anversois n’ont pratiquement plus de crèmes contre la gale. Cette maladie de peau contagieuse, causée par l’acarien de la gale, le sarcopte, continue de circuler dans la région. Ailleurs en Flandre et dans les pays voisins, les médecins généralistes signalent également une incidence supérieure à la normale.
Il est difficile de connaître le nombre exact de personnes. « Il y a un sous-rapportage », déclare Joris Moonens de l’Agence pour les soins et la santé. « Pour les cas individuels ou familiaux, il n’y a plus d’obligation de déclaration. La gale collective, c’est-à-dire plusieurs cas dans une communauté comme les écoles et les établissements de soins, doit encore nous être signalée, mais là aussi, il y a probablement un sous-rapportage. La pandémie de Covid a encore renforcé ce sous-rapportage« . Ces dernières années, l’Agence flamande pour les soins et la santé (Agentschap Zorg en Gezondheid) observe une tendance à la hausse du nombre de cas de gale.
Mystère
Bien que la gale semble être une maladie du passé ou qui prolifère dans les pays plus pauvres, il y a des périodes occasionnelles en Belgique où les cas de gale montent en flèche. Ce n’est d’ailleurs pas inhabituel. La gale connaît des cycles épidémiques pour lesquels il n’y a pas encore d’explication claire. Dans les pays au climat tempéré, l’incidence de la gale est plus élevée en hiver qu’en été. C’est probablement dû au fait qu’ils « vivent plus près les uns des autres » pendant cette saison et que, lorsque les températures sont plus basses, l’acarien peut survivre plus longtemps sans son hôte », souligne l’Agence pour les soins et la santé.
La gale était particulièrement répandue pendant la Seconde Guerre mondiale et les années 1960, probablement en raison des conditions de vie et de la révolution sexuelle. En 2013, cette affection a également fait l’objet d’une grande attention médiatique lorsque les dermatologues ont parlé d’une nouvelle épidémie, mais comme la gale n’est plus une maladie à déclaration obligatoire depuis 2009 et qu’aucun chiffre exact n’est disponible, il était difficile de trouver une explication à ce phénomène.
Les médecins sont également dans l’ignorance de l’augmentation actuelle, perceptible depuis un certain temps. Peut-être que la levée des mesures sanitaires a redonné libre cours aux acariens, comme c’était le cas pour la grippe. Mais même avant la pandémie de coronavirus, il y avait une légère augmentation. Il est également possible que le diagnostic soit posé trop tard ou que les mesures d’assainissement radicales de la gale ne soient pas toujours appliquées avec la même rigueur, ce qui permet à la maladie de se propager facilement. L’Agence flamande pour les soins et la santé a donc mis en place un groupe de travail pour préciser le traitement de la gale, en coopération avec l’association médicale Domus Medica.
Enfin, les scientifiques espèrent utiliser l’analyse de l’ADN de l’acarien pour découvrir les voies de propagation du parasite et donc les facteurs à l’origine de la maladie.
Innoffensif, mais ennuyeux
Heureusement, la gale n’est pas une maladie dangereuse, mais elle est très gênante et son impact sur la vie du patient est énorme. L’acarien de la gale s’installe sous la peau, provoquant des cloques et des bosses rouges et de fortes démangeaisons, surtout la nuit. L’acarien aime vivre sur les doigts, les orteils, les poignets, l’aine, les aisselles et autour des chevilles.
La gale ne disparaît pas d’elle-même, mais se traite facilement avec une pommade spéciale à base de perméthrine ou de benzoate de benzyle, qui doit être appliquée sur tout le corps pour tuer les sarcoptes. Tous les contacts du patient, comme les membres de sa famille (les animaux domestiques ne peuvent pas attraper la gale), doivent également être traités. Tout ce qui peut être lavé dans la maison doit l’être à 60 degrés, des chaussures aux sacs en passant par les jouets en peluche, ou être enfermé dans des sacs hermétiques.
Les patients ne doivent pas désespérer si leur pharmacien est à court de pommade. L’Institut de médecine tropicale (ITG) dispose de médicaments sous forme de comprimés, notamment l’antiparasitaire ivermectine. Ce dernier n’est tout de manière pas disponible dans les pharmacies ordinaires.
Honte de la gale
Beaucoup de gens ont honte lorsqu’elles ont la gale. Il n’y a pas besoin de l’être. La gale est présente partout dans le monde, dans toutes les classes sociales, toutes les races et tous les âges. On attrape le parasite par un contact prolongé et étroit avec une personne infectée, par exemple par des contacts sexuels, en empruntant des vêtements ou en traînant ensemble sur le canapé. C’est pourquoi la maladie est si répandue dans les maisons d’étudiants. La gale est également apparue récemment dans certains centres d’asile. En revanche, serrer la main de quelqu’un ne vous donnera pas la gale.
L’Aviq (l’Agence pour une Vie de Qualité) rappelle également qu’il n’y a plus d’obligation de déclaration de la gale pour les cas individuels ou familiaux. Seuls les cas collectifs doivent être rapportés.
Cependant, des ruptures de stock de pommade anti-gale dans les pharmacies de Liège et de Namur permettent de déduire une augmentation de cas de gale dans ces deux villes en début d’année. (CB)
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