Focus sur l’homosalate, cet inquiétant perturbateur endocrinien… toujours présent dans certaines crèmes solaires
L’homosalate, un filtre solaire reconnu comme perturbateur endocrinien, sera proscrit en Europe à partir de janvier 2025. Face à cette interdiction, de nombreux fabricants ont adapté la composition de leurs crèmes solaires. Mais des produits contenant cette molécule nuisible existent encore sur le marché.
Alors que l’été bat son plein, nombreux sont les Belges à boucler leurs valises pour quelques jours de vacances bien mérités. Pour ceux qui mettent le cap vers le Sud, la crème solaire sera un des éléments indispensables à glisser dans ses bagages. Et cette année, encore plus que d’autres, mieux vaut être vigilant lors de la sélection de ses produits anti-UV, car leur composition a peut-être changé.
Fin novembre 2022, le Parlement européen a en effet révisé sa régulation sur les substances présentes dans les produits cosmétiques. Plusieurs molécules, suspectées de présenter des risques pour la santé, ont été passées au crible par le Comité scientifique pour la sécurité des consommateurs (CSSC). Le résultat est sans appel : l’homosalate, entre autres, est considéré comme un perturbateur endocrinien et sera interdit dans les crèmes solaires à partir du 1er janvier 2025. Seule sa présence dans les crèmes pour le visage sera autorisée, mais à une concentration maximale de 7,34%.
« Les études ont révélé que l’homosalate avait des effets néfastes non seulement sur les utilisateurs des produits qui en contiennent, mais également sur la faune aquatique, indique le dermatologue Dominique Tennstedt. En tant que perturbateur endocrinien, il aurait un effet sur les oestrogènes et les androgènes des poissons. »
Quelles alternatives?
Ces nouvelles règlementations européennes représentent un défi colossal pour de nombreuses firmes pharmaceutiques, car l’utilisation de l’homosalate était jusqu’alors extrêmement répandue. « L’homosalate est un filtre solaire très efficace », reconnaît le Dr Tennstedt, qui rappelle qu’au contraire des écrans solaires, qui renvoient les rayons UV, les filtres solaires, eux, les absorbent. « A l’instar de l’octocrylène, lui aussi menacé d’interdiction, l’homosalate était employé par de nombreuses marques, car, sur papier, c’est un produit merveilleux : il est super efficace, et en plus, il n’est pas cher ! ».
Heureusement, plusieurs alternatives se présentent aux fabricants. « Dans la famille des benzophénones, il existe de nombreux filtres solaires efficaces qui ne sont pas (encore) interdits, tels que le mexoryil, l’uvinul, le tinosorb ou encore l’avobenzone », indique le dermatologue Tennstedt.
Un même produit, mais deux recettes différentes
De nombreuses marques ont ainsi récemment adapté la composition de leurs produits pour anticiper l’entrée en vigueur des interdictions européennes, comme Eucerin, par exemple. Cela étant, durant la période de transition actuelle, il se peut que plusieurs versions du même produit coïncident dans les rayons des supermarchés ou en pharmacie : la vieille version qui contient encore de l’homosalate, et la nouvelle qui en est dépourvue. Test Achats conseille aux utilisateurs de bien lire les étiquettes des produits afin d’éviter les filtres nocifs. L’association des consommateurs met également en garde contre certains produits dont la protection anti-UV peut être réduite dans leur formule actualisée.
Pour rappel, seules les crèmes pour le visage sont pour l’heure épargnées par cette interdiction. Pour Dominique Tennstedt, cette exception s’explique par leur plus faible concentration en homosalate. « Dans les crèmes pour le visage, l’homosalate n’est pas utilisée pour protéger l’utilisateur du soleil, mais pour protéger la crème. C’est un filtre qui agit comme retardateur de vieillissement, c’est-à-dire qu’il empêche la crème de rancir ou de voir son odeur altérée. Les concentrations y sont beaucoup moins grandes que quand on l’utilise comme véritable filtre solaire. »
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