
Pourquoi il faut «tenir à l’œil» l’épidémie de rougeole dans les stations de ski: «Une maladie extrêmement contagieuse»
L’Autriche et la Suisse, comme d’autres destinations européennes de ski, sont actuellement touchées par une épidémie de rougeole. Pour les vacanciers belges, enfants comme adultes, la vigilance reste de mise face à une maladie «extrêmement contagieuse».
Un haut-lieu de propagation. En mars 2020, la station de ski autrichienne d’Ischgl devenait l’un des premiers foyers de contaminations au Covid-19. La gestion chaotique de l’épidémie dans l’«Ibiza des Alpes», entraînant la prolifération du virus aux quatre coins de l’Europe, aura finalement valu aux autorités locales une quinzaine d’actions en justice.
Cinq ans plus tard, c’est au tour de la rougeole de jouer les trouble-fêtes dans plusieurs destinations privilégiées des skieurs. L’Autriche, la Suisse ou encore l’Italie sont en effet en proie à une flambée des cas de cette infection virale «extrêmement contagieuse» sur leur territoire. «C’est une épidémie à tenir à l’œil, met en garde Yves Van Laethem, spécialiste des maladies infectieuses. A l’époque, l’explosion du Covid en Belgique a été en grande partie liée au retour de skieurs qui avaient passé les vacances de carnaval à l’étranger. Il ne faudrait pas que le scénario se reproduise.»
10,3 millions de cas en 2023
Comme le coronavirus, la rougeole se transmet par voie aérienne, via des micro-goutelettes. Mais son degré de contagiosité s’avère bien plus important. «Il suffit presque de regarder quelqu’un qui a la rougeole pour l’attraper, schématise l’infectiologue. Il faut très peu de particules virales pour être infecté. On estime qu’un cas primaire entraîne environ 16 à 18 contaminations secondaires. C’est l’un des taux de reproduction les plus élevés qui existe.»
Considérée comme une maladie «maîtrisée» dans de nombreux pays européens, la rougeole a pourtant fait son grand retour ces dernières années. Le nombre de cas a ainsi bondi de 20% dans le monde en 2023, avec plus de 10,3 millions de contaminations et 107.000 décès recensés. Cette recrudescence, également observée en Belgique, s’explique notamment par une couverture vaccinale trop faible. «Pour contrôler la maladie, il faut que deux doses de vaccins soient administrées à plus de 95% de la population», rappelle Yves Van Laethem.
Un seuil d’immunité collective encore loin d’être atteint en Belgique. «Le taux de première vaccination, administrée à l’âge d’un an, atteint bien les 95%, souligne l’infectiologue. Mais seule 83 % de la population a reçu une deuxième dose (conseillée entre sept et neuf ans), ce qui est loin d’être suffisant.» Avec à peine trois quarts (75%) de leur population complètement vaccinée, Bruxelles et la Wallonie sont les mauvais élèves du pays.
Un mort sur 1.000
A l’aube du congé de carnaval, Vivalis (l’administration en charge de la santé et de l’aide aux personnes à Bruxelles) appelle dès lors les touristes à la vigilance. Elle rappelle l’importance de vérifier le statut vaccinal des enfants, mais également des adultes, avant le départ en vacances. Car si les jeunes de moins de 10 ans sont les plus à risques de contracter la maladie, les plus âgés ne sont pas non plus épargnés. «Chez les jeunes adultes, la rougeole peut donner lieu à de conséquences sévères, comme des pneumonies ou des encéphalites, avertit Yves Van Laethem. C’est une maladie qui n’est pas bénigne, avec un taux de mortalité de l’ordre de un sur 1.000.»
Le plus souvent, la rougeole se manifeste par de la fièvre et l’apparition de taches rouges sur la peau (éruption cutanée). Contrairement à d’autres pathologies, la rougeole est une maladie purement humaine, sans réservoir animal. «Son éradication totale est donc tout à fait atteignable via la vaccination, rappelle Yves Van Laethem. Mais encore faut-il s’en donner les moyens.»
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