vasectomie
vasectomie © Getty

Pourquoi de plus en plus d’hommes recourent-ils à la vasectomie? (infographie)

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

De plus en plus d’hommes recourent à la vasectomie comme moyen de contraception, une tendance liée à une participation accrue de l’homme à la contraception du couple. Urologue et chef de service à l’hôpital Ambroise Paré à Mons, Michel Naudin rappelle toutefois qu’il faut être certain ne plus vouloir d’enfant avant d’envisager une vasectomie.

Depuis quelques années, le nombre de vasectomies augmente en Belgique. Ainsi, le chiffre est passé de 8 143 interventions en 2007 à 15 260 en 2022, ce qui signifie que l’année dernière, 41 hommes par jour en moyenne, ont subi une vasectomie.

Même si le nombre de vasectomies a baissé durant la pandémie, la hausse était déjà marquée avant 2020, souligne Michel Naudin, urologue, et chef de service à l’hôpital Ambroise Paré à Mons. « Dans mon service, nous comptons entre 150 et 200 cas par an, alors qu’avant il y en avait une cinquantaine. Le nombre a donc doublé, voire triplé ».

A l’origine de cette hausse, un besoin croissant de l’homme de participer à la contraception du couple. « L’équivalence de la vasectomie pour la femme est beaucoup plus agressive. Pour une stérilisation, il faut pratiquer une ligature tubaire, une intervention qui nécessite une anesthésie générale et qui entraîne plus de risques », explique l’urologue, qui rappelle que d’autres moyens de contraception fréquemment utilisés, tels que le stérilet et la pilule, ne sont pas plus dénués d’effets secondaires, et présentent également des risques.

Une intervention simple

Pratiquée sous anesthésie locale, la vasectomie consiste à interrompre les deux canaux déférents afin que la fécondation ne puisse plus avoir lieu. La procédure est surtout populaire chez les hommes âgés de 35 à 44 ans. « Chez l’homme l’intervention est beaucoup plus simple, même si c’est une opération, mais qui peut se faire en hôpital de jour sous anesthésie locale, et qu’en général il y a peu de complications », précise le médecin.

En juin dernier, l’urologue Piet Hoebeke (Université de Gand) évoquait également une évolution logique. « La planification familiale est devenue une affaire commune. La contraception a été une grande évolution, mais elle est et reste une hormone externe que la femme doit prendre. A court terme, c’est une bonne solution, mais quand le désir d’enfant est accompli, il faut une autre solution », déclarait-il à nos confrères du journal De Zondag.

Le patient doit toutefois être tout à fait certain de plus vouloir d’enfants au moment de pratiquer la vasectomie. « C’est une intervention pratiquement irréversible. Aujourd’hui, il est possible de faire une réanastomose (NDLR : l’inversion d’une vasectomie) qui permet de récupérer de la fécondité, à condition que la vasectomie ne soit pas trop ancienne. Il y a donc moyen, mais la réussite n’est pas garantie. S’ils ne sont pas tout à fait certains de leur décision, les patients peuvent aussi mettre du sperme en banque », explique  Michel Naudin.

L’urologue rappelle aussi que la vasectomie n’entraîne pas une stérilité immédiate. « Il y a trois mois d’attente. Il y a des spermatozoïdes qui sont dans les tubes, et au moment de l’éjaculation, il peut toujours y avoir des spermatozoïdes qui viennent. Les hommes qui ont subi une vasectomie risquent donc d’avoir un enfant dans les trois mois. Trois mois après l’opération, ils doivent faire un spermogramme et là il faut visualiser qu’il n’y ait plus du tout, voire très peu de spermatozoïdes ».

L’évolution de mentalité s’accompagne d’une baisse de l’appréhension par rapport à la vasectomie, un temps assimilé par certains à une castration. « Les hommes sont de mieux en mieux informés, même s’il y a toujours chez l’homme une inquiétude au niveau de la virilité dès qu’on touche à la sphère masculine », explique Michel Naudin.

Certains hommes craignent en effet que la vasectomie entraîne une baisse de performance ou des problèmes d’érection ou même qu’elle augmente le risque de développer un cancer. « Ce n’est évidemment pas le cas, ni au nouveau de la masculinité, ni au niveau du cancer », souligne Michel Naudin. Il rappelle que la vasectomie n’est en rien une castration qui consiste à enlever les testicules. « Le sperme, l’éjaculation, et l’érection ne disparaissent pas. La seule chose, c’est que dans le sperme il n’y a plus de spermatozoïdes ».

Aux Etats-Unis, le nombre de vasectomies bondit également

Aux Etats-Unis, le nombre de vasectomies a également augmenté, même si ce n’est pas pour les mêmes raisons. En juin l’année dernière, la Cour suprême des États-Unis a enterré effet l’arrêt Roe contre Wade et a donné aux États la liberté d’autoriser ou non l’avortement. Cette décision a entraîné une hausse du nombre de vasectomies. Les données de l’analyste de santé Komodo Health révèlent qu’au cours du second semestre 2022, le nombre de stérilisations masculines aux États-Unis était beaucoup plus élevé que les années précédentes.

The Economist a calculé que la décision de la Cour suprême avait entraîné une augmentation de 17 % dans les six mois suivant l’abrogation de l’arrêt, et même de 29 % entre juillet et septembre. L’augmentation des stérilisations s’est produite dans les 46 États, mais elle a été la plus forte dans les États où les droits à l’avortement ont été fortement restreints juste après la décision. En Arizona, en Floride, en Géorgie, au Tennessee, au Texas et en Utah, le taux d’augmentation dépasse les 40 %.

Selon Doug Stein, un urologue floridien interrogé par The Economist, les patients invoquent plusieurs motifs. Certains redoutent que, sans accès à l’avortement, ils n’aient pas de solution en cas d’échec de leur principale méthode contraceptive. D’autres, qui envisagent la procédure depuis un certain temps, craignent une interdiction de la vasectomie. Un dernier groupe d’hommes subit l’opération par solidarité avec les femmes.

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