Pourquoi certaines personnes ont des cheveux gris ou blancs plus vite que d’autres?

Delphine Kindermans Secrétaire de rédaction au Vif

Nous ne sommes pas égaux face au blanchissement des cheveux. Génétiques, héréditaires, liés au mode de vie ou au stress: plusieurs facteurs expliquent la rapidité à laquelle se produit le phénomène.

Personne n’y coupe. Parfois très jeune (dès la puberté, dans de rares cas), souvent nettement moins, tout le monde grisonne un jour. Pourtant, le cheveu gris en soi n’existe pas: c’est la proportion de blancs parmi les pigmentés qui détermine la nuance plus ou moins soutenue du «poivre et sel». Et non, il n’en pousse pas dix quand on en arrache un. «Simplement, si on en a quelques-uns, la tendance générale de notre cuir chevelu est à la décoloration et d’autres suivent», démystifiait le dermatologue Philippe Assouly, de l’hôpital Saint-Louis, à Paris, en janvier 2020, dans Le Figaro.

On se «ferait des cheveux blancs» en cas de stress, alors? En partie. Lors d’un épisode anxiogène, le système sympathique (qui s’active pour préparer l’organisme à faire face à une menace, physique ou psychologique) produit de la noradrénaline en grande quantité. Cette hormone permet de réguler l’anxiété mais épuise les réserves de mélanine, qui donne sa couleur à la peau et aux poils.

L’âge, mais pas seulement

En revanche, le «syndrome de Marie-Antoinette», qui voudrait que, prise d’effroi, la dernière reine de France se soit réveillée la crinière blême au matin de son exécution, relève de la légende. La seule explication plausible serait qu’elle ait souffert d’une pelade, maladie auto-immune causant la chute des cheveux, les pigmentés d’abord. Seuls les blancs lui seraient donc restés sur la tête au moment de la poser sur le billot.

A la racine de ce mal irréversible, un ensemble de facteurs, au premier rang desquels la génétique. Des chercheurs britanniques ont mis au jour le rôle d’un gène (IRF4) dans le processus. Ou plutôt d’un allèle, soit un variant de ce gène, réparti de manière inégale au sein des différentes populations. Sa présence plus ou moins marquée parmi celles-ci favorisera l’apparition précoce de la canitie.

Les Européens seraient les premiers touchés, vers 35 ans environ, contre 45 ans pour les Africains. Mais IRF4 n’explique pas tout. En effet, il ne se retrouve pas chez les Asiatiques. Or, leur toison se dépigmente elle aussi – plutôt aux alentours de 40 ans. En réalité, de nombreux gènes entrent en compte, y compris à l’échelon individuel. Si les cheveus des parents se décolorent rapidement, il y a de fortes chances qu’il en aille de même de ceux des enfants.

Retarder ou inverser le blanchissement ?

Toujours est-il que tôt ou tard, le nouveau cheveu qui pousse après la chute du précédent n’est plus coloré. Comme toutes les cellules, les mélanocytes, en charge de la production des pigments, vieillissent. Ils se mettent à fonctionner au ralenti.

Tout récemment, des chercheurs de la faculté de médecine Grossman de l’université de New York ont découvert qu’en perdant en mobilité, ils ne parviennent plus à passer d’un «compartiment» à l’autre du follicule pileux. «Ils restent à leur état primitif de cellule souche dans le bulbe et n’en bougent plus», développait dans The Guardian le professeur Qi Sun, en avril dernier. La compréhension de ce mécanisme ouvrirait la porte à des traitements potentiels. En aidant les mélanocytes bloqués à circuler à nouveau, on pourrait ainsi retarder, voire inverser, le blanchissement.

En attendant, on évitera de se prendre la tête.

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