Pollution de l’air: des particules présentes dans le placenta
Des particules de carbone suie, polluant de l’air émis par les pots d’échappement ou la combustion de bois et de charbon, ont été retrouvées dans des placentas de femmes après leur accouchement, sans qu’on puisse toutefois dire si cela a un effet sur le foetus, selon une étude parue mardi.
« Ces résultats suggèrent que les particules présentes dans l’air ambiant peuvent traverser la barrière du placenta et aller jusqu’au foetus », écrivent les auteurs de cette étude belge parue dans la revue Nature Communications.
« Potentiellement, cela pourrait expliquer les effets nocifs de la pollution dès les tout premiers stades de la vie », poursuivent-ils.
De précédents travaux ont montré que l’exposition à la pollution de l’air pendant la grossesse était associée à un plus grand risque de naissance prématurée ou de naissance avec un poids anormalement bas. Mais les mécanismes en sont mal connus.
Selon l’étude publiée mardi, « les particules de carbone suie pourraient se déplacer des poumons de la mère jusqu’au placenta », via la circulation sanguine.
Ces travaux portaient sur les placentas de 28 femmes non-fumeuses. La présence des particules de carbone suie a été mise en évidence grâce à une technique perfectionnée d’imagerie laser.
L’étude montre en outre que les taux de particules étaient supérieurs dans le placenta des femmes exposées à de hauts niveaux de pollution (c’est-à-dire vivant à moins de 500 m d’un axe routier important).
« Les auteurs de l’étude s’attachent à souligner la présence du carbone suie dans le placenta, mais ils ne montrent pas qu’il est présent dans le foetus lui-même », a nuancé une scientifique qui n’a pas participé à l’étude, la Pr Christine Jasoni, de l’université d’Otago (Nouvelle-Zélande).
« Dans la mesure où l’une des fonctions du placenta est d’agir comme une barrière pour empêcher que des toxines passent de la mère au foetus, on pourrait penser que le placenta joue ici son rôle normal en accumulant les particules de carbone suie pour empêcher qu’elles atteignent le foetus et lui nuisent », a-t-elle poursuivi.
« Mais ces particules pourraient aussi endommager le placenta, ce qui pourrait expliquer l’association entre la pollution de l’air et un poids de naissance insuffisant mise en évidence par d’autres études », a-t-elle conclu.
En mai 2018, une étude de l’Institut français de la santé et de la recherche médicale (Inserm) montrait qu’environ un bébé sur 100 en France naît avec un poids anormalement bas en raison de l’exposition de la mère pendant aux particules atmosphériques pendant la grossesse.
En février, une étude franco-espagnole concluait que les enfants exposés à un cocktail de polluants chimiques pendant la grossesse de leur mère et les premiers mois de leur vie avaient plus de risque d’avoir une fonction respiratoire réduite.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici