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Pourquoi la plupart des partis sont contre le congé menstruel en Belgique

En février, l’Espagne est devenue le premier pays européen a introduire le congé menstruel. Un congé de maladie payé aux femmes souffrant de douleurs menstruelles sévères. Une telle idée pourrait-elle se concrétiser en Belgique ? Tous les partis (ou presque) sont contre. Mais proposent parfois des alternatives.

Entre discrimination à l’embauche et normalisation des douleurs de règles, le congé menstruel soulève plusieurs questions. Faut-il l’adopter en Belgique, comme il vient de l’être en Espagne ? Bien qu’ils soient partagés dans leurs avis, la réponse finale des partis belges semble pourtant être presque unanime. Et négative. 

Les partis politiques belges divisés 

Catherine Fonck, présidente du groupe Les Engagés à la Chambre, ne se précipite pas et s’interroge sur plusieurs aspects tels que la durée et l’intensité des douleurs menstruelles, la discrimination à l’embauche ou encore, le système éducatif belge : « La réalité n’est pas la même pour toutes les femmes. Certaines n’ont pas du tout de douleurs et, à l’opposé, d’autres en ont pour plusieurs jours. De plus, le fait de systématiser un congé pourrait être un frein supplémentaire à l’embauche pour la femme. Enfin, au niveau scolaire, un jour d’absence tous les mois pose fortement question en termes d’apprentissage, de suivi… Les jeunes risquent de comprendre maladroitement qu’elles ont d’office un jour de congé par mois. » 

La députée fédérale Sophie Rohonyi (DéFI) ajoute un autre point : « Il y a une crainte de banaliser, de négliger ces douleurs. En particulier lorsque celles-ci sont les symptômes d’une maladie grave : l’endométriose. Ce n’est donc pas un congé de trois jours qui va permettre de répondre à ces besoins et à la gravité de ce qu’elles éprouvent. Il y a donc ce risque que les employeurs se disent : “Voilà, tu as eu ton congé, après, tu n’as plus à t’en plaindre”. » 

Pour la députée Sophie Thémont (PS), la position de son parti repose sur une meilleure détection et prise en charge des maladies : « Si une femme devait prendre un congé dans le cadre du cycle menstruel de ses règles, nous préfèrerions plutôt que ce soit un certificat médical à la place d’un congé menstruel. Un certificat médical qui lui serait accordé d’office car nous pensons qu’il faut une meilleure prise en charge des maladies liées aux règles. »

Quassem Fosseprez, porte-parole du MR, avance que le parti n’est pas forcément favorable à l’adoption d’un cadre spécifique exclusivement dédié au congé menstruel : « Nous estimons que lors de cette période, la douleur est intense et qu’il faut donc aller chez son médecin. Il faut faire les démarches nécessaires pour avoir un rendez-vous et en faire découler un certificat médical afin de justifier son absence. De plus, la législation actuelle donne la possibilité à l’employeur d’avoir un malade durant trois jours sans certificat. Pour nous, c’est déjà assez. »

Le PTB, par contre, soutient l’idée du congé menstruel. Pour la députée fédérale Sofie Merckx, « la grande majorité des femmes ne prendraient pas ce congé, mais certaines ont vraiment des règles très douloureuses. Ce congé permettrait d’en tenir compte et ferait en sorte que ces femmes ne passent pas pour quelqu’un qui se porte malade. Elles feraient alors moins l’objet des discriminations, parce qu’on sait que c’est un congé menstruel et non un congé maladie

Enfin, Sévérine De Laveleye, députée fédérale Ecolo, rapporte que son parti souhaite que toutes les femmes qui souffrent pendant leur cycle menstruel aient accès au repos de maladie : «  Ecolo est ouvert à la discussion concernant le congé menstruel. Nous souhaitons la formule la plus simple, la plus pertinente et la plus juste à appliquer. » 

Des alternatives au congé menstruel 

Pour répondre aux besoins des femmes qui souffrent pendant leur cycle menstruel, plusieurs partis politiques présentent d’autres idées : certificats médicaux, politiques de détection et de prise en charge des maladies liées aux règles, ou encore meilleure sensibilisation à la question de la santé reproductive des femmes

Catherine Fonck souligne l’importance de sensibiliser les responsables de l’entreprise, les directeurs d’écoles et les décideurs politiques pour qu’ils puissent envisager des solutions innovantes pour mieux prendre en compte ces situations plurielles. Elle propose de pouvoir offrir une flexibilité dans le monde du travail, comme des horaires décalés, des horaires plus flexibles ou encore la possibilité de télétravail. Tandis que dans le monde scolaire, les filles devraient, selon elle, avoir la possibilité de quitter les cours pour soulager leurs douleurs menstruelles et avoir des installations sanitaires adaptées

Pour Sophie Rohonyi, d’autres options peuvent être considérées comme la possibilité d’offrir trois jours de congé par an pour permettre aux femmes souffrant de règles douloureuses ou d’autres affections gynécologiques de recevoir un diagnostic et un traitement. Une autre mesure consisterait à accorder un statut de maladie chronique à ces femmes qui leur permettrait d’accéder à un remboursement de leurs examens et leurs traitements médicaux. Enfin, les employeurs pourraient également offrir des aménagements tels que des espaces de repos pour ces femmes pendant leur journée de travail. 

Laura Droesbeke

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