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Pneumonie après la grippe: comment reconnaître les symptômes ?

Vous venez de vous remettre d’une grippe, mais vous ressentez une douleur thoracique lancinante ? Cet hiver, un nombre frappant de patients atteints de la grippe développent une pneumonie. Que se passe-t-il ?

La grippe sévit en Belgique depuis déjà quelque temps. Depuis une quinzaine de jours, tous les critères sont réunis pour parler d’une épidémie de grippe. En outre, un certain nombre d’autres virus responsables de maladies respiratoires, tels que le coronavirus et le RSV, circulent toujours.

Cette année, le nombre de patients qui développent une pneumonie bactérienne en plus de la grippe et sont admis en soins intensifs est remarquablement élevé.

Il ne s’agit pas seulement de personnes âgées, d’enfants et des personnes ayant des problèmes d’immunité, mais aussi de jeunes en bonne santé. Ces derniers peuvent également mourir inopinément de cette complication.

Comment la pneumonie survient-elle après une grippe ?

La pneumonie est une infection des branches de la trachée (bronches) et des alvéoles des poumons. L’inflammation remplit les alvéoles de liquide, ce qui entrave l’absorption de l’oxygène dans le sang. D’où la sensation d’étouffement.

Des virus (tels que le virus de la grippe, le coronavirus et le rhinovirus) et des champignons peuvent provoquer une pneumonie. Mais la cause la plus courante est une bactérie.

Les groupes bactériens les plus fréquemment impliqués dans les pneumonies après une grippe sont le Streptococcus pneumoniae (le pneumocoque) et le Staphylococcus aureus (le staphylocoque). Ces bactéries vivent dans les voies respiratoires dans des conditions normales sans causer de problèmes. Une fois qu’ils ont atteint les poumons, ils sont tués et ils disparaissent par la toux.

Mais après une infection grippale, qui affecte les voies respiratoires, on est particulièrement vulnérable à une infection pulmonaire bactérienne. La bactérie, normalement bénigne, profite alors habilement de la vulnérabilité des poumons et de l’affaiblissement du système immunitaire pour agir. Résultat : pneumonie. La réponse inflammatoire du système immunitaire de l’organisme peut même, à un moment donné, s’effondrer au point que la pression artérielle chute et que les autres organes de l’organisme sont privés de sang. Il se produit alors une défaillance de plusieurs organes ou septicémie, qui peut être une cause de décès. Chaque année, des personnes meurent de pneumonie.

Les médecins invitent les patients à être attentifs aux symptômes (voir ci-dessous) et demandent aux généralistes de prescrire des antibiotiques à temps, voire un peu plus rapidement que d’habitude. 

Quels sont les symptômes d’une pneunomie ?

Les symptômes de la pneumonie sont à peu près les mêmes que ceux de la grippe. La différence est que les symptômes de la grippe disparaissent après environ trois jours, ce qui n’est pas le cas de la pneumonie. En examinant les poumons avec un stéthoscope, le médecin entend un crépitement.

  • Respiration difficile et sifflante avec possibilité de douleur thoracique.
  • Sensation d’étouffement
  • Fièvre, transpiration et sueurs froides
  • Tousser et vomir des glaires
  • Fatigue
  • Rythme cardiaque plus rapide
  • Cracher du sang (parfois)

Si vous avez la grippe ou si vous avez eu la grippe récemment, soyez attentif à ces symptômes. Si les symptômes persistent pendant plus de quatre ou cinq jours, n’oubliez pas de consulter votre médecin généraliste afin qu’il puisse rapidement commencer un traitement antibiotique. La pneumonie ne peut être diagnostiquée avec certitude que par une analyse de sang et une radiographie des poumons. En cas de pneumonie, celle-ci montre des taches blanches dues à l’accumulation de liquide et de cellules immunitaires.

Les dangers de la pneumonie

La pneumonie, bien que parfois bénigne, peut devenir rapidement grave, voire fatale, en fonction de l’âge et des conditions de santé préexistantes. Dirk Devroey, professeur à la Faculté de Médecine et de Pharmacie de la VUB, souligne que certains groupes de personnes sont plus vulnérables aux complications. « Les jeunes enfants, en particulier, sont à risque élevé. Leur système immunitaire n’étant pas totalement développé, la pneumonie peut se propager plus rapidement et plus gravement. De plus, en raison de la taille de leurs voies respiratoires, la dyspnée – difficulté à respirer – survient plus fréquemment, avec un risque supplémentaire de septicémie », explique-t-il.

Les personnes âgées, quant à elles, courent un risque accru de décès lié à la pneumonie, une des principales causes de mortalité chez les plus de 65 ans. « Les réserves physiques des personnes âgées sont plus limitées, ce qui rend leur capacité à lutter contre l’infection plus faible. La déshydratation et la confusion, souvent liées à la fièvre, peuvent aussi aggraver leur état », précise le professeur.

Les adultes souffrant de maladies chroniques, telles que l’asthme, le diabète, ou les problèmes cardiaques, ne sont pas épargnés. « Chez ces patients, les complications respiratoires ou cardiaques peuvent se développer plus rapidement. Une pneumonie, pour quelqu’un qui souffre déjà d’insuffisance cardiaque, impose une charge supplémentaire au cœur, ce qui peut se révéler fatal », ajoute-t-il.

Enfin, la prise en charge rapide est cruciale. « Un traitement rapide améliore significativement le pronostic. La vaccination contre la grippe et les pneumocoques est également fortement conseillée, en particulier pour les groupes à risque », conclut Dirk Devroey.

Pourquoi y a-t-il plus de pneumonies bactériennes après la grippe de cette année ?

Les complications pulmonaires après une grippe ne sont pas rares. De nouvelles études montrent que la majorité des décès survenus pendant l’épidémie de grippe de 1918 étaient probablement dus à une pneumonie bactérienne. C’est logique, puisqu’à cette époque les antibiotiques n’avaient pas encore été inventés.

C’est aussi un problème connu pendant la pandémie de covid. Une analyse effectuée en 2021 montre que 16 à 28 % des patients hospitalisés pour covid souffraient également d’une pneumonie bactérienne.

Mais pourquoi sont-ils si nombreux en cette saison de grippe ? Les médecins sont toujours dans l’ignorance. Y a-t-il plus ou moins de bactéries pathogènes en circulation qui affectent les poumons ? C’est ce que les études devraient révéler dans les semaines à venir. Nos défenses se sont-elles affaiblies après trois années de coronavirus? La plupart des experts affirment que non. Nos défenses ne sont pas un muscle que l’on peut exercer. Et une période de deux ans de mesures sanitaires ne suffit pas à nous transformer en petites natures. Ce qui joue un rôle, c’est qu’en laissant tomber les masques, nous sommes désormais plus exposés aux germes et plus susceptibles de tomber malades.

On avait prédit que la grippe ferait un retour en force. Aujourd’hui, tout le monde connaît bien quelqu’un qui a la grippe. De plus, deux types de grippe circulent actuellement, la grippe A et la grippe B. Le coronavirus et le VRS sont également toujours présents. Par conséquent, plus il y a de patients atteints d’une infection virale, plus il y a de chances qu’il y ait de personnes souffrant de complications.

Comment les pneumonies sont-elles traitées ?

La pneumonie est toujours traitée par des antibiotiques, même si l’on n’a pas encore déterminé s’il s’agit d’une maladie bactérienne ou virale.

Même si la maladie s’améliore rapidement grâce aux antibiotiques, il est important de suivre le traitement jusqu’au bout. Jusqu’à ce que les bactéries soient sorties du corps. La toux et la fatigue peuvent persister pendant des mois, même si vous étiez auparavant en parfaite santé.

Toutefois, si la pneumonie est d’origine virale, les antibiotiques ne sont d’aucune utilité.  La pneumonie causée par un virus disparaît souvent d’elle-même.

Comment prévenir une pneumonie?

Il n’est pas encore trop tard pour se faire vacciner contre la grippe. Il faut environ deux semaines pour que la vaccination assure une protection. Il existe également des vaccins contre certains types de pneumocoques. Ils sont recommandés pour les groupes à haut risque.

En outre, il est toujours sage de conserver les bonnes habitudes hivernales : se laver les mains, porter un masque, rester à la maison en cas de maladie et assurer une bonne ventilation.

Quand se rendre à l’hôpital en cas de pneumonie : les signes à ne pas ignorer

Dirk Devroey souligne qu’il est essentiel de se rendre à l’hôpital si des symptômes graves apparaissent en cas de pneumonie. « Si la fièvre dépasse les 39°C et ne diminue pas, ou provoque des frissons sévères, il est crucial de se rendre à l’hôpital », explique-t-il. Il avertit également des signes plus alarmants, tels que des difficultés respiratoires graves, une respiration haletante, des lèvres ou des ongles bleus, ou encore une gêne respiratoire sévère, même au repos. D’autres signes préoccupants incluent la confusion, la somnolence (notamment chez les personnes âgées), ainsi que la déshydratation (production d’urine réduite), ou l’absence d’amélioration après 2 à 3 jours de traitement antibiotique.

Les groupes à risque, tels que les bébés, les jeunes enfants, les personnes âgées de plus de 65 ans, ainsi que celles souffrant de maladies respiratoires ou encore les diabétiques et les patients immunodéprimés, doivent se rendre plus rapidement à l’hôpital. « Ces populations vulnérables doivent être particulièrement vigilantes et ne pas attendre avant de se faire soigner », prévient-il.

Pour les symptômes légers, tels que la toux, la légère fièvre et la fatigue, tout en étant encore capables de manger et de boire normalement, il n’est pas nécessaire de se rendre à l’hôpital. Un médecin généraliste pourra débuter un traitement antibiotique pour la pneumonie dans ce cas.

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