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Pénurie de sang: pourquoi les collecteurs s’attendent à une crise

L’été s’annonce compliqué pour les collecteurs de sang et les hôpitaux. Alors que cette période de l’année sert habituellement à gonfler les stocks en prévision de juillet-août, les besoins immédiats peinent déjà à être comblés.

Ce mercredi, le cabinet du ministre fédéral de la santé Frank Vandenbroucke (Vooruit) déplorait une chute de 15 à 20% pour les collectes de sang en 2022. Un chiffre inquiétant, d’autant plus en cette période : pendant les vacances d’été, les dons sont toujours moindres par rapport au reste de l’année. Lors des mois qui les précèdent, on a donc pour habitude de constituer des stocks plus importants pour pouvoir les traverser sans trop de problèmes… Mais cette année, il n’en sera manifestement pas question.

Un tiers de l’objectif

Thomas Paulus, porte-parole du Service du Sang de la Croix-Rouge : « L’objectif est de fournir 3000 poches de sang chaque lundi matin. Lundi dernier, nous en avions récolté à peine 1000. » Ce qui a des conséquences très directes sur la qualité des soins de santé. « Donc pour le moment, l’objectif est double : d’abord remonter les stocks à un niveau normal, puis au-delà en prévision de la période de congés qui vient. » La Croix-Rouge a donc lancé une nouvelle campagne de sensibilisation, nommée VIVAAAAANT. Un appel aux dons comme on les a vus se multiplier ces dernières années : « De manière générale, on fait deux appels aux dons par an. Depuis le début du Covid, on doit bien être à 15-20 appels. » 

Car si le stress lié à la pandémie et à la grippe contribue à expliquer une diminution de dons, c’est aussi une question d’habitudes perdues, selon le porte-parole du Service du Sang. Le personnel de la Croix-Rouge continue à porter le masque et à utiliser du gel hydro-alcoolique. Pour les donneurs et les donneuses, la seule restriction qu’il reste, c’est l’obligation de prendre rendez-vous lors de certaines collectes. « Il y a aussi le fait que des gens ont simplement perdu l’habitude de donner leur sang. Pour beaucoup, c’était une routine, donc comme beaucoup d’autres habitudes qui ont été perturbées par le Covid, on peut imaginer qu’elles soient compliquées à remettre en place. »

Des conséquences directes

À défaut d’habitués, il faudra pourtant bien trouver de nouveaux donneurs dans les prochaines semaines, afin d’éviter le pire. La Professeure Véronique Deneys, gestionnaire de la banque de sang des Cliniques universitaires Saint-Luc, se dit très inquiète quant aux mois à venir. « Nous avons connu une période de pénurie qui a été très difficile à assumer entre septembre et novembre de l’année dernière. Et maintenant les hôpitaux, qui avaient déjà réévalué toutes les indications de transfusion pour limiter leur consommation de sang, doivent encore restreindre. » 

« Par exemple, aucune poche de sang O- [le groupe sanguin donneur universel, donc le plus recherché] ne quitte la banque de sang sans l’accord d’un superviseur en transfusion. En temps de pénurie, chaque fois qu’on nous prescrit plusieurs poches de sang, on n’en distribue qu’une et on attend de voir si le patient a réellement besoin d’une deuxième poche – en dehors des cas d’extrême nécessité. On doit aussi prendre des décisions par rapport aux groupes sanguins en transfusant du sang positif à des patients d’un groupe sanguin négatif. Il nous est même arrivé de postposer des opérations chirurgicales par manque de sang », ajoute Thomas Paulus.

Maintenant que les hôpitaux doivent réaliser un vrai travail d’économiste pour gérer ces précieuses poches, le sang n’a jamais aussi bien porté son nom d’or rouge. Pour faire don d’un peu du vôtre, rendez-vous sur le site du Service du Sang de La Croix-Rouge, ou appelez le numéro gratuit 0800 92 245. 

Victor Broisson

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