Oignon entre les orteils, zinc… Les remèdes de grand-mère contre le rhume qui fonctionnent (ou pas)

Le bouillon de grand-mère, les compléments alimentaires ou des oignons entre les orteils… Les remèdes populaires contre le rhume valent-ils la peine d’être testés?

A la saison des toux et des nez qui coulent, les remèdes maison contre le rhume connaissent une nouvelle popularité sur Instagram et TikTok. Nombre de ces solutions attendent encore une validation scientifique. Si elle arrive un jour…

1. Les oignons

Les oignons et l’état grippal semblent entretenir un lien particulier. Pourtant, l’affirmation selon laquelle un oignon coupé placé sur la table de nuit aide à prévenir contre un rhume n’est en rien fondée sur des recherches scientifiques solides. Durant des décennies, beaucoup croyaient que les huiles essentielles riches en soufre des oignons et de l’ail crus et coupés purifiaient l’air. Aujourd’hui, il est établi que les oignons n’attirent ni ne neutralisent magiquement les germes présents dans l’air.

Quant au conseil, circulant sur Instagram, de glisser des morceaux d’oignons hachés dans ses chaussettes pendant la nuit, il repose sur la même croyance populaire. Selon celle-ci, le jus de l’oignon pénétrerait les pores de la plante des pieds pour éliminer les toxines du corps et accélérerait la guérison. Or, le corps n’est pas capable d’absorber les composés soufrés par la peau.

Plutôt que glisser quelques morceaux dans les chaussettes, mieux vaut les ajouter à une soupe chaude: cela pourra temporairement soulager les muqueuses irritées du nez.

2. Le bouillon de poulet

En l’an 2000, des chercheurs ont eu l’idée de mettre en contact dans une éprouvette du bouillon de poulet avec des neutrophiles, un type de globules blancs responsables des symptômes du rhume. Le résultat? Le bouillon semblait réduire l’inflammation. Sauf qu’une éprouvette n’est pas un être humain, et cet essai ne permet pas de tirer des conclusions valables sur les effets de ce mets sur les infections respiratoires. Ce remède de grand-mère remonte néanmoins au XII^e siècle. Mais ce bol de soupe bien chaude offre surtout un réconfort appréciable en période de rhume. Une autre étude a néanmoins montré que ce bouillon est plus efficace que de l’eau chaude ordinaire pour libérer les mucosités nasales et dégager les sinus, probablement grâce à l’arôme du poulet.

3. La vitamine C

Selon JoAnn Manson, endocrinologue et épidémiologiste à la Harvard Medical School et spécialiste des suppléments vitaminiques, les études sur la supplémentation en vitamine C contre les infections respiratoires sont controversées. Certaines recherches suggèrent qu’elle peut atténuer un rhume, tandis que d’autres ne montrent aucun effet. La spécialiste ne recommande d’ailleurs pas la vitamine C pour prévenir ou traiter les rhumes. Au mieux, peut-on être malade un jour de moins; au pire, élimine-t-on simplement l’excès de suppléments par les urines.

Une chose semble toutefois avérée: les personnes plus vulnérables aux rhumes, comme les sportifs de haut niveau, tombent moins malades s’ils prennent de la vitamine C. Cependant, JoAnn Manson insiste sur le fait que les suppléments ne doivent jamais remplacer une alimentation variée et équilibrée. Les vitamines, minéraux et phytonutriments sont toujours mieux absorbés lorsqu’ils proviennent des aliments. Une orange au petit-déjeuner vaut mieux qu’une gélule.

4. La vitamine D

Elle a gagné en popularité pendant la pandémie de Covid-19, après la découverte qu’un malade présentait souvent des taux de vitamine D significativement plus bas. Des recherches à grande échelle, menées par JoAnn Manson, suggèrent qu’un supplément de vitamine D pourrait avoir un effet bénéfique sur l’évolution de la maladie. Néanmoins, celle-ci n’est pas une solution miracle contre les infections virales, prévient la spécialiste. Inutile, pour une personne en bonne santé, de dépenser de l’argent pour ce type de complément. Le corps ne requiert qu’une petite quantité de vitamine D, et un excès n’est pas synonyme de meilleurs résultats.

5. Le zinc

Le zinc est essentiel au bon fonctionnement du système immunitaire. Malgré cela, la majorité des experts ne recommandent pas d’en consommer contre le rhume, par manque de preuves scientifiques concluantes mais aussi à cause des effets secondaires possibles à fortes doses, comme des troubles digestifs et des maux de tête. Remplacer les symptômes du rhume par d’autres inconforts n’a pas de sens.

Conclure que le zinc est totalement inefficace serait pourtant simpliste. Certaines études suggèrent en effet qu’il peut empêcher le virus du rhume de se lier aux cellules du corps et de se répliquer, ce qui pourrait réduire la durée de la maladie d’environ deux jours. En Belgique, le Conseil supérieur de la santé (CSS) recommande aux personnes à haut risque d’infection, par exemple du Covid-19, de prendre un supplément préventif à dose modérée (10 mg/jour) pendant trois à quatre semaines.

6. L’échinacée

Les suppléments à base d’extraits de plantes comme l’échinacée abondent dans le commerce. Beaucoup de personnes lui attribuent des propriétés préventives contre les infections respiratoires et des effets apaisants sur les symptômes des infections aiguës. Les études scientifiques donnent des résultats contradictoires à ce sujet, en partie à cause des variations dans la composition des préparations. Ces produits pourraient même perturber les défenses naturelles du corps.

La concentration en alkamides, le principe actif antiviral de l’échinacée, semble cruciale pour une efficacité significative. Or, cette concentration peut varier d’un facteur 100 et n’est généralement pas indiquée sur l’emballage. Mieux vaut privilégier un produit standardisé de haute qualité, disponible en pharmacie.