Mon enfant mange-t-il sainement?
Pas facile d’apprendre à son enfant à manger sainement dans un monde débordant de tentations malsaines.
Présenter à son enfant suffisamment de fruits et légumes, lui donner de l’eau au lieu de soda, lui offrir une tartine au lieu des cornflakes au petit-déjeuner… Certains principes sont évidents quand il s’agit de nourrir sainement sa progéniture. Mais qu’en est-il du pain et des pommes de terre ? Que faire si votre enfant refuse de manger des légumes ? Et un biscuit comme récompense, est-ce permis de temps en temps ? Les parents doutent parfois de faire les bons choix alimentaires. » Et il arrive à tout le monde de douter, déclare Lien Joossens, nutritionniste. Tant de choses ont été dites et écrites sur l’alimentation saine que les gens s’y perdent. Je vois dans ma clientèle des parents qui se demandent s’ils peuvent encore donner des tartines à leurs enfants, ou combiner des pommes de terre avec de la viande. Ou qui veulent savoir si le lait de soja est meilleur que le lait de vache. S’il est important de s’intéresser à une alimentation saine, il faut garder son bon sens ! »
Progression de l’orthorexie
» J’ai récemment entendu que lors des fêtes d’anniversaire, de plus en plus d’enfants remettent une lettre comportant toutes sortes de restrictions, ajoute Lien Joossens. Un enfant ne peut pas manger de gluten, donc pas de crêpes ; l’autre doit faire attention à la crème glacée. Non pas parce qu’ils sont malades, mais parce que les parents ne veulent pas que leur enfant consomme de gluten ou de sucreries… Notre intérêt pour l’alimentation saine ne commence-t-il pas à nous faire perdre la tête ? »
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Et cela ne vaut pas que pour les parents. Dans les médias, nous avons récemment lu des rapports alarmants sur le nombre croissant de jeunes filles souffrant d’orthorexie : elles sont tellement obsédées par l’alimentation saine que cela en devient une maladie. » C’est certes une très bonne chose que les adolescents soient conscients de la valeur d’une alimentation saine, précise Lien Joossens. Mais quand elles en viennent au point de s’en rendre malade ou de considérer comme un ‘péché’ le fait de manger un sandwich ou une assiette de spaghettis, cela devient problématique et tend vers un trouble du comportement alimentaire. »
Vider son assiette
L’une des règles de base prônée par Lien Joossens consiste à ne pas penser en termes d' » interdits « . Tout est permis, même pour votre enfant, des chips à la pâte à tartiner au chocolat en passant par les frites. Mais pas de manière illimitée. » Je plaide en faveur de la planification et du dosage. Si votre enfant réclame une crème glacée le vendredi, vous pouvez lui dire : pas aujourd’hui, parce que tu en as déjà eu une mercredi et dimanche, nous allons chez bonne maman et tu en recevras sûrement encore une. Pour un enfant, les choses doivent être claires : il peut manger de la crème glacée, mais pas tous les jours. »
Interdire n’a pas de sens, selon la nutritionniste, et risque même de produire un effet contraire à celui recherché. » Si des parents défendent à leur enfant de manger des frites ou du chocolat, dès qu’il en aura l’occasion, il en profitera pour s’empiffrer des aliments interdits. »
Il en va de même pour l’obligation de vider son assiette. » Manger sous la contrainte provoquera une aversion pour ce qui se trouve dans l’assiette, déclare Lien Joossens. La nourriture doit être proposée de manière aussi neutre que possible. Évitez les associations négatives, ne récompensez pas l’enfant et ne le complimentez pas quand il a vidé son assiette. Car de cette façon, vous détournez en effet l’attention d’un signal interne essentiel (sensation de faim ou de satiété) vers un signal externe ( » Je suis un bon petit gars si je vide mon assiette « ). »
Les parents sont responsables de ce qui est sur la table et des moments où l’enfant mange, estime-t-elle. » Mais il revient à l’enfant de déterminer la quantité de nourriture qu’il ingère. S’il mange trop peu à table, reprenez l’assiette lorsque le repas est terminé et laissez-le faire face aux conséquences : il aura vite faim et devra attendre le prochain repas. »
TEXTE CARINE STEVENS
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