8% de la population belge souffre d'alcoolisme. © belga image

Modification du microbiote: un espoir pour les alcooliques

Rosanne Mathot Journaliste

C’est une belle éclaircie qui se présente à l’horizon des personnes souffrant d’éthylisme. Leurs irrépressibles envies d’alcool pourraient être réduites grâce à une simple modification de leur microbiote – l’ensemble des bactéries et micro-organismes vivant dans les intestins.

L’université du Commonwealth de Virginie (Etats-Unis) a ainsi démontré que des transferts de microbiotes fécaux (TMF) réduisaient considérablement non seulement l’envie de boire des alcooliques chroniques mais aussi leur consommation. Cette étude constitue une première mondiale en matière de greffes fécales humaines liées à la réduction de l’alcoolisme, démontrant que nous ne sommes pas tous égaux face à l’alcool et que la seule volonté ne suffit pas pour mettre fin à cette addiction. Le Louvain Drug Research Institute de (UCLouvain) est parvenu aux mêmes conclusions après des TMF réalisées sur des souris.

Une amélioration du bien-être et des performances cognitives a été constatée. Six mois plus tard, ces effets positifs n’avaient pas régressé.

L’étude américaine, parue dans la revue Hepatology, a été menée sur vingt anciens militaires âgés de 60 à 70 ans, souffrant d’alcoolisme chronique et ayant tenté, en vain, de diminuer durablement leur consommation d’alcool. Après avoir été débarrassés de leur microbiote via un lavement, une moitié a reçu des matières fécales venant d’un donneur non alcoolique. Ce nouveau microbiote était enrichi avec des souches de bactéries Lachnospiraceae et Ruminococcaceae. L’autre moitié a reçu un placebo.

Bilan? Quinze jours après la TMF, neuf alcooliques sur dix disaient avoir nettement moins d’envies irrépressibles d’alcool, ce qui a été corroboré par des tests urinaires montrant une diminution des molécules qui en marquent la consommation. Côté placebo, trois patients sur dix avaient moins envie de boire. Chez les patients ayant reçu une TMF, une amélioration du bien-être psychosocial et des performances cognitives a été constatée. Six mois plus tard, ces effets positifs n’avaient pas régressé.

En raison de la petite taille de la cohorte étudiée, d’autres études seront nécessaires pour confirmer ces résultats. Reste que la piste des TMF est très encourageante: 8% de la population belge (5 à 10% de la population mondiale) souffre d’alcoolisme, une cause de mortalité importante. Et les traitements existants sont malheureusement assez peu efficaces: 70 à 90% des personnes rechutent au cours de l’année ayant suivi une cure de désintoxication.

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