La demande de traitements est la plus forte chez les hommes lors de la première phase de leur perte de cheveux. © Getty Images

Minoxidil, finastéride, plasma, greffe… Tous les nouveaux remèdes contre la calvitie

Un homme qui devient chauve et en souffre ne devrait plus le vivre comme une fatalité. Les traitements et les greffes de cheveux sont relativement abordables. Mais est-ce efficace?

Jusqu’à 30 ans environ, Tom, 45 ans aujourd’hui, a eu la chance d’avoir une abondante chevelure d’un noir de jais. Mais au cours de la décennie qui a suivi, ses cheveux ont commencé à se parsemer. «A la fin de la trentaine, il me restait une grosse touffe à l’avant et j’avais une calvitie à l’arrière. Je me suis mis à faire des brushings, à abuser de la wax pour que tout cela ait l’air plus fourni. Avec le temps, la perte de cheveux a commencé à influencer mon comportement social. Moi qui avais toujours aimé être au devant de la scène, que ce soit au travail ou dans mes loisirs, j’avais tendance à me renfermer, ce qui n’était pas dans ma nature.»

«On associe souvent un crâne dégarni à la vieillesse, la décrépitude et la maladie.»

«Cela n’a rien d’étonnant, estime Barry Dekeyser, médecin à la Hair and Skin Clinic de Tessenderlo. Dans notre société, une chevelure abondante est assimilée à une bonne santé, un pouvoir de séduction, une certaine prospérité. On associe souvent un crâne dégarni à la vieillesse, la décrépitude et la maladie. Dans ma pratique, je constate que les hommes qui deviennent chauves sont plus enclins à manifester un sentiment d’infériorité et à se mettre en retrait.»

La calvitie, un processus de deuil

Dans sa pratique, Alexander Witpas, sexologue, rencontre également des patients qui luttent contre la perte de cheveux. Ils manquent de confiance en eux, se sentent moins attirants physiquement et craignent que leur calvitie ne les fasse paraître plus vieux qu’ils ne le sont. Selon lui, les chauves traversent un processus de deuil. «Ils doivent dire adieu à leur ancienne image de soi et en accepter une nouvelle. Cela peut être éprouvant psychologiquement, en particulier lorsque la personne est jeune. Par ailleurs, un crâne dégarni est ressenti par certains célibataires comme un obstacle sur le « marché » des rencontres, où la barre est placée haut en matière de look. Des recherches ont montré que, sur les applis dédiées, les femmes sont plus exigeantes que les hommes en ce qui concerne l’apparence.»

Outre la perte de leur sex-appeal, certains sont convaincus que la chute des cheveux affecte leurs perspectives de carrière, poursuit Alexander Witpas, qui évoque une étude allemande au cours de laquelle des CV fictifs avaient été envoyés avec des photos de la même personne, retouchée pour paraître dégarnie ou pas. «Les candidats chauves ont reçu moins souvent des propositions d’entretien.»

«Il ne s’agit pas seulement d’esthétique. Il s’agit de se sentir accepté dans la société.»

Testostérone

Le docteur Dekeyser détaille le processus de la calvitie: «La croissance des cheveux se produit sous l’influence de la dihydrotestostérone, un métabolite biologiquement actif de la testostérone. Dans le cas de la chute de cheveux hormonale, ou alopécie androgénétique, les follicules pileux de certaines zones, comme la couronne et les golfes temporaux, sont hypersensibles à cette hormone mâle. Il en résulte un effet inverse: les poils s’éclaircissent au lieu de pousser. Les follicules pileux de la barbe, de la poitrine, des aisselles et du pubis sont en revanche très fortement stimulés.» Cela explique que les chauves se plaignent souvent de la présence de poils indésirables sur d’autres parties du corps.

«La question de savoir si et quand un homme perdra ses cheveux est en grande partie génétique. Globalement, 80% des hommes de plus de 80 ans présentent une forme ou une autre de calvitie, avance Barry Dekeyser. Nous disposons également de chiffres fiables pour les jeunes: à 21 ans, 25% d’entre eux présentent un début de chute de cheveux, et ce pourcentage augmente avec l’âge.»

Un phénomène qui ne devrait pas être banalisé, poursuit le spécialiste. «Il ne s’agit pas seulement d’esthétique. Il s’agit de se sentir accepté dans la société. La recherche nous a appris que ceux qui trouvent le traitement qui leur convient sont à nouveau heureux.»

La perte de cheveux pourrait avoir des conséquences sur les perspectives de carrière. © Getty Images
«Si vos gènes en ont décidé autrement, même une greffe de cheveux n’est pas envisageable.»

Car c’est la bonne nouvelle: pour le chauve qui ne veut pas subir son sort sans rien faire, des remèdes ont été mis au point. Parmi eux, le minoxidil, une lotion qui ralentit la chute. «Elle existe depuis des décennies, donne de bons résultats et comporte peu de risques, assure le Dr. Dekeyser. L’inconvénient est qu’il faut l’appliquer méticuleusement deux fois par jour et qu’elle est grasse. La molécule active est également disponible sous forme de pilules, mais elles augmentent la pilosité sur l’ensemble du corps.»

Trump ou les plaquettes?

Une alternative est le finastéride, un inhibiteur de testostérone. Donald Trump ne jure que par lui, mais celui qui a présenté l’hydroxychloroquine comme un remède miracle contre le Covid-19 n’est sans doute pas une référence dans le domaine médical…

«Le finastéride n’est pas efficace chez tout le monde, tempère le professeur Guy T’Sjoen, endocrinologue à l’UZ Gent, et il faut continuer à le prendre aussi longtemps que l’on tient à garder ses cheveux.» De plus, ses effets secondaires potentiels ne sont pas négligeables: chez 5% à près de 20% des patients, il provoquerait des problèmes d’érection et augmenterait également le risque de dépression. Et des études semblent indiquer que moins de 1% des hommes souffrent de dysfonction érectile permanente, même après l’arrêt du traitement.

Ces dernières années, le Dr. Dekeyser a également constaté une augmentation de la demande de thérapie par plasma riche en plaquettes (PRP). «La technique, élaborée dans les années 1970, consiste à isoler les plaquettes du patient dans une centrifugeuse, puis à les réinjecter dans le cuir chevelu. Elles y libèrent des substances qui stimulent la pousse.»

Selon le médecin, les résultats de la thérapie plaquettaire sont similaires à ceux du minoxidil, avec l’avantage qu’elle ne nécessite que quelques séances. Les traitements au laser sont également populaires pour la même raison. Ils stimulent les follicules pileux, améliorent la circulation sanguine et favorisent la croissance des cheveux. Ces traitements peuvent être effectués à l’aide d’une lumière laser de faible intensité, d’un casque utilisable à domicile ou sous forme de thérapie laser à haute intensité effectuée par un médecin, ce qui a un plus grand effet sur la croissance des cheveux.

Toutefois, les résultats les plus probants sont enregistrés dans le domaine de la transplantation capillaire, une procédure chirurgicale au cours de laquelle des follicules sont prélevés un par un à l’arrière de la tête et réimplantés dans les zones dégarnies. Une manipulation minutieuse, qui exige dix à douze heures de travail, et s’avère dès lors très onéreuse. C’est pourquoi de nombreux hommes n’hésitent pas à partir à l’étranger pour y subir une greffe à des tarifs nettement plus abordables. Ces dernières années, la Turquie est devenue un épicentre mondial du tourisme médical. Près de 1,4 million d’étrangers sont venus s’y faire soigner en 2023, dont un million pour des greffes de cheveux.

Ce sont les prix qui rendent les hôpitaux locaux si attrayants. Non seulement parce que les frais de personnel y sont nettement moins élevés, mais aussi parce que le gouvernement soutient le tourisme médical (et en particulier la chirurgie esthétique), notamment grâce à une exonération de la TVA.

En 2023, un million d’étrangers sont venus en Turquie pour une greffe de cheveux. © Getty Images

Le prix d’un iPhone

Tom fait partie de ceux qui ont franchi le pas de la greffe de l’autre côté du Bosphore. «Je n’ai jamais envisagé de prendre des médicaments. J’ai vite su que si je devais entreprendre quoi que ce soit, ce serait une greffe. Ma femme a tout de suite été d’accord, car elle savait à quel point je souffrais de ma perte de cheveux. Si cela n’avait tenu qu’à elle, j’aurais pu le faire plus tôt. J’ai tout de même dû surmonter une certaine appréhension, car après tout, il s’agit d’une intervention chirurgicale.» En revanche, le fait de se faire opérer en Turquie ne lui a pas fait peur. «S’ils ont tant d’expérience en la matière, ils doivent avoir le savoir-faire», s’est-il dit. Et puis, certaines de ses connaissances étaient passées entre les mains de chirurgiens stambouliotes réputés, avec un excellent résultat.

«Bien sûr, le prix a également joué un rôle dans ma décision. En Belgique, j’aurais dépensé entre 8.000 et 10.000 euros, alors que là, j’ai retrouvé ma chevelure et ma confiance en moi pour le prix d’un bel iPhone. Pour l’opération, les produits de soins, cinq nuits d’hôtel et le petit-déjeuner avec ma femme, le transport de l’hôtel à l’aéroport et le taxi jusqu’à l’hôpital, nous avons déboursé un peu moins de 2.000 euros.»

Pour environ 40% des hommes, la greffe de cheveux n’est pas un bon choix.

Toute la communication avec la clinique d’Istanbul s’est faite par WhatsApp, depuis la première demande d’informations jusqu’aux dernières dispositions pratiques. «L’hôpital emploie quelqu’un qui ne fait rien d’autre, dans un anglais correct de surcroît, détaille le quadragénaire. A tout moment, je pouvais poser n’importe quelle question et mes messages recevaient toujours une réponse rapide.»

La chirurgie à l’étranger présente bien sûr des inconvénients. Ainsi, «le praticien n’a pu bien voir ma tête qu’une fois sur place, alors que j’aurais dû envoyer des photos à l’avance. Il s’est avéré que, dans mon cas, ils ont pu retirer et réimplanter de nombreux follicules. Tout le monde n’a pas cette chance.»

En effet, pour environ 40% des hommes, la greffe de cheveux s’avère ne pas être le bon choix. Après tout, la technique a beau être sophistiquée, son succès dépend de la quantité et de la qualité des cheveux à prélever, qui sont généralement situés dans une couronne à l’arrière de la tête, sur lesquels le chirurgien doit pouvoir prélever suffisamment de follicules pileux.

Des bosses rouges

L’opération de Tom, sous anesthésie locale, a duré onze heures. C’est que le travail est titanesque: on enlève cheveu par cheveu sur le côté de la tête, «4.500 dans mon cas». Ensuite, le chirurgien fait des «trous» dans les zones dégarnies, où les cheveux sont réimplantés un à un.

Le lendemain de l’opération, le Belge a fait contrôler ses plaies, puis il était prêt pour le vol de retour, muni de produits de soins adéquats et d’instructions. «J’ai scrupuleusement respecté les consignes: ni alcool ni cigarette, le moins de sucre possible et protéger la tête du soleil pendant les six premiers mois. Quand on a fait tant d’efforts, on n’a pas envie de tout gâcher.»

Lorsque les premiers cheveux transplantés ont commencé à pousser, se rappelle Tom, «j’étais euphorique. Mais ils sont retombés par la suite, comme on me l’avait clairement expliqué, tout comme le fait qu’il faut jusqu’à cinq mois pour que les cheveux recommencent à pousser à partir des follicules transplantés. Pourtant, pendant cette période, j’avais une mine épouvantable, avec des bosses rouges sur la tête, et j’étais de plus en plus découragé. Je travaillais à plein temps à la maison, je ne me rendais pas chez les clients et j’évitais les appels vidéo. Mais aujourd’hui, un an très exactement après l’intervention, le résultat est plus ou moins permanent et je suis ravi d’avoir retrouvé la chevelure de ma jeunesse. Il se peut qu’à l’avenir je perde une partie des cheveux qu’il me reste. Qui sait, j’y retournerai peut-être.»

Les risques sont plus importants pour les patients qui se tournent vers des traitements proposés par des esthéticiennes ou des coiffeurs autoproclamés «spécialistes du cheveu», estime le Dr. Dekeyser. «Là, on utilise des techniques qui soit sont des dérivés d’applications médicales, soit n’ont aucune base scientifique. Par exemple, j’ai récemment entendu qu’une esthéticienne pratiquait le microneedling avec du minoxidil sans aucune connaissance préalable. Il s’agit d’introduire le produit dans la peau par des orifices microscopiques. Le risque d’effets secondaires augmente considérablement, car la dose du principe actif du minoxidil est calculée pour être appliquée sur la peau, et non dans la peau. De plus, le produit n’est pas stérile, ce qui entraîne des risques d’infections graves.»

«N’oublions pas que certains hommes sont plus beaux sans cheveux qu’avec.»

Sexy, la calvitie

«Docteur, cela aidera-t-il vraiment?» est sans aucun doute la question la plus fréquemment posée dans le cabinet de Barry Dekeyser. Or, un même traitement capillaire n’aura pas des bénéfices identiques chez tout le monde. Si c’était le cas, plus personne ne serait chauve. «Chaque patient réagit différemment et il est très difficile de prédire le résultat à l’avance, prévient-il. Il n’existe pas encore de solution miracle mais je suis convaincu qu’à l’avenir, nous disposerons d’un arsenal de thérapies qui nous permettra de sauver de plus en plus de personnes de la calvitie

Les traitements à base de cellules souches font donc l’objet de nombreuses recherches. «L’une des thérapies déjà en cours consiste à prélever de petits morceaux de peau dans les zones du cuir chevelu qui ne sont pas sujettes à la chute des cheveux, détaille le praticien. Dans ces morceaux de tissu, on prélève des cellules souches des follicules pileux et on les applique aux régions clairsemées. Nous constatons que ces cellules souches stimulent la croissance des cheveux.»

Mais, ici aussi, ce type de thérapie ne fonctionne pas pour tous. «Il faudra donc attendre un certain temps avant d’éradiquer complètement la calvitie.» Guy T’Sjoen abonde: «Si votre patrimoine génétique en a décidé autrement, même une greffe de cheveux n’est pas envisageable. Et il est bien trop tôt pour se prononcer sur la méthode à base de cellules souches. Donc, non, à ce stade, être chauve ou non n’est pas encore un choix. Mais il ne faut pas non plus dramatiser: la demande de traitements est la plus forte chez les hommes dans la première phase de leur perte de cheveux. Par la suite, on les voit souvent se résigner. N’oublions pas non plus que certains hommes sont plus beaux sans cheveux qu’avec. La calvitie elle-même peut être sexy.»

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire