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Migraine : et si on avait (enfin) trouvé la solution pour en venir à bout?

Mailys Chavagne
Mailys Chavagne Journaliste Web

Des chercheurs ont récemment mis en avant un nouveau mécanisme potentiellement à l’origine de la migraine. Une découverte qui pourrait permettre le développement de traitements efficaces contre ces maux de tête intenses.

15%, c’est le pourcentage d’adultes aujourd’hui régulièrement touchés par la migraine dans le monde. En Belgique, plus d’une personne sur cinq en souffre. Loin d’être anodin, ce trouble peut être handicapant, en particulier quand il devient chronique. Maux de tête intenses, nausées, vomissements, sensibilité à la lumière ou aux sons… Cela peut avoir des conséquences sociales et professionnelles importantes.

Les mécanismes à l’origine de cette céphalée font encore aujourd’hui débat parmi les scientifiques: certains mentionnent des facteurs génétiques, d’autres penchent pour l’implication de facteurs environnementaux, d’autres encore évoquent la qualité du sommeil, les hormones ou encore l’alimentation… Bref, autant de causes probables qui en fait une véritable maladie « impossible à guérir pleinement « , selon Gianni Franco, neurologue au CHU UCL Namur Dinant.

Pour en découvrir davantage sur ce trouble, des chercheurs se sont intéressés à la douleur, et plus particulièrement aux signaux de douleur transmis au cerveau durant un épisode migraineux. Pour ce faire, ils ont étudié non pas les neurones, mais les cellules de Schwann, soupçonnées d’être le berceau de la migraine.

Là d’où part la douleur

Explications: certains messagers de la douleur, la protéine CGRP, produits au niveau des méninges lors d’une crise migraineuse, semblent se lier à un récepteur présent à la surface des cellules de Schwann, appelé CLR/RAMP1. Ces cellules forment une membrane protectrice – la gaine de myéline – qui entoure certaines fibres nerveuses. En plus de protéger les fibres nerveuses, la gaine de myéline augmente la vitesse de propagation de l’influx nerveux.

Les chercheurs en ont donc conclu que le signal de douleur à l’origine de la migraine naîtrait dans les cellules de Schwann – et non directement dans le neurone – avant d’être transmis à un neurone adjacent et de remonter au cerveau. « Le CGRP provoque des douleurs dans le système nerveux périphérique [au niveau des nerfs] plutôt qu’à l’intérieur du cerveau« , explique Nigel Bunnett, chercheur au NYU Pain Research Center à l’origine de cette nouvelle étude.

Pour tester leur théorie, les scientifiques ont réalisé une expérience sur des souris caractérisées par la désactivation de ce récepteur CLR/RAMP1 dans les cellules de Schwann. Ils leur ont ensuite administré du CGRP. Chez ces souris dépourvues du récepteur, le CGRP n’a pas semblé causer de douleur – estimée par une sensibilité faciale. La même expérience a été réalisée chez des souris classiques, possédant le récepteur. Dans ce cas-ci, les sujets ont clairement montré des signes de douleur.

Lors d’une seconde expérience, les chercheurs ont cette fois-ci administré de la capsaïcine, une molécule présente dans les piments. La capsaïcine active la libération du CGRP et provoque généralement des douleurs. L’injection n’a pas non plus provoqué de douleurs chez les souris dépourvues du récepteur CLR/RAMP1.

Cela renforce donc l’idée que la relation entre CGRP et son récepteur participe bien à la formation de la migraine et plus largement au signal de douleur.

Comment l’info remonte au cerveau?

Comme expliqué ci-dessus, ce mécanisme se produit directement dans les nerfs. Mais comment l’information « douleur » est-elle transmise au cerveau? Selon l’étude, lorsque le CGRP se lie à son récepteur CLR/RAMP1 sur une cellule de Schwann, il se déplace dans une sorte de compartiment à l’intérieur de la cellule, appelé endosome. Il est alors isolé du milieu intracellulaire, mais émet encore son signal. Ce signal va alors activer un nouveau mécanisme: la production d’oxyde nitrique, un autre médiateur de la douleur. L’oxyde nitrique active un neurone adjacent et l’information de douleur remonte dans le cerveau.

De nouveaux traitements

Le CGRP est déjà la cible de plusieurs traitements: notamment l’injection d’anticorps qui l’empêchent d’interagir avec son récepteur ou des molécules qui bloquent le récepteur. Cette nouvelle compréhension de l’origine de la douleur a néamnoins donné aux chercheurs de nouvelles pistes pour traiter la migraine:

  • empêcher la protéine CGRP de pénétrer dans les endosomes,
  • cibler la protéine CGRP dans les endosomes grâce à des nanoparticules.

Une découverte qui intéresse déjà le National Institutes of Health(NIH), qui prévoit de multiplier les études sur les nanoparticules afin d’en vérifier l’efficacité et la sûreté avant de potentiels tests sur l’humain…

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