Médecin déchu, Didier Raoult se recycle dans la cosmétique de luxe… et dans le vent
Didier Raoult a dévoilé, il y a quelques semaines, son nouveau projet de carrière. Du moins, pour les deux années à venir. Le médecin déchu s’est lancé dans la cosmétologie avec Magnifiscience, une marque de produits de soins pour la peau qui lutteraient contre les signes visibles de l’âge. Ces crèmes à 75 euros pièce ne seraient pourtant pas à la hauteur de leurs promesses.
Interdit d’exercer par l’Ordre des médecins à partir du 1er février prochain, et jusqu’en février 2027, pour avoir enfreint plusieurs articles du code de la santé publique, le très controversé Didier Raoult a trouvé un moyen de rebondir. Dans une vidéo publiée sur sa propre chaîne YouTube, le plus fervent défenseur de l’hydroxychloroquine durant la pandémie s’est recyclé dans la cosmétologie avec «Magnifiscience».
Le médecin décrié et déchu justifie sa transition vers la vente de produits cosmétiques par son expérience au sein de l’Institut hospitalo-universitaire en maladies infectieuses (IHU) de Marseille, où il avait déjà eu «des rapport avec une société de cosmétologie» avec laquelle il aurait travaillé sur l’acné, «notamment sur les Demodex, de petits arthropodes», commente-t-il dans la vidéo de présentation de sa nouvelle marque, publiée début janvier, quelques semaines avant l’entrée en vigueur de son interdiction d’exercer en tant que médecin. Mais pas en tant que cosmétologue.
L’innovation a un prix: 75 euros les 60 ml
Comme le laisse présager son nom, la marque, créée par Didier Raoult et Nina Basri, présentée comme une experte de la cosmétologie et de la formulation de principes actifs – dont le CV en ligne ne fait pourtant nullement mention d’études scientifiques, tout au plus la création d’entreprises cosmétiques -, signe la rencontre entre la recherche scientifique et la beauté. Avec une vision commune: «Utiliser la science de pointe pour offrir des soins révolutionnaires à la peau», peut-on lire sur le site.
Une révolution cosmétique qui a un coût: 75 euros les crèmes anti-âge de jour et de nuit, pour un contenant de 60 ml. Sans qu’elle puisse être qualifiée de marque d’ultra-luxe, Magnifiscience se positionne clairement dans le haut du panier des produits de soin pour la peau, d’un point de vue coût.
Quant à son efficacité, vaut-elle aussi le haut du panier et les 75 pièces demandées pour ces produits tout juste nés? Pour répondre à cette question, il faut se pencher sur les ingrédients contenus dans ces crèmes dites «innovantes». Si, sur le site de la marque, il est fait mention de l’antipaludique préféré du Dr Raoult, la chloroquine, les deux produits en vente n’en contiennent pas. Ils contiennent en revanche des complexes plutôt obscures: le DRNB7 et le DRNB88, dont les vertus seraient, selon Magnifiscience, anti-âge, antioxydantes et régénératrices. Derrière ces acronymes composés des noms des deux fondateurs de la start-up, rien de plus qu’un cocktail d’actifs déjà connus des produits cosmétiques anti-âge, tels que des huiles, mais rien d’innovant non plus… contrairement à ce qu’avancent Didier Raoult et son associée.
Peu d’actifs anti-âge
Comme le note Laurence Coiffard, docteure en pharmacie, auprès de nos confrères du Point, la liste des ingrédients des deux crèmes, somme toute très semblables du point de vue de la composition, ne mentionne aucun des principaux actifs reconnus dans la lutte contre le vieillissement cutané que sont le rétinol, les peptides ou l’acide hyaluronique. Quant à ceux contenus dans les deux flacons, comme la vitamine C, ils sont a priori présents en de très faibles quantités. La concentration n’est pas suffisante pour lutter contre les signes visibles de l’âge sur la peau, souligne la spécialiste.
Les autres ingrédients, eux, ont soit, tout au plus, un effet lissant et visuel immédiat grâce aux silicones, mais n’aident pas réellement à lutter contre le vieillissement de la peau, soit ils sont potentiellement allergènes. C’est le cas du Benzyl Alcohol, un conservateur, du Tetramethyl Acetyloctahydronaphthalenes, un agent parfumant, ou des extraits d’oignon et d’ail (oui, oui).
Peut-être vaut-il mieux garder ses 75 euros?
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