Manger bio est-il plus sain ?
Un nombre croissant de consommateurs achètent de la nourriture bio, pour diverses raisons. Ce serait préférable pour la planète, mais aussi plus sain… Vraiment ?
La première question que l’on peut se poser, c’est de savoir si les aliments vendus comme « bio », le sont réellement… Concernant les produits alimentaires préemballés portant le label Biogarantie®, soyez tranquilles : ils sont soumis à une réglementation sévère sur le plan des méthodes de culture, des ingrédients et de la transformation en produit fini. Les labels bio étrangers tels qu’AB (France) et EKO (Pays-Bas) sont eux aussi contrôlés et décernés uniquement par des organismes officiels. Par ailleurs, des termes comme « biologique », « écologique » et « organique », ainsi que les abréviations « bio » et « éco », sont protégés par la loi, ce qui n’est pas le cas de termes comme « de ferme », « du terroir » ou « élevé au sol ». Un poulet élevé au sol n’est donc pas toujours bio. Un oeuf de ferme non plus !
Valeur nutritive
De plus en plus de gens achètent des produits alimentaires bio pour diverses raisons. Une des principales est la santé. Beaucoup de consommateurs partent du principe que les fruits, les légumes et autres plantes cultivés biologiquement sont plus sains que les autres. Est-ce bien le cas ? Des chercheurs américains indépendants ont récemment analysé (1) la littérature scientifique consacrée aux comparaisons entre alimentation bio et produits conventionnels. La valeur nutritive des deux catégories s’avérait en général similaire, à quelques exceptions près. Ainsi les aliments bio contenaient plus de phosphates que les aliments non-bio. Ce qui n’a guère d’effet sur la santé dans la mesure où la carence en phosphate est peu fréquente, y compris chez les personnes qui ont de mauvaises habitudes alimentaires. Le lait bio et le poulet bio contenaient un peu plus d’acides gras oméga-3 que les produits non-bio correspondants. Un plus certainement.
Composition variable
Une autre analyse approfondie de la littérature de l’Institut néerlandais Louis Bolk – institut international indépendant visant à promouvoir l’agriculture, l’alimentation et la santé durables – a également passé au crible un grand nombre d’études sur la qualité alimentaire, la sécurité et la santé de produits bio et en a tiré des conclusions assorties d’un score de certitude (2). Ils ont constaté que les légumes et les fruits bio affichent en moyenne des taux de vitamine C, d’autres antioxydants et de substances bioactives plus élevés. La teneur en protéines de céréales issues de l’agriculture bio est en général moins élevée que les produits issus de l’agriculture conventionnelle. La valeur nutritionnelle des produits bio semble cependant fortement influencée par le type de sol, les conditions météo, le moment de la récolte. Ils sont arrivés à une conclusion similaire concernant les produits laitiers bio : ils contiennent plus de vitamine E et de bêta-carotène, mais surtout durant l’été. L’impact des aliments donnés aux animaux semble plus grand que celui du système adopté (bio ou conventionnel). À l’instar de l’équipe scientifique américaine, les Néerlandais du Louis Bolk Instituut ont découvert que les produits laitiers contenaient davantage d’oméga-3 et d’acides gras ACL. Aucun d’eux ne souhaite toutefois tirer de conclusions générales concernant la qualité nutritionnelle de la nourriture bio par rapport aux produits non-bio.
Moins de contaminants
Les consommateurs partent aussi du principe que les produits bio contiennent moins de résidus de pesticides et d’autres contaminants, ce que les scientifiques confirment en grande partie. Logique, puisque l’agriculture bio n’y a pas recours. Les produits non-bio contiennent donc plus de résidus de pesticides, mais leur quantité dépasse rarement les maxima autorisés. Ces différences n’ont de ce fait pas d’effets mesurables sur la santé, du moins pas en cas d’usage normal. Le taux de nitrate des plantes biologiques est généralement plus bas. Les produits animaux bio ne sont pas plus souvent contaminés que les autres par des germes pathologiques tels que la salmonelle, mais selon certaines indications, la bactérie Campylobacter, cause majeure de diarrhée infectieuse, est un peu plus fréquente chez les animaux bio. En revanche, les bactéries que l’on rencontre chez les animaux non-bio sont plus souvent résistantes aux antibiotiques. Dans le secteur bio, on utilise nettement moins d’antibiotiques. Quant à savoir si cela a un impact sur la résistance aux antibiotiques chez l’homme, on n’en est pas encore tout à fait certain mais on ne peut qu’applaudir à moins de résistance aux antibiotiques – y compris chez les animaux. De nombreuses études montrent enfin que les oeufs de poules en liberté chez les particuliers contiennent plus de dioxines. Moins de pesticides et d’anti- biotiques, c’est mieux pour la planète… et un atout incontestable de la nourriture biologique !
Et pour la santé ?
Les différences constatées en matière de vitamines, acides gras, protéines, minéraux et contaminants n’ont cependant pas d’impact évident sur la santé. Il n’empêche que la consommation de produits bio est mise en relation avec des effets sur le système immunitaire, les allergies notamment. Une étude épidémiologique a fait état d’une diminution du risque d’eczéma chez les enfants qui ne buvait que du lait bio (3), alors que d’autres études passées en revue par l’équipe américaine (1) révélaient que les enfants qui mangent surtout des aliments bio ne développent pas moins d’allergies que les autres.
Selon certaines indications, les consommateurs bio sont moins confrontés à l’obésité et sont en moyenne plus maigres, ce qui serait plutôt un effet indirect du fait que ces consommateurs sont plus attentifs à leur santé. En conséquence, les adeptes du bio courraient moins de risque de maladies cardiovasculaires et de cancer. Les études à ce sujet sont pour le moment très rares.
Les produits bio sont donc sains, mais pas vraiment plus sains que leurs correspondants non-bio. Ils sont plus coûteux, moins nocifs pour l’environnement, plus respectueux des animaux et souvent aussi plus goûteux. Ils s’inscrivent parfaitement dans un style de vie sain, mais il est possible aussi de manger sain en dehors de l’offre bio. Une pomme non-bio est toujours plus saine qu’un biscuit bio et une salade, bio ou non, est meilleure pour la santé qu’une pizza bio. La santé est avant tout déterminée par le choix des produits et beaucoup moins par la manière dont ces produits ont été cultivés ou élevés.
Par Marleen Finoulst
30 % plus chers
Quelque 18 % des Belges sont de fréquents acheteurs bio, autrement dit achètent du bio au moins tous les 10 jours. Les produits bio les plus achetés sont les fruits et les légumes, suivis des produits laitiers, du pain et de la viande. La série est complétée par les substituts de viande bio.
Les produits bio coûtent en moyenne un tiers de plus que les produits habituels. Ce sont les oeufs et le poulet qui affichent la plus grande différence. Un oeuf bio coûte près de deux fois plus cher qu’un oeuf normal. Un poulet bio coûte trois quarts du prix en plus qu’un poulet standard. Les burgers de légumes bio présentent la plus petite différence de prix (+7 %). L’évolution de cette différence de prix varie d’un produit à l’autre. Pour le lait demi-écrémé, le fromage, les tomates, le burger végétarien, la côtelette de porc et le pain, la différence de prix s’amenuise d’année en année. Pour le poulet et les oeufs, la différence s’est accrue. Le pain bio est en moyenne 25 % plus cher que sa variante non-bio et cette différence de prix reste quasi stable.
Source : Consommation et distribution de produits biologiques en 2011. GfK Panelservices Benelux
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