L’homéopathie est-elle vraiment dangereuse ?
Test-Achats a classé 84% des médicaments homéopathiques parmi les produits « inefficaces » et 16% « à déconseiller ». Faut-il les interdire à la vente ? La réponse d’un pharmacologue.
Le journal flamand De Morgen a posé la question suivante au professeur Thierry Christiaens, pharmacologue à l’Université de Gand : « Les remèdes homéopathiques peuvent-ils vraiment être dangereux pour la santé?« , comme l’atteste l’association de défense des consommateurs Test-Achats cette semaine.
« Il y a un danger indirect, quand on ne suit pas un médicament ou un traitement suffisamment prouvé parce que l’on s’appuie sur un remède homéopathique. La drogue elle-même n’est pas dangereuse. Si l’homéopathie a un mérite, c’est bien d’être inoffensive. La dilution du produit est si grande que vous ingurgitez de l’eau « , répond le spécialiste.
Le professeur Thierry Christiaens explique qu’il existe deux groupes dans le monde homéopathique. Les homéopathes cliniques qui sont des médecins de formation classique. Ces derniers réalisent un diagnostic traditionnel – par exemple, une bronchite – et choisissent de prescrire un remède homéopathique au lieu d’un inhibiteur de fièvre. À côté de ces médecins, on trouve des homéopathes qui s’appuient totalement sur le fondateur de l’homéopathie, Samuel Hahnemann. Cet homme (1755-1843) avait, comme c’était courant à l’époque, sa propre doctrine de la maladie et sa propre causalité. Ils ne savaient rien de la biochimie, ne savaient pas comment un foie, une thyroïde, ou les hormones fonctionnaient ni ce qu’était une bronchite. Entre ces deux types d’homéopathes, il y a donc d’importantes différences, autant dans la formation suivie que dans la manière dont ils vont traiter les patients.
Attention aux vitamines et compléments alimentaires
Le professeur rappelle ici l’importance d’enregistrer les thérapeutes homéopathes. « Pour que nous sachions qui ils sont, ce qu’ils font, quelle formation ils ont, etc. parce que dans ce groupe unitaire, il y a des gens qui s’appellent homéopathes après une courte formation, mais qui s’appellent eux-mêmes homéopathes. »
Le journal s’interroge ensuite: « Ne devrions-nous pas simplement interdire la vente de remèdes homéopathiques ? »
Ce à quoi Thierry Christiaens répond : « Il y a une forte demande, c’est devenu un important business, avec ses propres entreprises. Mais si vous l’interdisez, on va dire que c’est une prise de pouvoir du système médical. Comme je l’ai dit : l’homéopathie est inoffensive, tant que les personnes gravement malades n’arrêtent pas leur traitement pour une approche exclusivement homéopathique. Si la méthode de préparation a été effectuée correctement, donc avec ces dilutions incroyables, nous ne devrions pas nous inquiéter que ces remèdes homéopathiques affaiblissent ou attaquent le système immunitaire. Le plus important, c’est que nous gardions un oeil sur ces personnes et ces produits, car s’ils sont interdits, on aura moins de visibilité dessus« .
Ce qui est, par contre, beaucoup plus risqué selon lui, ce sont les vitamines et les compléments alimentaires. Le pharmacologue attire l’attention sur les risques liés à l’offre abondante de vitamines et de compléments alimentaires. Il explique en effet qu’il y a beaucoup moins de contrôles sur les énormes quantités de compléments alimentaires en Europe. « Il suffit d’acheter un numéro européen en Italie et c’est bon, vous intégrez le marché européen, avec à peine de contrôle. Allez voir chez Kruidvat l’offre proposée, alors que ces produits ne servent à rien. «
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