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L’heure du repas du soir a-t-elle une influence sur la santé?

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

Faut-il vraiment laisser passer deux heures entre son dernier repas et le moment de se coucher ? Pas nécessairement, selon une nouvelle étude.

Selon la croyance populaire, il convient de laisser au moins deux heures entre son dernier repas de la journée et son heure de coucher. On pense en effet que manger peu de temps avant de dormir peut avoir un effet néfaste à long terme sur le bien-être et la santé.

Des études contradictoires

En 2016, une étude publiée dans la revue British Journal of Nutrition rapportait que les personnes qui sautaient des repas, mangeaient sur le pouce ou tard le soir étaient en moins bonne santé que les autres. Les chercheurs mettaient notamment en garde contre les modes de vie modernes, qui conduisent les gens à manger plus tard dans la journée, ou à intervalles irréguliers. Une irrégularité qui, selon eux, perturbe le rythme circadien et entrave la digestion. L’an dernier, des chercheurs espagnols déclaraient que le fait de prendre son dîner plus tôt, ou de laisser un intervalle d’au moins deux heures avant le coucher diminuait le risque d’avoir un cancer du sein et de la prostate. Les résultats ont montré que les participants qui patientaient au moins deux heures après leur dîner avant d’aller se coucher enregistraient un risque abaissé de 20% de cancer en comparaison avec les sujets qui allaient immédiatement se coucher après le repas. « Tout semble indiquer que les horaires de sommeil affectent notre capacité à métaboliser les aliments », assuraient-ils.

Au Japon par exemple, il est recommandé à la population de dormir plus de deux heures après le repas du soir au moins trois fois par semaine. Mais une nouvelle étude scientifique, publiée dans la revue BMJ Nutrition, Prevention and Health, remet en doute cette pratique. Des chercheurs de l’Université d’Okayama au Japon déclarent aujourd’hui qu’il est peu probable qu’un écart entre les deux évènements ait un réel impact.

Autres facteurs

L’équipe a analysé les données recueillies entre 2012 et 2014 auprès de 1573 adultes en bonne santé dans l’ouest du Japon. Les chercheurs ont évalué les régimes alimentaires du groupe, ainsi que d’autres facteurs liés au mode de vie comme le poids, la vitesse à laquelle ils mangent, l’activité physique qu’ils pratiquent et s’ils fument. Ils ont également surveillé leurs taux de HbA1c, qui indiquent les taux de glycémie des individus sur une période de deux à trois mois.

Bien que les taux moyens aient légèrement augmenté au long de l’étude, les chercheurs ont conclu que laisser au moins deux heures entre le repas et le coucher avait très peu d’effet sur cette hausse. Ils ont par ailleurs constaté que d’autres facteurs liés au mode de vie, comme la tension artérielle, l’activité physique et la consommation excessive d’alcool, avaient une incidence plus importante sur la glycémie. Pour l’équipe de chercheurs, il n’est donc pas utile de se focaliser sur l’heure de coucher, mais il convient plutôt d’encourager les gens à adopter un mode de vie plus équilibré. « Contrairement à la croyance générale, le fait d’observer un court intervalle entre le dernier repas de la journée et l’heure du coucher n’a pas eu d’effet significatif. Il faut accorder plus d’attention aux portions saines et aux composants alimentaires, dormir suffisamment et éviter de fumer, de consommer de l’alcool et d’avoir de l’embonpoint, car ces variables ont une influence profonde sur le processus métabolique », concluent-ils.

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