consommation excessive sucre
skull made of sugar cubes with a broken tooth. Concept of tooth decay.

Les vraies conséquences d’une consommation excessive de sucre

Anouche Nicogossian

Sous forme de biscuits, de boissons ou même de fruits, le sucre affole les papilles gustatives de bon nombre de personnes. Mais gare à une consommation excessive qui peut avoir d’importantes conséquences…

Alors qu’elle s’élevait à sept ou huit kilos par an et par personne début du XXe siècle, la consommation de sucre peut atteindre 85 kilos par an et par personne aujourd’hui. Face à cette croissance de consommation, les professionnels de la santé continuent d’insister sur les effets d’une consommation excessive de sucre. C’est le cas de Vincent Leroy, diététicien nutritionniste.

Les effets cérébraux

Manger du sucre délivre des molécules du plaisir. «Le sucre est indispensable à la vie, comme si chaque être humain avait une attirance physiologique pour lui. Donc, très vite, tout se développe pour qu’il y ait une prise alimentaire qui se répète», expose Vincent Leroy. Avec le risque de développer alors une attitude de dépendance pour ces molécules de plaisir. Et il est bien connu que l’excès est nocif.

Les effets buccaux

Le sucre a un pouvoir cariogène: les bactéries s’en nourrissent, menacent l’émail des dents, participent à la formation de plaque dentaire et, in fine, de caries. Ce qui n’est pas le cas d’un chewing-gum sans sucre, par exemple. La solution de Vincent Leroy? Modérer sa consommation de sucre et se laver les dents régulièrement.

Les effets sur les organes du ventre

«Chez certaines personnes, la consommation excessive de sucre peut entraîner une augmentation de l’acide chlorhydrique», explique le diététicien. Autrement dit, cela peut donner le «brûlant». Si l’acidité se répète, cela peut irriter l’estomac et entraîner une gastrite.

Les excès de sucre peuvent également mener à des épuisements pancréatiques. Le pancréas a une mort cellulaire programmée. «Surconsommer du sucre toute sa vie, c’est sursolliciter son pancréas et donc, faciliter son épuisement, poursuit-il. Les personnes au pancréas totalement épuisé risquent alors de développer du diabète

Au niveau du foie, une consommation excessive de sucre peut entraîner une surproduction de graisses, appelées triglycérides. Les triglycérides sont les graisses du sang, dépendantes du sucre et de l’alcool: «A force de manger trop de sucre, les personnes prédisposées en particulier vont produire trop de triglycérides. Celles-ci vont infiltrer le foie et peuvent alors entraîner du foie gras», développe Vincent Leroy. Si ce foie gras n’est pas traité, une cirrhose peut se manifester (c’est la «NASH», la cirrhose non alcoolique, reliée à la surconsommation de produits sucrés ou de sodas).

Les effets sur la peau

La surconsommation de sucre ne se limite pas à ses effets métaboliques: elle peut aussi se refléter sur la peau. «L’insuline libère une hormone qui favorise les réactions inflammatoires, notamment au niveau cutané. Cela peut accentuer l’apparition d’acné», explique Vincent Leroy.

Les maladies cardiovasculaires

Les triglycérides ne concernent cependant pas que les personnes prédisposées puisque «consommer trop de sucre peut augmenter dans l’immédiat les triglycérides et ce, pour tout le monde. Parfois, avec congestion du foie, parfois avec d’autres risques», précise le diététicien. Les triglycérides sont des épaississants sanguins, qui augmente le risque de maladies cardiovasculaires.

Le surpoids et l’obésité

Manger du sucre sous forme de glucose libère de l’insuline. L’insuline est responsable de tous les stockages: elle favorise le stockage du sucre au niveau du foie et des muscles ainsi que la transformation du sucre en graisses (les triglycérides) et enfin, la pénétration de la graisse dans la cellule adipeuse. «Pour toute personne qui ne porte pas de gène de la maigreur, cela peut entraîner du surpoids, voire de l’obésité», résumé le diététicien. Pour éviter tout risque, il est donc recommandé de ne pas manger plus de deux fruits par jour (qui contiennent du glucose et du fructose, qui augmentent tous les deux les triglycérides). Le glucose est nécessaire de façon régulière pour maintenir l’état d’éveil, la vigilance, les fonctions cognitives. Il faut donc trouver le bon compromis.

C’est pour cette raison que la notion de biodisponibilité, utilisée en nutrition, est essentielle: «Elle renvoie à l’index glycémique qui détermine la vitesse à laquelle le corps va assimiler le sucre et donc entraîner un stockage plus ou moins important de graisses», explique-t-il. Il faut tenir compte de cette biodisponibilité pour avoir une meilleure idée des quantités à ingérer selon l’organisme.

L’hyper et l’hypoglycémie

Après un repas copieux, quand la glycémie augmente vite et beaucoup (hyperglycémie), il peut y avoir des facteurs de somnolence. Cela est également le cas quand on n’en mange pas assez (hypoglycémie). L’hyperglycémie entraîne également de la fatigue, une soif importante et un besoin d’uriner plus fréquent. «Le corps peut aussi faire une hypo réactionnelle, c’est-à-dire qu’il réagit au fait d’avoir mangé trop de sucre», expose Vincent Leroy. Les symptômes peuvent être de la fatigue, des maux de tête voire des migraines, des vertiges, des difficultés pour se concentrer, des troubles de la vue…

Tous les sucres ne se valent pas

Entre sucre raffiné, sucre naturel et édulcorants, difficile de s’y retrouver. Le nutritionniste Vincent Leroy fait le point. «Le sucre naturel est celui qui n’a pas été ajouté par l’homme. Il est présent à l’état brut, comme le fructose dans les fruits ou l’amidon dans les pâtes», explique-t-il. A l’inverse, le sucre raffiné est un sucre transformé industriellement, auquel on a retiré certains composants, comme les minéraux ou les vitamines. Une transformation qui n’en réduit pourtant pas l’apport calorique, précise le spécialiste.

Pour repérer les sucres ajoutés, Vincent Leroy recommande de scruter les étiquettes. «Il faut regarder les sucres totaux. Parmi eux, l’indication “dont sucres” désigne la part de sucre ajoutée à la préparation», détaille-t-il.

Quant aux édulcorants, ce sont des molécules au pouvoir sucrant, mais dépourvues de véritable sucre. «Ils apportent du goût, mais pas de calories», souligne encore le nutritionniste.

Limiter les envies de sucre

Vincent Leroy suggère de ne pas surconsommer les édulcorants qui créent une addiction mentale au fait de reproduire le goût sucré. «Manger trop de sucre artificiel nous maintient accro à la saveur sucrée générale. Le mieux est donc de consommer des aliments les plus naturels possibles sans sucre ajouté et habituer son palais à cela: des fruits, des légumes comme des carottes, des produits laitiers ou des oléagineux», conseille-t-il.

Le nutritionniste met également en garde contre les mécanismes de dépendance liés au sucre. Selon lui, un arrêt brutal ou mal encadré peut entraîner un effet rebond. «Le danger, c’est que le sucre soit utilisé comme récompense après un régime strict. Cela peut réactiver le circuit de l’addiction et relancer la consommation de manière incontrôlée», prévient-il. D’où l’importance, selon lui, d’adopter une approche progressive et encadrée: «Il faut rester vigilant face à cette molécule, qui agit directement sur le système de récompense du cerveau.»

Pour Vincent Leroy, le meilleur conseil reste le plus simple: réduire sa consommation. «En manger moins permet de limiter la dépendance et de briser le cercle vicieux du circuit de récompense» , affirme-t-il. Un changement qui commence dès les courses: «Tout se joue au supermarché. Moins on achète de produits sucrés, moins on en a sous la main à la maison», ajoute le nutritionniste.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire