Covid: les sous-variants BA.4 et BA.5 dominent mais inquiètent moins
Les derniers descendants d’Omicron font grimper les chiffres mais les infections qu’ils provoquent ne sont pas plus sévères. Une caractéristique qui devrait limiter leur impact sur notre système de soins de santé.
Les sous-variants BA.4 et BA.5 sont significativement plus contagieux – de l’ordre de 10% – mais provoquent une infection moins sévère que leur prédécesseur dominant jusqu’il y a peu, le BA.2. Mi-mai, BA.4 et BA.5 ne représentaient que 1% des contaminations enregistrées. Aujourd’hui, c’est plus de la moitié. C’est cette contagiosité plus forte qui explique que tant les infections que les hospitalisations repartent à la hausse.
A la hausse, à la baisse : les courbes des contaminations ne sont jamais linéaires. Quand faut-il dès lors s’inquiéter d’une augmentation des cas de Covid19 comme celle observée au cours de ces derniers jours? Et que faut-il penser de la progression en Belgique de ces deux nouveaux sous-variants?
Une hausse significative?
Les chiffres que livre Sciensano ce mardi font état d’une moyenne de 1.878 nouvelles infections détectées quotidiennement entre le 4 et le 10 juin, soit une hausse de 19% par rapport à la semaine de référence précédente. Le nombre de cas positifs n’est pas forcément révélateur de la gravité de la situation étant donné que pour la même période, on a également réalisé plus de tests (10.200 par jour en moyenne).
« On constate clairement une pénétration de ces nouveaux variants dans la population européenne et une reprise des contaminations qui peut aussi être associée à un relâchement par rapport aux gestes barrières. Beaucoup de gens tombent malades ou ressentent des symptômes grippaux mais ils restent chez eux et ne se font pas tester. Or, il s’agit bien du Covid », expose Yves Coppieters, professeur de santé publique à l’ULB. Quant aux autotests, ils s’avèreraient moins fiables avec BA.4 et BA.5 qu’ils ne l’étaient avec BA.2. « En fait, les gens qui se font tester aujourd’hui sont surtout les personnes fragiles ou celles qui voyagent ». Un constat qui, en soi, n’est pas problématique, évalue-il encore, tant que nous sommes sous Omicron. « Aujourd’hui le testing devrait être réservé aux personnes fragiles et à celles qui développent une forme grave. Ceux-là doivent vraiment continuer à le faire« .
Le nombre de patients admis dans les hôpitaux, ainsi que le taux de reproduction, sont de meilleurs indicateurs de l’impact du Covid sur notre système de santé. Et ils sont en progression. Entre le 7 et le 13 juin, une moyenne de 60 admissions a été enregistrée (contre 53% pour la période précédente), ce qui représente une hausse de 15%. Au total, 889 patients occupent aujourd’hui des lits d’hôpitaux (+1%) mais ils ne sont plus que 62 dans les unités de soins intensifs (-6%) . La moyenne des décès reste par contre relativement stable : entre 5 et 6 par jour. Quant au taux de reproduction, estimé sur la base des hospitalisations, il est de 1,099 pour la période citée. Or, on sait qu’au-delà de 1, la circulation du virus s’accélère.
Sous-variants BA.4 et BA.5: faut-il s’en inquiéter ?
On l’a dit: les variants BA.4 et BA.5 se transmettent plus facilement mais ils ne déclenchent pas d’infections plus sévères. « Les hospitalisations sont effectivement plus nombreuses mais elles restent proportionnelles au nombre de cas. Il s’agit de personnes plus fragiles qui tombent malade en raison de cette contagiosité plus importante, analyse Yves Coppieters. Par ailleurs, il ne faut pas oublier que la stratégie vaccinale est au repos et que notre immunité diminue. Il faut rester vigilants, même en ce qui concerne les personnes qui sont déjà vaccinées ». Une quatrième dose pour tous nous mettrait-elle à l’abri d’une nouvelle vague ? « Je ne pense pas que formuler des messages généralistes serve encore à grand-chose. D’autant que tout le monde n’a pas été vacciné au même moment, que beaucoup de gens ont déjà contracté la maladie et qu’ils bénéficient en plus d’une immunité naturelle tandis que d’autres restent fragiles. Donc ce qu’il faut aujourd’hui, ce sont des conseils et une dynamique de prévention adaptés à chacun ».
« On n’est certainement pas à un stade où il faut prendre des mesures collectives, abonde le virologue Steven Van Gucht. On pense que la hausse des chiffres est principalement due au fait que les deux variants, BA.4 et BA.5 sont devenus dominants. Surtout BA.5 qui sera de plus en plus important dans les semaines à suivre et qui va en quelque sort prendre le relai. Je ne suis pas terriblement inquiet : il est peu probable que cela représente une charge excessive pour notre système de soins de santé. On peut aussi compter sur le fait qu’une immunité partielle acquise par la population la protège contre les contaminations plus sévères ». Ce qui rassure également le chef du service maladies virales chez Sciensano, c’est la situation épidémiologique en Afrique du Sud, où les deux nouveau sous-variants ont été découverts, ainsi qu’au Portugal où BA.5 a déjà beaucoup circulé. « Le nombre d’infections est très vite monté mais les conséquences pour le système de soin de santé sont restées limitées. Au Portugal, les admissions ont presque doublé mais on partait d’un nombre très bas. C’est ça qui est différent aujourd’hui avec Omicron : on a beaucoup plus de marge et les augmentations ne sont pas excessives».
Le risque d’un variant plus virulent est-il écarté ?
Malheureusement, non, tranche Steven Van Gucht. « La point positif, c’est qu’on reste dans la famille des Omicron : on a eu les enfants et maintenant les petits-enfants. On note une évolution mais graduelle et davantage sur la longueur. Je serais nettement plus inquiet si nous étions confrontés à un nouveau variant. Dans ce cas, il faudrait voir ce que cela implique au niveau de l’immunité croisée, des éventuelles complications pour les malades, etc. Je dirais donc qu’on va dans la direction d’une situation endémique mais tant que le virus continuera à circuler l’été, et pas uniquement l’hiver comme le fait la grippe, ce ne sera toujours pas le cas ».
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