Les seniors en vélo électrique sont-ils vraiment dangereux ?
Le vélo électrique va vite. Tant littéralement qu’au niveau des ventes. Mais la sécurité ne suit pas et, à cet égard, on épingle facilement les « personnes âgées qui ne maîtrisent pas leur monstre électrique ». La réalité est plus nuancée. En tous les cas pour les accidents où seul le cycliste est impliqué.
L »hypothèse affirmant que les accidents avec des vélos électriques sont majoritairement dus à des personnes âgées qui ne contrôlent pas leur engin rapide ne tient pas la route. C’est ce qu’il ressort d’une grande étude suisse publiée dans Accident Analysis & Prevention (téléchargement libre).
Les Suisses ont notamment examiné le critère d’âge : il ne joue aucun rôle. Le nombre d’accidents avec des vélos électriques était proportionnellement réparti sur tous les âges.
La cause ne peut également pas être un manque d’expérience. Les trois quarts des cyclistes à vélo électrique avaient une large expérience avec des vélos ordinaires, des vélomoteurs ou des motos et presque 6 sur 10 utilisaient encore ceux-ci régulièrement. Seule 1 victime sur 10 a admis qu’un manque d’expérience a pu jouer un rôle dans leur accident.
Celui qui pense que les vélos électriques rapides (ou speed pedelec) sont plus souvent impliqués dans un accident que les lents se trompe également. Aucune différence n’a été trouvée dans les accidents entre les vélos électriques qui offrent une assistance au pédalage jusqu’à 25 km/h et les speed pedelecs qui font jusqu’à 45 km à l’heure.
L’étude suisse est convaincante, notamment parce que, avec 3658 descriptions détaillées d’accidents, elle est de loin la plus grande étude en son genre jusqu’à présent.
Quasi aucune différence avec le vélo ordinaire
Quels sont alors les importants facteurs d’accident cités par les usagers de vélos électriques suisses ? Ils ont glissé à cause de feuilles ou d’autres saletés sur la chaussée, ont été déséquilibrés par des nids-de-poule ou des nervures dans le revêtement de sol, ont été coincés dans des rails de tram. Des collisions avec des obstacles sur ou à côté de la route, des pertes d’équilibre au démarrage ou en phase d’arrêt (donc à faible vitesse). Un revêtement de sol en mauvais état, un mauvais freinage ou trop puissant, une vitesse inadaptée, l’alcool et une mauvaise évaluation des comportements des autres usagers de la route.
Cela vous semble familier ? Probablement, puisque quasi tout cycliste a déjà fait une chute dans de telles circonstances. Que vous rouliez à ce moment-là avec un vélo électrique ou un vélo classique, cela ne fait aucune différence. Quasi 80% des usagers de vélos électriques suisses ont admis qu’il leur serait probablement arrivé la même chose avec un vélo ordinaire. Il devient dès lors évident que nous ne devons pas exagérer le danger des vélos électriques.
Pour toute clarté, reprécisons que l’étude suisse a tenu uniquement compte des accidents où seul le cycliste lui-même était impliqué, donc un seul véhicule. Les collisions avec d’autres véhicules ou usagers de la route en ont été exclues, mais celles avec des obstacles sur ou le long de la route ont bien compté.
La vitesse cause des blessures plus graves
Environ 1 cycliste interrogé sur 3 (34%) avait déjà eu un accident avec un vélo électrique. La moitié de ceux-ci (17%) étaient des accidents impliquant un seul véhicule. Seuls 8% étaient des collisions avec d’autres usagers de la route, comme des voitures, des cyclistes et des piétons.
Les femmes, les personnes âgées et les cyclistes à vélo électrique (avec une assistance au pédalage jusqu’à 25 km/h) qui disent d’eux-mêmes qu’ils sont en moins bonne forme physique que la moyenne courent un plus grand risque de blessures sérieuses en cas d’accident. Cela vaut aussi pour ceux qui roulent avec un speed pedelec, une conséquence logique de la vitesse plus élevée.
Celui qui roule beaucoup, par exemple vers le travail ou l’école, court également un risque plus grand lors d’un accident, mais ce n’est pas plus que normalement et cela n’a rien à voir avec le moteur électrique. Les navetteurs roulent souvent par mauvais temps, aux heures de pointe, dans l’obscurité, des circonstances où le risque d’accident est plus élevé pour n’importe quel usager de la route. Ce n’est également pas un hasard si, parmi les usagers de vélos électriques suisses, les ‘touristes’ ont présenté un profil d’accidents nettement inférieur.
La vérité ultime ?
Les usagers de vélos électriques ont-ils davantage d’accidents que les cyclistes ordinaires ou pas ? Cette étude suisse ne fournit pas d’éclaircissement à ce sujet et il est également très difficile de se prononcer avec certitude.
En premier lieu du fait qu’énormément d’accidents à vélo ne sont jamais notifiés et ne sont dès lors enregistrés dans aucune statistique officielle. En outre, lors de l’enregistrement, on ne tient presque jamais compte du type de vélo.
Ensuite, les enregistrements sont souvent soumis à de sérieuses distorsions du fait que les accidents avec de sérieux dommages corporels ou matériels sont plus rapidement inclus dans les statistiques que les dommages légers. Lorsque, par votre propre distraction, vous atterrissez dans le fossé avec un minimum de dégât au corps et au vélo, vous n’allez pas à la police pour faire une déclaration. Vous les entendez déjà rire, au bureau de police. Mais si votre vélo électrique rapide, chèrement payé, a été réduit en morceaux par un chauffeur brutal ou si vous atterrissez aux urgences à moitié mort, les choses se présentent différemment. Dans ce cas, la paperasserie est mise en route.
Oui, je vous entends déjà dire, mais cette enquête suisse ne concernait-elle pas exclusivement des accidents impliquant un seul véhicule ? Elle ne relate donc rien des collisions avec des voitures, des piétons et d’autres usagers de la route, de telle sorte que nous n’avons aucune information à ce sujet ? Très juste, mais quelques remarques s’imposent à cet égard.
Les descriptions des accidents ont été faites par les cyclistes eux-mêmes et nous supposons que cela s’est déroulé de manière fidèle. Nous pouvons aussi supposer que le comportement sur la route de chaque cycliste présente un profil de risque spécifique et que celui-ci s’applique dans toutes les circonstances. Et donc que lors d’accidents avec d’autres usagers de la route, cela ne différerait pas des accidents impliquant un seul véhicule. En outre, ces cyclistes ont admis qu’il leur serait probablement arrivé la même chose avec un vélo ordinaire.
Selon cette étude, il s’avère donc que le nombre et le type d’accidents avec des vélos assistés par l’électricité ou avec des vélos ordinaires ne diffèrent probablement pas. Mais le vélo électrique est encore relativement jeune et attire encore davantage l’attention. Il est plus au premier plan et toute nouvelle information à son sujet se voit donc amplifiée. En outre, notre cerveau primitif est constamment à la recherche de réactions de cause à effet et il considère immédiatement la vitesse plus élevée que vous pouvez atteindre avec un vélo électrique comme la cause probable de tout accident. L’étude suisse démontre que ce n’est pas le cas et que le vélo électrique ne constitue probablement pas un risque plus grand sur la route que le vélo ordinaire. Seule une étude sérieuse peut finalement nous apporter de la clarté à ce sujet. Assez de rumeurs de comptoir.
Comment faire baisser le nombre d’accidents ?
Les cyclistes suisses ont ouvertement cité des fautes personnelles comme cause du crash, comme le fait d’avoir roulé trop vite ou trop proche du bord de la piste cyclable, avoir voulu être trop pressé, freiné trop sauvagement, etc.
Mais ils soulignent également les lacunes de la route, comme la saleté, les gravats, les feuilles, les trous et les bosses, un revêtement routier glissant (verglas et neige), des virages trop courts, des pistes cyclables trop étroites, des situations de trafic confuses, etc.
Les autorités ont donc une tâche importante par rapport à ce qui précède. Un aménagement correct et un entretien sérieux sont dans ce contexte essentiel et sur ces deux points, notre pays affiche un score affligeant. Les deux roues sont, du fait de leur équilibre instable, beaucoup plus sensibles au mauvais état de la route. Balayer régulièrement cailloux, gravats, poussière et feuilles, déneiger et dégivrer sont des aspects cruciaux.
Les pistes cyclables doivent également être suffisamment larges, les virages adaptés à la vitesse et non l’inverse, car si le cycliste à vélo électrique doit s’adapter à un réseau cyclable mal tracé, cela n’a plus de sens d’investir dans un speed pedelec. L’exigence de la ligue des cyclistes flamande (Fietsersbond) notamment et d’autres groupements d’usagers d’accélérer les investissements dans les infrastructures cyclistes et pour des routes cyclables sûres entre le domicile et le travail est dès lors parfaitement justifiée.
Les cyclistes pourraient bien sûr éviter pas mal de malheur en prenant conscience de leur vulnérabilité. Mais les gens sont ainsi. Nous prenons chaque jour des risques parce qu’être trop prudent, ce n’est pas toujours ce qu’il y a de mieux. Vous devez bel et bien pouvoir affronter n’importe quoi et même si vous optez pour la prudence, la malchance peut toujours vous prendre par surprise. Quoi qu’il en soit, 45 kilomètres par heure sont une vitesse adaptée et la masse plus lourde du vélo électrique est une chose à laquelle on doit s’habituer. C’est pourquoi une formation lors du premier achat d’un speed pedelec n’est pas une mauvaise idée.
Des freins ABS, pour le vélo aussi
Bosch a conçu, en partenariat avec le spécialiste des systèmes de freinage allemand Magura, un système ABS pour vélos électriques. Ce système antiblocage des roues veille à ce que la roue avant, d’où part le plus grand effet de freinage, ne bloque pas en cas de freinage puissant. Cela empêche surtout que la roue avant glisse, ce qui entraînerait la perte de contrôle de votre vélo ou une chute.
Le système de freinage ABS devrait être mis en vente l’année prochaine. Il est uniquement adapté aux vélos électriques, car vous avez besoin d’électricité pour piloter le système. Et cela entraîne un coût important.
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